L’auteur invité est Denis Clerc, économiste et fondateur du magazine Alternatives Economiques
Les Echos du 10 avril nous donnent une intéressante information. Et même deux. La première est que « les dirigeants des 25 premiers fonds spéculatifs américains ont encaissé une enveloppe de 14,4 milliards de dollars en 2011. » Non, non, je n’ai pas confondu millions et milliards. Ce qui fait 11 milliards d’€ au taux de change du jour. Même si le terme « dirigeants » inclut sans doute davantage que 25 personnes, cela fait quand même un gros tas de dollars par personne concernée. A côté, Maurice Lévy, le patron de Publicis aux 16 millions d’euros qu’il avait omis de se verser et qu’il se dépêche d’encaisser pour éviter que les trois quarts de cette somme passent dans les poches du fisc au cas où …, le patron donc, fait gagne-petit.
L’autre information concerne le procès intenté par la justice néerlandaise à Jean-Paul Votron. Ce nom ne vous dit rien ? Il n’a pas fait, il est vrai, la « Une » des titres de presse pour braquage, banditisme ou fraude. Jean-Paul Votron est propre sur lui, très BC-BG – cravate rouge incluse – et, ne serait son âge (encore que… à 62 ans, il porte encore beau), pourrait prétendre volontiers au titre de gendre idéal. Jean-Paul Votron est en fait un banquier, ancien patron de la banque belgo-néerlandaise Fortis. Déjà condamné par la justice néerlandaise pour avoir raconté des histoires à propos d’une facture de 800 millions d’euros lors de la vente d’une filiale de la banque en question, il vient de l’être à nouveau par la Chambre des entreprises d’Amsterdam (l’équivalent d’une Chambre de commerce). Celle-ci, selon Les Echos, a mis en évidence « une kyrielle d’éléments tendant à montrer le caractère systématique des mensonges et des supercheries dans les informations fournies aux marchés et aux investisseurs » en 2007-2008 lorsque la banque en question, gorgée de titres subprimes, était en train de couler. Ce qui n’avait pas empêche le beau gosse en question d’empocher 4 millions d’euros de rémunération la même année.
Le piquant de l’histoire, que Les Echos ne rapportent pas, c’est que, dans une interview à La Libre Belgique du 23 avril 2008, notre banquier avait déclaré, à propos de cette rémunération : « Il n’y a pas beaucoup de gens qui savent faire le boulot que je fais, tout comme peu de gens savent jouer au tennis comme Justine Henin. » Il aura fallu un apport de capitaux publics de 11,2 milliards d’euros pour que la banque Fortis échappe à la faillite. Elle a désormais été partagée en deux et la partie néerlandaise s’appelle Ageas. Je pense que beaucoup de nos amis belges ou néerlandais sont heureux qu’il n’y ait pas beaucoup de gens qui savent travailler comme Votron.
Cette citation de La libre Belgique est rapportée par Gaël Giraud et Cécile Renouard, dont je recommande fortement le passionnant livre qu’ils viennent de faire paraître aux éditions Carnetsnord, Le facteur 12 – Pourquoi il faut plafonner les revenus. Je l’ai dévoré et j’en reparlerai.
Pour lire le texte original, on va sur le blogue de l’auteur
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