Malgré l’étude de l’ancien économiste en chef de la Banque mondiale, Sir Nicholas Stern, qui démontrait clairement que les coûts économiques de la lutte aux changements climatiques étaient bien inférieurs à ceux qui découleraient du scénario du laisser-faire, on trouve encore des commentateurs et analystes nous expliquer que le contexte de crise économique n’est pas favorable à des mesures réglementaires environnementales qui nuiraient à la reprise.
Pour la seule année qui est en train de se terminer, le coût humain et financier des catastrophes naturelles serait de plus de 220 000 personnes tuées et près 200 milliards de dollars de dégâts matériels, selon le numéro deux mondial de la réassurance, Munich Re. L’année 2008 aurait été l’une des plus dévastatrices après les ouragans de 2005 et le tremblement de terre de Kobé en 1995.
Selon Torsten Jeworrek, membre du directoire de Munich Re, « la tendance à long terme que nous observons se poursuit : le changement climatique a déjà commencé et contribue très probablement à une météo extrême de plus en plus fréquente et ainsi aux catastrophes naturelles qui s’ensuivent ». Comme plusieurs entreprises dans le secteur de l’assurance, il fait partie de ceux qui sont favorables à un interventionnisme plus musclé : « Dans le débat international, nous, en tant qu’entreprise, appelons à des règles effectives et contraignantes sur les émissions de CO2 afin que le changement climatique soit freiné et que les générations futures n’aient pas à vivre avec des scénarios météorologiques difficiles à contrôler« , conclut M. Jeworrek dans un communiqué.
Deux seules années auront été plus coûteuses : 2005, année de Katrina, avec une facture record de 232 milliards de dollars, et 1995, année du tremblement de terre de Kobé au Japon. Les pertes assurées auraient grimpé, selon les estimations de Munich Re, de 50% environ par rapport à 2007 pour atteindre 45 milliards de dollars, juste en dessous des 50 milliards déboursés par le secteur en 2005. En ce qui concerne le bilan humain, l’Asie est restée cette année le continent le plus frappé, avec au moins 200.000 morts à cause du cyclone Nargis qui a balayé la Birmanie, tandis qu’au moins 70.000 personnes ont perdu la vie dans le tremblement de terre du Sichuan, en Chine.
Les cataclysmes importants de l’année illustrent à la fois les conséquences des dérèglements climatiques mais aussi l’incidence d’une gestion aveugle des milieux naturels. Mais les catastrophes les plus meurtrières ne sont pas nécessairement les plus coûteuses : en Birmanie, où le cyclone Nargis a fait 140 000 morts et disparus, Munich Re ne déplore aucune perte de biens assurés. Et seulement 300 millions après le séisme du Sichuan en Chine, qui a fait 90 000 morts et disparus.
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