CESD-Oikos-989x90

Le samedi 23 avril 2022

Recherche:

Attaque vicieuse des fonds de retraite

L’auteur invité est Jean-Guy Boucher, retraité.

De nos jours, les entreprises s’acharnent à détruire les fonds de retraite. Jusqu’à un certain point, cette attitude peut être qualifiée de criminelle puisqu’elle met en péril la vie même des retraités actuels, de même que celle des futurs retraités. Étant retraité de l’enseignement, je suis retraité de l’État par voie de conséquence et c’est à ce titre que je tiens à éclairer votre lanterne. Si vous voulez brosser un portrait réaliste du revenu des retraités de l’État, vous devez vous en tenir aux moyennes. En utilisant les revenus les plus élevés d’une minorité des retraités de l’État, on leurre la population en déformant la réalité de la même façon que si j’utilisais les revenus les moins élevés pour dire à la population: voyez comme les retraités de l’État sont pauvres. N’importe qui peut faire ça, mais le dossier n’évolue pas pour autant.

En juin 2011, la CARRA (Commission administrative des régimes de retraite et assurance) publiait son rapport annuel de gestion pour l’année 2010. Dans ce rapport, nous apprenons que l’État québécois comptait en 2010, 271 915 retraités, dont 186 923 sont des retraités du RREGOP. Ils représentent à eux seuls 68,7 % de tous les retraités de l’État et leur revenu moyen de retraite était de 17 767 $; ce sont les enfants pauvres des retraités de l’État puisque ce revenu de rente est sous le seuil de la pauvreté. Au RREGOP comme pour quatre autres fonds de retraite (RRPE, RRE, RRF et RRCE), les rentes ont été désindexées de 1982 à 2000. Elles ne suivent donc plus le coût de la vie et la situation se dégrade depuis plus de 29 ans. En termes clairs, ces retraités s’appauvrissent. Ces quatre fonds de retraite qui s’ajoutent au RREGOP comptent 78 866 retraités, soit 29 % de tous les retraités de l’État. Si vous ajoutez les autres retraités de l’État, soit 6126 personnes représentant 2,3 % de tous les retraités de l’État et bénéficiant d’un revenu de rente moyen de l’ordre de 41 970 $, vous obtenez une somme de 271 915 retraités dont le revenu moyen est de 22 244 $. Là, nous sommes beaucoup plus près de la réalité.

En 2010, l’état québécois comptait 186 juges retraités, ce qui représentait 0,1 % de l’ensemble de tous les retraités de l’État dont le revenu de rente moyen était de 118 898 $. En utilisant cette infime minorité de retraités de l’État pour servir de point de comparaison, on fausse la réalité en optant pour le sensationnalisme au détriment de cette même réalité, pire encore, on attire l’attention du public sur un détail qui l’incite à porter un jugement de piètre qualité causant ainsi un préjudice grave aux retraités de l’État.

Dans le cas du RREGOP où l’on retrouve près de 69 % de tous les retraités de l’État, savez-vous que le Gouvernement s’était engagé à investir autant d’argent que les cotisants, mais qu’il ne l’a jamais fait; il s’est plutôt contenté d’une opération comptable. En termes clairs, au moment de prendre ma retraite, le manque à gagner au RREGOP était de l’ordre de 50 milliards $ et il gonfle la dette du Québec d’autant. Qui plus est, le Gouvernement en est directement responsable. Savez-vous que depuis sa création en 1973, le rendement moyen de ce fonds de retraite est de 10,23 %, et ce, malgré la crise de 2008? Dans les journaux, on omet de vous dire que le RREGOP est autosuffisant, de même que ce sont les cotisations de ceux qui sont à la retraite et les revenus d’intérêts qui payent leur rente et non monsieur tout le monde. Le but que poursuit le Gouvernement en haussant le taux de cotisation des actifs est d’assurer la pérennité du fonds de retraite. Ceux qui affirment que c’est pour payer la rente des retraités d’aujourd’hui mentent effrontément.

Entre 1997 et 2004, Bouchard est allé prendre les quatre milliards $ de surplus au RREGOP sans l’autorisation des retraités et s’en est servi pour la mise à la retraite des enseignantes de 50 ans et plus, de même que les infirmières dans la même situation. Vous devez vous souvenir que ce ne sont pas elles qui l’ont demandé. Le 3,2 milliards $ restant a servi à baisser le taux de cotisation des actifs de 7,95 % à 5,35 %. Ces derniers ont eu l’impression de recevoir une augmentation de salaire et le Gouvernement s’est bien gardé de leur dire qu’il avait utilisé l’argent de leur propre fonds de retraite et celui des retraités pour y parvenir. De ce quatre milliards $, plus de la moitié appartenait aux retraités, mais Bouchard l’a tout donné aux actifs alors que la grande majorité des retraités de l’État ont une rente non indexée au coût de la vie. C’est ça que vous appelez la justice sociale? Pour ce qui est de la retraite dorée des fonctionnaires, oubliez ça, les retraités de l’État québécois n’en ont pas les moyens.

Pour accéder au texte original, on va sur le site de L’Œil Régional.

Discussion

Commentaire pour “Attaque vicieuse des fonds de retraite”

  1. Article pertinent et fort bien documenté, qui remet les pendules à l’heure.
    Le problème des retraites à prestation déterminée comme sont les RREGOP, RRPE,RRE et RRF c’est le mamque de rigueur des corépondants des régimes qui ne respectent pas les règles élémentaires pour maintenir les fonds en santé soit faire régulièrement les versements prévus et utiliser les fonds en priorité pour ce à quoi ils sont destinés soit payer les retraites.

    Écrit par Echelard Régis | mars 14, 2012, 19 h 48 min

Commentaire

Inscrivez votre courriel ci-dessous pour recevoir le bulletin hebdomadaire:

Agenda Public

Un code est requis pour ajouter des evenements a l'agenda.
Appuyez sur "Obtenir un code" ci-dessous pour s'inscrire.

Si vous avez un code, inserez votre code ci-dessous:

Votre compte étant nouveau, s'il vous plait enregistrer vos informations:











Informations sur l'evenement a ajouter: