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Le samedi 23 avril 2022

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Kyoto et le Canada – Une position qui nous coûte cher

L’auteur invité est Hugo Séguin, conseiller principal pour Équiterre.

Ceux qui pérégrinent à travers le monde avec un drapeau canadien cousu sur leur sac à dos devraient-ils s’empresser de l’arracher avant de se faire apostropher dans un café à Ushuaia ou à Berlin?

On peut se poser aujourd’hui la question de la valeur symbolique de cette amulette.

Alors que le gouvernement fédéral vient de soustraire le pays à toute espèce de contrainte internationale en matière de lutte contre les changements climatiques, on peut se demander aujourd’hui quel est le prix que nous payons désormais pour satisfaire aux intérêts de l’industrie pétrolière et aux politiciens qui font corps avec eux. Sur la scène internationale, la position du Canada s’avère difficile à avaler.

Il nous faut maintenant expliquer que non, tous les Canadiens, loin de là, ne sont pas en accord avec les positions de notre gouvernement, que la grande majorité est pour la lutte contre les changements climatiques et que non, nous ne prenons pas un grand verre de pétrole avant de nous coucher, histoire de bien faire corps avec notre destin de superpuissance énergétique.

Exportations pénalisées?

Les vraies pénalités pour le Canada reposent d’abord sur les dommages que fait subir l’attitude du gouvernement Harper à la réputation internationale du pays. Devant l’abandon de ses obligations internationales, les autres États sont en droit de se demander si notre pays est un partenaire auquel on peut se fier.

De plus, en agissant comme des bums de ruelle (bullies, en anglais), un rôle qui va comme un gant à la garde rapprochée du premier ministre et à ses divers condottieri, le Canada fait tout sauf s’attirer la bienveillance de ses partenaires dans d’autres dossiers internationaux, y compris commerciaux. Ne sommes-nous pas en train de négocier un accord de libre-échange avec l’Union européenne?

Alors que se profilent à l’horizon des régimes climatiques différents entre grandes régions du monde — en l’Europe, en Amérique du Nord, dans les économies émergentes —, il sera tentant pour des partenaires économiques du Canada de vouloir taxer aux frontières les importations de biens produits dans des pays aux règles environnementales très faibles, ne serait-ce que pour équilibrer les choses entre producteurs domestiques et étrangers. Dans un tel cas, les exportations québécoises vers l’Europe, par exemple, pourraient s’en trouver pénalisées.

Finalement, l’attitude idéologique du gouvernement fédéral pénalise une bonne partie de l’économie canadienne, par son choix délibéré de privilégier les ressources naturelles et les carburants fossiles au détriment de l’économie verte et des énergies renouvelables. L’argent qui passe du Trésor public fédéral vers les pétrolières ne va pas aux segments économiques verts dans lesquels l’Ontario et le Québec devraient exceller.

Ce faisant, nous nous isolons de plus en plus: l’économie verte, l’économie du XXIe siècle, c’est pour l’Europe et l’Asie. Les énergies alternatives, c’est pour la Chine. Ce sont autant d’occasions d’affaires ratées pour nous. Une autre façon de dire qu’on ne doit en aucune façon compter sur le gouvernement Harper pour nous faire entrer dans l’économie verte.

Vers une économie verte

Pour plusieurs Canadiens anglais, le petit drapeau unifolié leur permettait traditionnellement d’éviter d’être confondus avec des touristes américains, pas toujours bienvenus dans plusieurs coins de la planète. Mais comme il semble que plusieurs opérateurs politiques républicains ont (temporairement) trouvé refuge au Canada, en en profitant pour s’emparer du pays, le problème commence à se poser pour les Canadiens dont l’accent (comme le mien) ne peut servir de sauf-conduit dans un marché au Caire ou une auberge de jeunesse de Budapest.

Maintenant, quel drapeau les touristes canadiens devraient-ils maintenant traîner avec eux? Je ne sais pas pour les autres Canadiens, mais les Québécois devraient être attentifs aux gestes que posera — ou pas — la classe politique québécoise.

Si des pays comme le Canada abandonnent le navire, d’autres, dont l’Union européenne, veulent continuer et accélérer leur transition vers l’économie verte et les énergies renouvelables.

Position québécoise

Le Québec s’est distancé depuis plusieurs années de la position climatique du gouvernement fédéral. Il a développé ses propres positions, très différentes, beaucoup plus en phase avec celles de l’Europe. Et il n’a jamais craint de les faire connaître, quitte à en faire rager plus d’un à Ottawa.

Le Québec peut aussi adopter une vision d’avenir, fondée sur l’énergie renouvelable, l’électrification des transports, l’économie verte et la réduction de la consommation de carburants fossiles. Une vision d’avenir pour les Québécois, qui réconcilie l’économie et la nécessaire lutte contre les changements climatiques.

C’est une question de choix politique et de vision. On verra bientôt si on voudra se remettre à coudre des fleurdelisés sur nos propres pack-sacks.

On peut lire le texte complet en allant sur le site du quotidien Le Devoir.

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