C’est en présence de la députée Louise Beaudoin, depuis peu redevenue membre du caucus du PQ, de Françoise David, co-porte-parole de Québec solidaire et d’Alexandre Cloutier, député du Parti Québécois chargé des questions internationales qu’aura lieu la seconde partie de la 6e édition de l’«université d’été» du GESQ dans l’après-midi du 26 avril. Le débat sera animé par le secrétaire général d’UPA-DI, André Beaudoin, et clôturé par Hélène Simard, pdg du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM).
Ce n’est pas par hasard que le GESQ a choisi ce thème : plusieurs organisations membres du GESQ ont subi une véritable dégelée avec l’annonce par l’ACDI que l’Agence ne finançait presque plus rien dans le cadre des demandes logées en 2011 : l’AQOCI d’abord, regroupement de 65 OCI et membre du GESQ, a appris que 10 des 11 demandes de 2011 de ses membres ont essuyé un refus. Ce qui entre de façon brutale dans le flanc de leurs activités ici comme au Sud puisqu’il s’agit pour la plupart de petites organisations disposant souvent de bases principalement régionales. Mais même des organisations de plus gros calibre comme l’OCI du mouvement des producteurs agricoles, UPA-DI, membre de la direction du GESQ depuis ses débuts, s’est vue refuser l’entièreté de sa demande. De son côté, SOCODEVI, autre membre actif du GESQ, un des deux relais de coopération internationale du mouvement coopératif, a vu son programme au Sud coupé de 60%. Pour le moment Développement international Desjardins (DID) n’est pas touché n’ayant pas logé de projets de financement à l’ACDI en 2011.
C’est donc dans un contexte de crise de la solidarité internationale comme nous l’avons démontré dans une série de trois billets en février et mars mais surtout de recherche de pistes de sortie de cette crise que le GESQ tiendra la seconde partie de sa 6e édition de son «université d’été». En fait il y a d’abord une première pour cette 6e édition: la matinée se fait cette année de concert avec la Caisse d’économie solidaire Desjardins en vue de préparer Rio+20 dans la mouvance d’une collaboration initiée avec la Caisse et Fondaction en octobre dernier (rencontre du 17 au Centre Saint-Pierre) et d’une inscription du GESQ dans la démarche du Forum international des dirigeants de l’économie sociale (les Rencontres du Mont-Blanc tenues à Chamonix en novembre). Premier enjeu le matin : la transition écologique de l’économie en présence notamment de l’économiste et écologiste Alain Lipietz.
Deuxième enjeu dans l’après-midi du 26 et une autre première : pour la première fois le GESQ invite des représentants de partis politiques à un débat sur une alternative québécoise à l’ACDI en matière de solidarité internationale. On peut lire le programme de la journée à la page d’accueil du site du GESQ. Mais résumons d’abord l’orientation en matière de solidarité internationale qui se dessine au GESQ depuis les Rencontres du Mont-Blanc (RMB) l’automne dernier:
1) Soutenir l’économie populaire au Sud : donner sa chance à cette économie qui fait souvent 50%, 70% et même 80% de l’économie de pays du Sud tout particulièrement en Afrique. C’est donc dire l’aider à grandir, elle qui fait vivre plus d’un milliard de personnes sur la planète.
2) Faire en sorte que l’ensemble des initiatives de l’économie solidaire puissent devenir de véritables alternatives au capitalisme dans une perspective d’urgence écologique et de développement solidaire des communautés. Ce qui n’est pas évident ! Mais Michel Rocard, ex-premier ministre de France (sous le gouvernement Mitterand dans les années 80), aux RMB, disait avec justesse qu’il y avait « devoir d’offensive de l’économie sociale et solidaire, devoir d’exprimer autre chose que ce que l’économie capitaliste nous offre tous les jours ».
3) À plus court terme, interpeller à Rio en juin prochain, dans la mouvance de ce que le Forum des RMB y fera, les représentants des 194 États présents, les invitant fortement à soutenir le développement d’un véritable virage vert: le message est à l’effet d’opérer un virage majeur dans la perspective, non d’un capitalisme vert, mais d’une économie solidaire verte. Et cela même si cette Conférence des Nations Unies n’annonce pas à ce jour une grande mobilisation des États, étant donné, la tendance de la plupart des gouvernements à se laisser dicter leur agenda et leur conduite par les agences de notation. Ce sont néanmoins eux qui détiennent les clés d’une nouvelle régulation de la mondialisation. La mobilisation sur Rio s’impose donc avec plus de force aux mouvements sociaux. Les dirigeants des RMB, avec Thierry Jeantet (France), Gérald Larose (Québec), Abdou Salam Fall (Sénégal) parmi les principaux interlocuteurs, s’y préparent donc intensivement. Le GESQ, par son président, René Lachapelle, y sera, accompagnant pour la même occasion (avec Katina Binette, responsable de formation à l’AQOCI), un groupe de 15 jeunes provenant de plusieurs régions du Québec, un budget à cet effet ayant été obtenu des Offices jeunesse internationaux du Québec.
Ceci étant dit, la direction du GESQ sait pertinemment qu’en contexte de crise de la solidarité internationale, il faut penser des pistes de sortie de cette crise qui soient durables : le projet d’une Agence québécoise de développement international comme alternative à l’ACDI fait partie de ces pistes-là. Cela ne s’obtiendra pas en criant «Ciseau!»
Il est clair que la pleine maîtrise du développement du Québec en matière de coopération internationale participe du mouvement d’affirmation nationale, mouvement ouvert sur le monde depuis René Lévesque jusqu’à aujourd’hui. Figure de proue de ce projet : Louise Beaudoin, qui a très longtemps été le porte-étendard des relations internationales pour le PQ. Elle poursuit cette démarche comme elle l’a manifesté directement en tant qu’invitée spéciale de l’AQOCI à une assemblée spéciale en février dernier. Scénario proposé : dans un futur rapproché, n’importe quel gouvernement du Québec qui en aurait la volonté politique pourrait avancer $50 millions pour créer dès maintenant l’agence en question et simultanément demander le rapatriement du $800 millions que nous injectons comme Québécois annuellement dans l’ACDI. Les membres de l’AQOCI avaient plutôt bien accueilli le projet. Mais tous étaient conscients qu’une mobilisation très large est à faire et que toutes les organisations de caractère nationaliste, dans ses différentes composantes sociales et politiques, doivent, pour réussir, faire mouvement. Enjeu pour la prochaine élection québécoise? C’est de cela et de bien d’autres choses dans le même registre dont on traitera à cette rencontre afin de le rendre viable. Pour s’y inscrire, cliquez ici et pour informer le GESQ de votre présence dans l’après-midi: Mathieu Réjean, responsable de la mobilisation à l’adresse suivante : mathieu.rejean@uqam.ca.
Discussion
Pas de commentaire pour “Agence québécoise de développement international : le projet est-il viable?”