L’auteur invité est Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Economiques.
Dans le dernier « discours à la nation » de son 1er mandat, Barack Obama a présenté ce que serait les grands axes de la campagne pour sa réélection. Quatre dossiers économiques ont été mis en avant : la réindustrialisation de l’Amérique, un nouveau modèle énergétique, un système fiscal plus juste, la maîtrise de la finance.
Réindustrialiser les Etats-Unis
Certes, on ne pourra pas ramener aux Etats-Unis tous les emplois délocalisés. Mais le coût du travail commence à augmenter dans les émergents, en particulier en Chine. C’est donc le moment d’agir pour encourager l’emploi aux US, affirme le président.
Il veut y arriver par trois types de mesures : en changeant les règles fiscales pour taxer les entreprises qui délocalisent, en instaurant un peu de protectionnisme complètement assumé et avec un effort de formation accru, ça ne mange pas de pain de le dire.
Un autre modèle énergétique
Obama veut réduire la dépendance au pétrole, « une industrie que nous avons subventionné pendant un siècle. C’est assez ». Il met l’accent sur l’exploitation des réserves américaines de gaz naturel [le gaz de schiste, NDLR], sur le développement des renouvelables (refusant « d’abandonner le terrain à la Chine et à l’Allemagne ») et sur les efforts que devront faire les entreprises pour réduire leur consommation d’énergie.
Taxer les riches
Inquiet par le niveau de la dette publique américaine ? Obama commence par annoncer un programme de dépenses publiques pour rénover les infrastructures publiques du pays qui en ont bien besoin.
En face, il compte sur plusieurs types de recettes : une baisse importante des dépenses militaires, une taxation accrue des Américains les plus riches (au-dessus de 250 000 dollars soit 190 000 euros) avec un taux plancher d’imposition de 30 % pour ceux qui gagnent plus d’un million de dollars par an. « Vous pouvez appeler cela de la lutte des classes autant que vous voulez. Demandez à un milliardaire de payer au moins autant d’impôts que sa secrétaire ? La majorité des Américains appelleront ça du bon sens ».
Dans une autre partie de son discours, Barack Obama indique également que toutes les entreprises américaines seraient soumises à un taux d’imposition minimal en dessous duquel elles ne seraient pas autorisées à descendre.
Contrôler la finance
En plus du nouveau cadre de régulation financière établi par la loi Dodd-Franck de l’été 2010, Obama a mis sur le devant de la scène 5 nouvelles mesures qui mêlent décisions déjà prises et nouvelles propositions.
Dans les premières, la création d’un bureau de protection des consommateurs de services financiers pour éviter les arnaques du type prêts subprime ; l’obligation pour les banques d’écrire leur « testament », c’est-à-dire une mise à plat des différentes entités juridiques qui les composent afin qu’en cas de crise le gouvernement sache quelles parties sauver et lesquelles laisser tomber afin de réduire la facture d’un futur sauvetage pour le budget de l’Etat.
Pour les nouvelles mesures : une renégociation des prêts hypothécaires qui plombent le budget de nombreux ménages pour les aider à sortir plus vite de l’endettement ; la création d’une unité anti crimes financiers, un thème largement sous estimé par les chantiers de régulation financière ouverts partout dans le monde alors que l’histoire montre que toutes les grandes crises financières comportent une dimension frauduleuse ; et un ensemble de propositions pour limiter la capacité de lobbying politique de la finance, sujet éminemment important.
Tout cela pour un objectif politique clair : « je ne permettrai pas le retour aux jours où Wall Street était autorisé à obéir à ses propres règles ».
Entre la taxation accrue des plus riches – individus et entreprises -, le contrôle de la finance et le pacte productif pour favoriser la compétitivité du territoire national, les campagnes de François Hollande et de Barack Obama se ressemblent sur plusieurs points. Celle d’une gauche qui assume une politique industrielle, veut maîtriser la finance, équilibre les comptes par la justice fiscale et fait payer aux entreprises leur juste part de l’effort national. Bon vent !
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