Nous avons récemment publié, dans le cadre des rapports de recherche de l’IREC, une étude sur la hausse des droits de scolarité au Québec, pour le compte de la CADEUL. Je voudrais dans ce billet souligner plus spécifiquement ce que nous avons pu constater en explorant le scénario de la gratuité scolaire.
Dans le rapport, nous avons associé le concept de gratuité scolaire à l’abolition des droits de scolarité. Ainsi, les étudiants auraient tout de même à payer les frais d’inscription, d’administration et tous les autres frais institutionnels obligatoires. Puisque les besoins de financement des universités ne sont pas bien définis, nous avons dû considérer les coûts que cette mesure pourrait engendrer pour le gouvernement du Québec comme un intervalle. Une borne inférieure était définie à partir des droits de scolarité s’appliquant à l’année 2008-2009, soit 1868 $, situant le manque à gagner à 316 millions de dollars. La borne supérieure, elle, a été établie avec les droits de scolarité que les étudiants paieront à la fin de la période de hausse, soit 3792 $. En soustrayant de ce montant la fraction présentement réservée pour le programme de l’AFE, soit 35% de la hausse, nous trouvons donc un manque à gagner pour la borne supérieure de 545 millions de dollars. Comme la gratuité scolaire aura également des conséquences sur les coûts du programme de l’AFE et les crédits d’impôts accordés pour frais de scolarité et d’examen, des bénéfices en seront dégagés. Nous chiffrons ces bénéfices à 140 millions de dollars. Si ce montant était transféré aux universités, nous pouvons constater que le coût net de la gratuité scolaire pour le gouvernement se situerait entre 176 et 405 millions de dollars. Afin de mettre ce montant en perspective, notons que ceci représente entre 1,2 et 2,7 % du budget du Ministère de l’Éducation, du Sport et du Loisir.
La présente polémique concernant la hausse des droits de scolarité nous laisse sous l’impression que nous n’avons que deux choix : hausser les droits de scolarité ou les geler. Or ce que nous avons pu constater lors de notre étude c’est que l’option de la gratuité scolaire n’est pas irréaliste et elle ne serait pas si coûteuse qu’on pourrait le croire a priori. D’ailleurs les partisans de la hausse affirment souvent que celle-ci est justifiée puisque l’éducation est un investissement avec des rendements privés élevés. On oublie souvent de mentionner que c’est un investissement pour le gouvernement aussi, car si les salaires des diplômés sont plus élevés, ces personnes paient aussi des impôts sur le revenu supérieurs à ceux des autres groupes de la société. Ceci sans parler des autres effets bénéfiques pour la société. L’argument pour que le gouvernement finance le système d’éducation au complet est donc aussi valable.
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