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Le samedi 23 avril 2022

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Contre l’austérité : vers un contrat social européen

L’auteure invitée est Clotilde de Gastines, du site Metis, correspondances européennes du travail

Les syndicats européens s’apprêtent à lancer une grande offensive sociale en réponse aux politiques d’austérité. La secrétaire générale de la confédération européenne des syndicats (CES), Bernadette Ségol a détaillé son projet de « contrat social » devant les journalistes de l’information sociale (AJIS) à Paris le 3 avril dernier.

L’organisation qui représente les intérêts des travailleurs auprès des institutions européennes finalisera le « contrat social » en juin et ses membres (83 syndicats et 12 unions sectorielles) le déclineront au niveau national et européen.

Les politiques d’austérité, les coupes de salaires, le démantèlement des services publics ont « aggravé le chômage et la récession en Grèce, en Espagne, en Irlande et au Portugal » rappelle la patronne des syndicalistes. Elles ont été mises en place dans un laps de temps « trop court ». Résultat : le chômage est en augmentation constante dans la zone Euro : à 10,8%. « Le pacte fiscal signé début mars représente une partie de la gouvernance économique européenne ». Cette méthode de « retour à l’équilibre budgétaire est contre-productive, injuste », pire il facilite la mise en place de « politiques néolibérales », accuse-t-elle avec vigueur au bout d’un an de mandat.

La poussée du Front de Gauche en France illustre, selon Bernadette Ségol « le besoin d’une réorientation forte en faveur d’une Europe plus sociale. L’intégration européenne est une partie de la solution, si elle est bien menée. (…) Sans gouvernance sociale, l’Europe ne pourra pas être soutenue sur le long terme par les populations ». Son accent du Sud atténue cette note très pessimiste.

Ce contrat social suppose une politique de croissance et de solidarité économique. Il comprend des mesures de sortie de crise avec entre autre des investissements financés par des obligations européennes, un soutien direct de la banque européenne aux États, une taxation minimale sur les sociétés en Europe (« peut-être autour de 20% »), la construction d’infrastructures vertes, une augmentation du capital de la banque européenne d’investissement (BEI), le renforcement de la lutte contre les paradis fiscaux.

Le rôle de la BCE a fait l’objet d’un rendez-vous avec Angela Merkel le 22 mars dernier. La chancelière allemande s’est montrée « directe et ferme dans sa volonté de continuer sa politique telle quelle ». Bernadette Ségol, qui était à la tête de la délégation de la CES : « Cette rencontre nous a conforté dans l’idée que l’union politique fait fausse route dans la gouvernance économique ». Les prêts de la BCE aux banques sont nécessaires, mais le problème, c’est que « les banques n’utilisent pas ces fonds pour financer l’économie réelle ».

Lutte contre le dumping social

Le contrat social propose aussi des mesures sociales. Un « arrêt du dumping social » qui met en concurrence les salariés européens et leurs conditions de travail. Cela fera l’objet d’une campagne spécifique « à travail égal, salaire égal ». Le « sujet sensible » des délocalisations devraient être mieux appréhendé pour permettre le reclassement des salariés et s’assurer que le choix de la délocalisation n’est pas une erreur.

Le contrat social devrait prévoir un salaire minimum européen de l’ordre de 50% du salaire moyen ou 60% du salaire médian « à atteindre graduellement dans les pays qui en sont le plus éloigné ». Mais il ne s’agira pas de militer pour un salaire minimum à imposer partout en Europe : « Les pays d’Europe du Nord, où les salaires sont plus élevés, n’en veulent pas. Il faut préserver leur capacité de négociation ».

Enfin, le contrat social cible les jeunes européens. « L’emploi des jeunes, c’est le problème numéro un de tous les problèmes numéro un. Il n’y aura pas de solution sans développement de l’apprentissage et sans faciliter leur accès à la vie professionnelle ». D’autant plus que « quand on parle de précaires, on parle de jeunes ». « Depuis 30 ans, une culture s’est imposée selon laquelle chacun peut défendre ses intérêts individuellement plutôt que collectivement. Cette culture a pénétré les esprits mais cela peut changer car les jeunes se retrouvent dans une profonde solitude aujourd’hui, que ce soit face au chômage ou face aux employeurs ». Ils prendront peut être goût au syndicalisme, le chemin sera long, mais pas impossible à ses yeux.

Sur la faisabilité de tels projets, Bernadette Ségol répond que « L’Europe est toujours capable de se donner la compétence, quand elle a la volonté politique. Les juristes trouvent toujours la solution, souvent miraculeuse ».

Pour lire le texte original, avec les tableaux et graphiques, on va sur le site de Metis, correspondances européennes du travail

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