On ne le répètera jamais assez : bien que la mesure du PIB soit un indicateur utile pour mesurer l’activité économique, en particulier son évolution, elle reste néanmoins passablement inutile pour mesurer la véritable richesse des nations. En lui-même, cet indicateur ne dit rien sur les inégalités, sur la santé, sur le capital social des citoyens, etc., etc. Ainsi, comme on le faisait remarquer dans un récent article de La Presse, si le Québec était un pays membre à part entière de l’OCDE, son PIB par habitant se classerait au 20e rang, loin derrière la neuvième place du Canada. Par contre, selon les critères de l’OCDE pour mesurer le bien-être de ses habitants, le Québec se classerait premier ou deuxième.
Prenons l’exemple de la santé. Une étude britannique publiée dans le Journal of the Royal Society of Medecine a comparé sur vingt-cinq ans les financements affectés à la santé et la réduction de la mortalité dans 19 pays de l’OCDE. Si tous ont vu la part des dépenses de santé dans le PIB augmenter et la mortalité chuter, l’étude met en lumière des différences importantes dans le rapport » coût-efficacité « . Les États-Unis, qui consacrent 16 % de leur PIB aux dépenses de santé pour un résultat très moyen, arrivent bons derniers dans la capacité du système à réduire la mortalité des personnes âgées. Parmi les quatre pays les moins efficients, on trouve les États-Unis, la Suisse et l’Allemagne, qui sont des pays au PIB parmi les plus élevés et dont les dépenses pour la santé sont aussi les plus importantes.
Selon des données récentes de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) le Québec avait enregistré en 2009 les dépenses totales en santé les moins élevées de toutes les provinces canadiennes, soit 5 096 $ par personne. Si on se limite aux seules dépenses publiques, on constate que c’est au Québec que les soins de santé représentent la part la plus faible des dépenses de programme totales, soit 33,1% (alors que l’Ontario y consacre 45,7%). Comme le précise Paul Lamarche, professeur en gestion de la santé de l’Université de Montréal, dans un article de la Revue vie économique, l’accroissement des dépenses publiques au cours des dernières décennies a été plus faible au Québec que dans l’ensemble du Canada. Cette situation s’est nécessairement répercuter sur la performance du système. Selon lui, comparée aux autres provinces canadiennes, la performance du système de santé québécois est maintenant faible sinon très faible.
Par contre, précise le professeur Lamarche, le système québécois possède aussi des points forts, souvent passés sous silence, méconnus, sous-estimés ou même distordus dans les débats entourant le système de santé. Premièrement, contrairement à ce qui est souvent avancé, le système de santé du Québec ne coûte pas cher, tout au moins en comparaison avec les autres provinces canadiennes. Deuxièmement, le système est équitable. Enfin, l’espérance de vie en santé au Québec, c’est-à-dire le nombre moyen d’années de vie sans incapacité, est la plus élevée au Canada. Donc le faible coût, l’équité dans l’utilisation des services et le niveau élevé de la santé de la population sont trois forces de notre modèle. S’il est absolument nécessaire d’améliorer son fonctionnement et sa performance, entre autre pour répondre aux enjeux du vieillissement, ces trois forces doivent absolument être protégées nous dit M. Lamarche.
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