Les chefs d’État et de gouvernements du G20 se réuniront les 24 et 25 septembre prochains à Pittsburgh. Cette rencontre, la troisième depuis le déclenchement de la crise, est d’autant plus importante que la tentation du « business as usual » est grande alors que se multiplient les déclarations voulant que la récession tire à sa fin. Déjà, plusieurs gouvernements, dont celui du Canada et du Québec, semblent plus enclins à discuter des moyens de rétablir l’équilibre de leurs finances publiques qu’à s’attaquer aux problèmes d’emplois et d’inégalités, qui eux, continuent de croître et menacent le caractère durable de la reprise.
À quelques jours de cette grande rencontre, la Confédération syndicale internationale (CSI) met en garde contre un excès d’optimisme quant aux perspectives de reprise. Dans une déclaration présentée conjointement avec la commission syndicale consultative auprès de l’OCDE et les Fédérations syndicales internationales, elle rappelle que la crise de l’emploi est loin d’être terminée. En effet, alors que l’Organisation internationale du travail (OIT) prévoit que le nombre de chômeurs à travers le monde augmentera de près de 59 millions d’ici la fin de l’année, les taux de chômage dans plusieurs pays de l’OCDE, dont le Canada, devraient dépasser les 10 %.
Pour faire face à cette situation, le mouvement syndical international demande à ce que le Sommet du G 20 se transforme en un Sommet de l’emploi. L’emploi doit être la priorité numéro un. Les gouvernements doivent s’engager à mettre en place de nouvelles mesures de relance budgétaire axées sur le maintien et la création d’emplois, ainsi que sur la protection sociale et l’investissement dans l’économie verte. Ils doivent aussi mettre en œuvre le Pacte mondial pour l’emploi négocié par l’OIT.
Ces revendications ne signifient pas l’abandon de demandes pour une réforme radicale du système financier. À cet égard, le mouvement syndical international ne cache pas son inquiétude. On attend toujours que les engagements pris au sommet de Londres soient mis en œuvre ; engagements qui ne sont pourtant qu’un minimum et qui demeurent insuffisants pour mettre fin à une hypertrophie de la finance qui dévaste l’économie réelle.
La CSI souhaite donc que le prochain G 20 donne une nouvelle impulsion à la réforme du système financier. Les gouvernements du G 20 doivent envisager des réformes de la fiscalité qui vont au-delà de la lutte contre les paradis fiscaux. Ils doivent de façon urgente s’attaquer à la rémunération et aux bonus extravagants des dirigeants. Par ailleurs, la Déclaration syndicale internationale de Pittsburgh remet à l’ordre du jour la création d’une taxe mondiale sur les transactions financières. Cette mesure permettrait de freiner la spéculation et les prises de risque excessives. Elle aurait aussi pour avantage de faire contribuer les grands responsables de la récession actuelle au financement de sa gestion publique.
Le mouvement syndical international exige aussi qu’un soutien particulier soit apporté aux pays en développement, et que des objectifs ambitieux dans la lutte aux changements climatiques soient pris pour la Conférence mondiale de Copenhague sur l’environnement et le développement durable.
Convaincues que des réformes radicales sont nécessaires afin d’éviter « un retour à la normale », les organisations syndicales insistent sur le fait qu’une redistribution plus équitable des richesses est la seule voie durable pour sortir de la crise. Elles lancent un appel pour : « (…) un nouveau modèle de développement économique qui conjugue efficacité économique, équité sociale et soutenabilité environnementale. Ce modèle doit rééquilibrer la relation entre intervention publique et forces du marché dans l’économie mondiale, entre finance et économie réelle, entre droits du travail et capital, entre pays en excédent commercial et pays en déficit et entre pays industrialisés et pays en développement ».
Note : Au Québec, la CSD, la CSN et la FTQ sont affiliées à la Confédération syndicale internationale (CSI), laquelle représente 168 millions de travailleurs au sein de 311 organisations affiliées nationales dans 155 pays.
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