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Le samedi 23 avril 2022

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Élections Québec : quelle politique énergétique ?

Depuis quelque temps, je collecte de l’information pour une nouvelle série de billets sur le thème de l’indépendance énergétique du Québec. Avec tout ce qui s’est passé depuis une couple d’années, et des élections québécoises qui approchent, il me semble en effet qu’il serait temps de réfléchir aux termes qui devraient définir une nouvelle politique énergétique pour le Québec. Or, la parution d’une étude de l’IÉDM et les signaux de plus en plus évidents d’élection québécoise m’obligent à produire ce court billet liminaire sur la question.

En soi, l’étude de l’IÉDM « Les avantages du développement de la production pétrolière au Québec » ne nous apprend rien. On y constate le même esprit servile de ces économistes au service de l’oligarchie dominante (financière et pétrolière). En l’occurrence, dans le cas qui nous préoccupe, leur choix de faire le travail idéologique pour convaincre les Québécois de soutenir le développement de l’industrie du gaz et du pétrole, peu importe son coût environnemental, dans la mesure où l’exploitation serait ‘financièrement’ rentable. Par contre, ce qu’elle nous apprend, implicitement, c’est que la politique énergétique que le gouvernement Charest est supposé formuler depuis longtemps s’inspirera de la même logique, socialement et écologiquement irresponsable.

En appliquant la règle selon laquelle le dixième des réserves pétrolières découvertes au Québec serait récupérable, l’auteur évalue le potentiel à 400 milliards $. C’est donc le chiffre que Charest va bientôt présenter aux électeurs québécois, avec les supposés retombées du Plan Nord, pour tenter de faire oublier qu’il dirige le gouvernement le plus corrompu de l’histoire du Québec. Mais peu importe ce qu’il cherche à cacher, il est probable que ces ‘promesses’ de retombées vont interférer dans le débat public. Charest va nous assommer avec son message : voter pour le PLQ, c’est choisir de développer ces richesses plutôt que de s’y opposer de façon catégorique comme le font les partis souverainistes de l’opposition. D’où l’importance de bien documenter une nouvelle politique énergétique québécoise qui pourrait avoir l’appui de la population.

Il faut situer cette politique dans le cadre des objectifs de la lutte aux changements climatiques et des tendances énergétiques mondiales. Non seulement les coûts de production des énergies renouvelables vont continuer à baisser de façon considérable dans les années à venir, mais les prix des énergies fossiles, eux, vont continuer à progresser. Le graphique suivant montre que, malgré la reprise poussive des économies développées, les prix du pétrole ont d’ores et déjà rejoint ceux de 2008.

Malgré ce qu’en disent les chercheurs de l’IEDM, le phénomène du pic du pétrole est le principal responsable de cette hausse des prix, avec les conséquences qu’on peut envisager sur la balance commerciale des pays non producteurs. En mars dernier, un groupe de spécialistes est d’ailleurs intervenu dans les présidentielles françaises pour appeler les candidats à se commettre dans une nécessaire stratégie de transition énergétique pour contrer ce pic du pétrole.

Dans cette optique, une politique énergétique québécoise devrait, à la fois, faire le choix de prioriser les actions pour diminuer la consommation d’énergie fossile au Québec (efficacité énergétique, énergies renouvelables, électrification des transports) en même temps que proposer le développement du potentiel des énergies fossiles québécoises pour diminuer notre déficit commercial. Les choix de développement de nos ressources énergétiques fossiles devraient se faire sur la base d’une analyse comparée des émissions de GES des projets d’exploitation. Par exemple, en raison de leur caractère très polluant, l’exploitation des ressources de gaz et de pétrole non conventionnels ne nous apparaît pas économiquement, socialement et écologiquement rentable lorsqu’on tient compte des externalités négatives. Par contre, le pétrole conventionnel découvert en Gaspésie et dans le gisement d’Old Harry pourrait l’être à certaines conditions. Ce faisant, cet accès à de nouvelles ressources pétrolières permettrait au Québec de refuser catégoriquement tout projet de pipeline pour transporter le pétrole issu des sables bitumineux vers l’Est.

Quoiqu’il en soit, il faut se préparer à condamner des projets d’exploitation insoutenables, mais en contrepartie être en mesure de faire des propositions attrayantes pour le développement du Québec.

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