L’auteur invité est Renaud Lapierre, ex-sous-ministre adjoint au ministère des Ressources naturelles.
Devant l’imminence d’une campagne électorale, nulle personne ne contestera que l’un des enjeux majeurs sera l’économie. Cela, pour de nombreuses raisons.
Tout d’abord, parce que, de sondage en sondage, ce point demeure la préoccupation première des Québécois; ensuite, parce que cette thématique s’imposera, autant pour M. Jean Charest — dont la pièce maîtresse de survie se révèle être le Plan Nord — que pour M. François Legault — par son passé d’homme d’affaires et par le thème fort de son plan d’action: «Une économie de propriétaire», où, entre autres choses, il propose un fonds des ressources naturelles (disposant d’un budget de cinq milliards de dollars) et annonce un plan de croissance économique des régions.
Fort de ce constat, nous estimons que l’alliance des partis souverainistes relative à un sujet aussi vital participerait grandement à combler la perception d’une majorité de Québécois selon laquelle, en matière économique ils ne sont pas les joueurs à qui l’on fait, en premier, confiance. Et ce, malgré l’apport historique majeur du Parti québécois au développement économique du Québec à chacun de ses passages au pouvoir.
Cette seule dimension économique capitale, et sur la base purement mathématique de la joute électorale par circonscription, devrait amener les partis souverainistes à rechercher une plateforme économique commune. De plus, la concrétisation d’engagements électoraux partagés demeure la seule issue pour compenser le déséquilibre évident dans un éventuel partage des circonscriptions entre les partis souverainistes, si des alliances sont praticables.
Après une confrontation des programmes du Parti québécois et de Québec solidaire, et de la proposition de plateforme de l’Option nationale, il est possible — surtout si l’on évite les écueils d’une comparaison du modèle économique recherché et que l’on met l’accent sur les objectifs ou mesures concrètes qui en ressortent — de définir des orientations économiques communes.
Exploitation des ressources naturelles
En ce qui a trait à l’exploitation des ressources naturelles, les partis souverainistes déplorent, à l’unisson et avec force, la façon dont le gouvernement Charest gère ces biens collectifs et ont en commun certaines mesures cruciales.
Ils entendent faire en sorte que l’État, par la voie d’une société d’État, assure un rôle clé (majoritaire, si nécessaire) dans l’exploitation des ressources du Québec de manière à maximiser les retombées économiques pour la collectivité.
Ils définiraient une politique d’ensemble pour leur développement, prenant en compte la volonté des populations locales, le partage des revenus avec les régions en vue de leur revitalisation, la transformation locale et, bien sûr, l’application rigoureuse des principes du développement durable.
Indépendance énergétique
Dans le domaine énergétique, aussi, les consensus sont envisageables. Ainsi, tous adhèrent à mettre en place une politique énergétique rigoureuse apte à nous amener le plus rapidement possible vers une dépendance minimale aux produits pétroliers; ils donneront la priorité à la mise en place de politiques dynamiques en matière d’économie énergétique et d’utilisation des énergies renouvelables; ils visent à assurer le développement de l’énergie éolienne directement par le contrôle de l’État — le PQ ajoutant comme propriétaire potentiel des coopératives ou communautés locales; ils mettraient fin à la filière nucléaire et utiliseraient les fonds dégagés pour des investissements dans les énergies alternatives.
Transport
Les trois partis ont des orientations conciliables en matière de transport. Ils proposent des investissements massifs dans les transports collectifs; ils prendraient le biais du développement des transports électriques autant individuels que collectifs en mettant en place des politiques pour optimaliser les retombées économiques au Québec.
Banque du Québec
Le Parti québécois, Québec solidaire et l’Option nationale souscrivent tous à l’importance de créer une nouvelle institution publique d’envergure pour accélérer le développement économique, soit la création d’une Banque de développement économique du Québec. Quelle que soit son appellation définitive ou la façon dont elle serait constituée, elle viserait à accompagner tous les types d’acteurs économiques.
Pas de grandes concessions
Bien que les termes employés dans les programmes des trois partis souverainistes puissent être différents, il y a, dans les précédents thèmes liés aux défis économiques majeurs du Québec, matière pour développer des engagements électoraux économiques communs, sans qu’aucun des partis ait à faire de grandes concessions.
Aussi, malgré les différends des trois partis quant au modèle de société qu’ils aspirent à construire ou à la stratégie appropriée pour réussir l’indépendance, cette contribution aurait l’avantage de démontrer aux Québécois que les souverainistes sont les meilleurs défenseurs de leurs intérêts économiques et qu’ils partagent leurs préoccupations légitimes.
Pour lire le texte original, on va sur le site de l’Aut’Journal
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