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Le samedi 23 avril 2022

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Les impacts socioéconomiques du vieillissement

Dans ma première note d’intervention de l’IREC sur les enjeux du vieillissement, j’abordais les perspectives globales de l’évolution démographique dans le monde. Je soulignais que le Québec ne se distingue guère des autres pays comparables. Dans ma deuxième note sur le vieillissement, publiée la semaine dernière, j’aborde les trois enjeux socioéconomiques qui sont, à mon avis, les principaux objets du débat lié au vieillissement : la retraite, la santé et la croissance.

L’enjeu de la retraite est probablement celui qui fut le plus abordé au cours des récentes années. Malgré tout ce qu’on en a dit, celui sur la santé reste encore à venir : on peut en effet prédire qu’il va prendre de l’ampleur au fur et à mesure que la cohorte des baby-boomers va s’approcher du seuil des 80 ans. Quant à l’enjeu de la croissance, s’il est davantage un débat pour les initiés, il reste néanmoins d’une importance majeure puisqu’une partie importante des solutions aux enjeux du vieillissement passent obligatoirement par une reconfiguration des facteurs de croissance, ou du modèle de développement comme il serait plus juste de l’appeler.

L’argumentation que j’ai développée dans ces deux notes, et en particulier dans la deuxième, me permet de penser que la transition démographique devrait connaître une accélération légèrement plus rapide au Québec qu’ailleurs, au cours des deux prochaines décennies, mais que cette situation pourrait être favorable au Québec. D’une part, lorsqu’on compare le Québec aux autres pays de l’OCDE, on constate qu’il fait partie du groupe des pays anglo-saxons, c’est-à-dire ceux qui vont signaler les coûts de régime public de retraite parmi les plus faibles en 2030 (il sera inférieur à 7% du PIB pour les pays anglo-saxons contre 15% pour les principaux pays européens continentaux). D’autre part, on peut raisonnablement penser qu’étant donné la maîtrise actuelle de la croissance des dépenses publiques de santé au Québec, ces dernières pourraient augmenter d’environ 3 points de pourcentage d’ici 2050 (qui sont aujourd’hui à 7,3%). Là encore, c’est dans la moyenne des pays de l’OCDE.

Même si l’évolution des dépenses publiques ne devrait pas avoir le caractère apocalyptique que lui prêtent certains, il n’en reste pas moins qu’elle doit rester une préoccupation majeure. Face aux enjeux du vieillissement, l’État québécois doit adopter une stratégie d’adaptation des services de santé afin d’améliorer les soins et de maîtriser les coûts d’ici 2030, c’est-à-dire à partir du moment où les baby-boomers commenceront à atteindre l’âge de 85 ans. Il est urgent d’adapter les pratiques médicales et les soins de santé aux besoins des personnes âgées. Le Québec devra développer une offre de services à domicile plus adéquate qu’elle ne l’est présentement. Il devra aussi remettre en question sa politique du médicament, qui privilégie une politique industrielle de plus en plus caduque aux dépends des coûts astronomiques que cela représente pour nos services de santé et pour la population en général.

L’avantage que nous avons c’est que justement les deux prochaines décennies devraient augmenter de façon importante l’épargne retraite des Québécois. Cependant, la crise financière que nous venons de traverser nous a révélé que la sécurisation de cette épargne collective est étroitement associée à son contrôle. Il est plus que temps d’en reprendre le contrôle pour la mettre au service du développement. Si nous agissons avec intelligence, les enjeux socioéconomiques du vieillissement sur la croissance peuvent être résolus en adoptant une stratégie proactive de reconversion écologique de l’économie en canalisant les surplus de capitaux vers le renouvellement des infrastructures.

Les choix d’investissement pour les 20 prochaines années sont stratégiques. Ils doivent permettre la réalisation d’un saut de productivité significatif pour consolider nos capacités d’agir, la capacité du Québec à protéger et améliorer le niveau de vie de sa population, l’emploi, la cohésion sociale et l’environnement. L’ampleur des investissements nécessaires pour augmenter la productivité globale de l’économie est à l’image des défis à relever. Il s’agit non seulement d’investissement en capital humain et en capital matériel pour améliorer la productivité du travail (qui malgré les progrès réalisés reste inférieure à celles de nos partenaires), mais aussi d’investissements matériels et immatériels pour renouveler les infrastructures collectives dans une perspective durable.

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