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L’économie sociale et le coopératisme sont là pour durer

Extrait tiré de l’éditorial de Perspective, la revue d’analyse économique du service d’études économiques de Desjardins du mois de novembre 2011.

Tenter de décrire l’économie sociale sans omettre un groupe ou une activité est un exercice périlleux. En fait, il est plus facile d’en faire une image. On pourrait la comparer au mortier dans une construction : indissociable du reste et agissant pour souder et solidifier. En d’autres mots, on dit souvent que les entreprises de l’économie sociale agissent en complément du secteur privé et de l’État. Le secteur coopératif et mutualiste participe activement à l’économie sociale. Il est également celui sur lequel on détient le plus d’informations. Il est généralement reconnu pour sa forte présence au Québec et il compte de nombreux fleurons qui se classent parmi les coopératives les plus importantes au Canada.

L’économie sociale n’a rien d’une nouveauté. Ses premiers balbutiements remontent aussi loin que dans la Babylonie. Cependant, ses véritables racines datent de l’époque de la révolution industrielle en Europe. Au Québec, elle est présente depuis plus de 100 ans. C’est plutôt l’attention qu’on lui accorde et la reconnaissance de son importance qui sont inédites et qui lui confèrent un caractère novateur.

La formule coopérative appuie sa popularité notamment sur sa vigueur. À titre d’exemple, la création d’emplois des coopératives non financières a été plus rapide que celle de l’ensemble de l’économie québécoise durant la période de 2004 à 2008. On a observé que le taux de survie des coopératives était nettement supérieur à celui des entreprises privées en général et cela se vérifiait depuis plus d’une décennie.

L’Organisation internationale du Travail a, de son côté, enquêté sur la résilience des entreprises coopératives en temps de récession et ses conclusions vont dans le même sens. Si les temps durs sont propices à l’éclosion des coopératives, ils leur permettent également de prouver leur robustesse puisque ces dernières ont mieux résisté que l’ensemble des entreprises de type traditionnel lorsque l’économie mondiale a fléchi en 2008 et en 2009. Il est vrai que le Québec compte le plus grand nombre de coopératives non financières et financières au Canada, mais il n’a pas l’apanage exclusif de la formule. L’Ouest canadien et l’Est canadien sont aussi des terreaux fertiles à cette forme d’entrepreneuriat, et ce, depuis longtemps. En 2008, la Saskatchewan comptait la plus forte concentration d’entreprises coopératives non financières par habitant, alors que l’Île-du-Prince-Édouard se classait en tête pour les coopératives financières.

En fait, le succès des coopératives et des entreprises de l’économie sociale en général repose notamment sur le fait qu’elles sont branchées sur les besoins de milieux dont elles sont issues, qu’elles travaillent en réseau et que la solidarité les oblige à gérer différemment. C’est une forme d’organisation crédible et qui a fait ses preuves.

Il est complexe de définir les contours de l’économie sociale. Le monde associatif a une contribution réelle, dont il est très difficile de chiffrer la présence. Toutefois, les recherches effectuées ces dernières années ont permis de mettre en évidence qu’il pouvait y avoir création de richesse sans que le niveau de l’emploi soit immédiatement haussé. Reste à savoir comment mesurer cet apport à l’économie générale.

Entre-temps, certains se sont attelés à la tâche de chiffrer la part de l’économie sociale dans le PIB. On constate que les évaluations divergent en fonction des objectifs poursuivis. Dans les faits, il n’y a pas de mesure officielle pour le Québec : elle reste à faire. Dans l’intervalle, beaucoup de chiffres sont mentionnés sur la place publique : la vérité est-elle plus près de 5 ou de 10 % du PIB total? Les approximations convergent majoritairement vers 6 à 7 %, dans la mesure où elles incluent le secteur coopératif. Il s’agit cependant de données qui devront être confirmées. Chiffres ou pas, l’économie sociale garde toute sa pertinence dans l’économie québécoise et elle fait la démonstration, année après année, qu’elle demeure une option crédible et viable.

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