Ce sont les super riches qui détiennent le pouvoir économique et politique au Canada. Une nouvelle étude produite par Armine Yalnizyan, du Centre canadien des politiques alternatives (CCPA), montre que le groupe des contribuables constituant les 0,01 % les plus riches au Canada (2 400 personnes) ont vu leur revenu augmenter de 5 fois (400 %), le groupe des 0,1 % a vu son revenu tripler (200 %) alors que celui du 1 % (246 000 canadiens) a doublé le sien (100 %). Ils y sont parvenus parce qu’ils ont réussi, d’une part, à s’accaparer une part croissante de la création de richesse et, d’autre part, à faire diminuer les impôts, et en particulier en amoindrissant son caractère progressif.
Selon Mme Yalnizyan, les Canadiens les plus riches ont accru la part du revenu national comme jamais depuis les années 1920 : de 1997 à 2007, ils ont réussi à s’accaparer le tiers (32 %) de la croissance des revenus de cette période, qui fut l’une des plus fécondes. En comparaison, pendant celle des années 1950 et 1960, le groupe du 1 % de plus riches contribuables n’avait pris que 8 % de la croissance totale des revenus. De toute évidence, pour parvenir à cet exploit, ça prend plus que du pouvoir économique.
L’analyse historique du CCPA, sur plus de 90 ans, montre que dans l’après-guerre les gouvernements ont su redistribuer les revenus de la croissance de manière à diminuer les inégalités entre les classes sociales. Ainsi, de 1945 à 1977, la part du revenu national détenu par le 1 % des plus riches est passée de 14 % à 7 %. Mais par la suite les plus riches ont totalement récupéré leur part en doublant leur revenu.
Comment ? Un exemple : en 1946, le taux d’imposition marginal des contribuables avec un revenu supérieur à 250 000 $ était de 80 %. Aujourd’hui, les contribuables ayant des revenus identiques (2,37 millions en $ d’aujourd’hui) a un taux d’imposition de 42,9 %. La dernière fois où les plus riches étaient imposés à un taux si bas c’était pendant les années 1920 !
L’indicateur du revenu national étant la mesure d’un flux, les statistiques sur sa distribution par catégorie de revenu permettent de mesurer un rapport de force de la capacité des divers acteurs sociaux à obtenir leur juste part du revenu national. Mais il mesure plus ou moins bien le pouvoir de chaque groupe. La concentration de la richesse permet de mieux mesurer cet aspect. Selon Mme. Yalnizyan, les 3,8 % des contribuables les plus riches détiennent 67 % de la richesse totale du pays, soit 1 800 milliards de $.
Encore une fois, cette mesure nous fait remonter à la période des années 1920, caractérisée par une aussi forte concentration de la richesse du pays. À voir l’acharnement avec lequel cette classe de privilégiés, de ploutocrates comme on les appelait dans les années 1920, s’oppose aux nécessaires réformes, il faut conclure que la récente crise n’a pas permis de leur faire comprendre qu’ils fonçaient tout droit dans le mur. Devant cet aveuglement, c’est à nous d’agir si on veut éviter une autre dépression.
[...] le billet de la semaine dernière, nous dévoilions les chiffres d’une chercheure du Centre canadien des politiques alternatives [...]
Il me semble que les chiffres dont vous parlez confirment les propos d’Hervé Kempf dans son dernier livre intitulé « L’oligarchie, ça suffit. Vive la démocratie ». De quoi être inquiet pour l’avenir…
[...] Oikos Blogue | Les 1% de plus riches canadiens se sont accaparés du tiers de la croissance de la ri… Comment ? Un exemple : en 1946, le taux d’imposition marginal des contribuables avec un revenu supérieur à 250 000 $ était de 80 %. Aujourd’hui, les contribuables ayant des revenus identiques (2,37 millions en $ d’aujourd’hui) a un taux d’imposition de 42,9 %. La dernière fois où les plus riches étaient imposés à un taux si bas c’était pendant les années 1920 ! L’indicateur du revenu national étant la mesure d’un flux, les statistiques sur sa distribution par catégorie de revenu permettent de mesurer un rapport de force de la capacité des divers acteurs sociaux à obtenir leur juste part du revenu national. Mais il mesure plus ou moins bien le pouvoir de chaque groupe. [...]
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