Dans son examen annuel de la conjoncture canadienne, parue en décembre, le Fonds monétaire international signale la vulnérabilité de l’économie canadienne face aux menaces actuelles, tant au pays qu’à l’étranger. Face à une économie mondiale instable, le principal défi du Canada serait l’endettement des ménages, à un sommet sans précédent, et le marché immobilier, en pleine surchauffe.
Le FMI calcule que les prix des logements étaient d’environ 10 pour cent supérieurs à ce qu’ils devraient être en théorie au pays, et même davantage dans certaines provinces (en Colombie-Britannique et en Ontario, et dans une moindre mesure au Québec). Les économistes du FMI estiment qu’une correction de 15 pour cent des prix pourrait se traduire par une réduction de 1,5 pour cent de la consommation privée ainsi qu’une baisse du PIB d’un demi-point. Bref, nous dit le FMI, l’économie canadienne est en train de ralentir.
Or, que fait le gouvernement Harper ? Il salue la publication de l’examen annuel du FMI parce que celui-ci appuie fermement l’engagement du gouvernement à rétablir l’équilibre budgétaire à moyen terme. C’est effectivement vrai que le rapport du FMI appui la politique canadienne de relance, en particulier les politiques monétaires et fiscales. Mais je ne suis pas sûr que cet affidavit inclut les politiques budgétaires, en tout cas sûrement pas les décisions récentes de coupure massive des dépenses. Bien au contraire, le message que la DG du FMI cherche à faire passer depuis quelque mois est plutôt de ne pas réagir avec excès dans le contexte actuel.
Christine Lagarde s’est récemment dite « à peu près certaine » que les prévisions de croissance mondiale pour 2012 seraient révisées à la baisse, en raison notamment de la crise dans la zone euro. « La menace immédiate est simple : elle est celle d’un engrenage pernicieux, une espèce de cercle vicieux marqué par une détérioration de la confiance, une aggravation de l’instabilité des marchés financiers et l’accumulation de dettes publiques qui sont bien souvent insoutenables (…): ces menaces sont autant de facteurs qui concourent à un affaiblissement inexorable de la croissance », a-elle-souligné. Pour des pays comme le Canada, dont l’examen annuel souligne la bonne tenue des finances publiques, il n’y a pas lieu de procéder à des coupures qui nuiraient à la confiance des ménages, alourdiraient leur endettement, ce qui pourraient, à terme, provoquer une explosion de la bulle immobilière.
Justement, le Conference Board du Canada a souligné en décembre que son indice de confiance des consommateurs était revenu à son niveau observé au coeur de la récession de 2008-2009. Le recul de décembre est le plus prononcée dans le segment « projets d’achats », ce qui présage un repli des dépenses de consommation en 2012. Dans un tel contexte, un accroissement de l’endettement des ménages pourrait provoquer une large correction, comme le souligne le FMI.
L’économie mondiale sera assez vite confrontée aux spéculations des marchés financiers car les pays européens vont faire face à un refinancement massif de leur dette souveraine arrivant à maturité. Rien qu’en Italie, plus de 110 milliards € (145 milliards $) d’ancienne dette arrive à maturité et devront donc être refinancées.
En Grande-Bretagne, qui ne fait pas partie de la zone euro, le gouverneur de la Banque d’Angleterre s’inquiète de la possibilité d’un effondrement du crédit semblable à celui qui avait suivi la faillite de Lehman Brothers.
Rien n’a vraiment été fait pour changer la donne de la gouvernance mondiale des marchés financiers après la crise de 2008, malgré les engagements des dirigeants de l’époque. Il y a donc une forte probabilité pour que nous devions en subir les conséquences jusqu’à ce que les choses changent véritablement.
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