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Le samedi 23 avril 2022

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L’industrie militaire est en bonne santé

Finalement, plutôt qu’obtenir les dividendes de la fin de la guerre froide, les populations du monde ont continué d’être les victimes de la guerre ou de payer le prix de ces dépenses militaires stériles. Au profit, évidemment, du complexe militaro-industriel et de la droite radicale, ‘va-t-en-guerre’, comme les conservateurs canadiens. Jusqu’à maintenant, le complexe industriel ne connaît malheureusement pas la crise.

Le Rapport de l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (SIPRI) sur le commerce d’armes mondial montre plutôt qu’il s’agit d’un secteur florissant. Le marché de l’armement a été particulièrement vivace en Asie entre 2007 et 2011, selon le Sipri. L’Asie et l’Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande) ont compté pour 44% des importations mondiales d’armements conventionnels sur ces 5 années. Vient ensuite, loin derrière, l’Europe (19%), le Moyen-Orient (17%) les Amériques (11%) et l’Afrique (9).

Le commerce des armes a progressé de 24% entre la période 2002-2006 et celle 2007-2011. Les cinq plus gros importateurs ont été des pays d’Asie. A elle seule, l’Inde a compté pour 10% des importations mondiales, devant la Corée du sud (6%), le Pakistan et la Chine (5%) et Singapour (4%). Les Etats-Unis (30%), la Russie (24%), l’Allemagne (9%) et la France (8%) sont restés sur la période 2007-2011 les principaux pays exportateurs. Avec la Grande-Bretagne (4%), ces pays ont enregistré 75% des exportations d’armes en volume, contre 78% sur le quinquennat précédent, selon le Sipri. La Chine est maintenant le sixième exportateur.

Si globalement l’industrie ne connaît pas la crise, on peut néanmoins dire que c’est grâce à la crise des finances publiques des pays européens qu’il y a eu une si forte progression de la place de l’Asie en tête du classement, nous dit l’Institut international d’études stratégiques (IISS). « Depuis la crise financière en 2008, il y a eu une convergence entre les niveaux de dépenses militaires en Europe et en Asie » affirme le directeur général de l’IISS, John Chipman. Entre 2008 et 2010, il y a eu des réductions des budgets de défense dans 16 pays européens membres de l’OTAN. Dans une bonne partie de ces pays, les baisses estimées ont dépassé les 10 %. Par exemple, le Royaume-Uni, qui a le plus gros budget militaire en Europe, a réduit le budget du ministère de la Défense d’environ 8 % sur quatre ans, dans le cadre du plan d’austérité mis en place fin 2010. À l’inverse, la forte croissance des pays émergents asiatiques leur permet d’augmenter les leurs. Entre 2001 et 2011, les dépenses militaires de la Chine ont été multipliées par deux et demi.

En ce qui concerne la superpuissance étatsunienne, un tournant devrait probablement commencer à s’opérer bientôt, en raison des difficultés budgétaires incommensurables du pays. Les États-Unis restent de loin le champion en matière de dépenses militaires, même si eux aussi ont fait des économies. En 2011, ils ont dépensé 739,3 milliards de dollars. Ils représentent 45 % des dépenses mondiales. Le budget étatsunien de la défense dépasse le budget cumulé des dix autres pays les plus dépensiers en matière militaire.

Le Canada est un cas particulier, étant maintenant dirigé par un gouvernement militariste, ce qu’il n’avait pas connu depuis la fin de la 2e guerre. Selon une étude de l’IRIS, entre 2005-2006 et 2010-2011, les dépenses militaires au Canada ont augmenté de 8 G$, soit une hausse de 54,2%. Cet accroissement rapide fait en sorte que le Canada dépense aujourd’hui plus pour son armée qu’à n’importe quel autre moment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (plus aujourd’hui que lors de la guerre de Corée). La part des dépenses militaires dans l’économie est passée de 1,1% en 2000 à 1,6% en 2011. Ce taux situe le Canada parmi les pays du monde qui font les plus importants investissements dans le domaine militaire. Par exemple, les autres pays du G8 qui ne sont pas membres du conseil de sécurité de l’ONU consacrent en moyenne 1,3% de leur PIB aux dépenses militaires. La moyenne des pays de l’OCDE est également à 1,3%.

Le programme d’achat des F-35 ne fera qu’empirer les choses. Pourtant, nous dit l’IRIS, si on ramenait aujourd’hui la proportion des dépenses militaires à celle qui prévalait en 2005, il serait possible de faire des économies de l’ordre de 4,7 G$.

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