L’auteur invité est Vincent Van Schendel, économiste et chercheur
1- Pourquoi parler de territoire ?
Quelle relation y a-t-il entre le territoire et la dynamique économique de l’accumulation ? Entre le territoire et les luttes sociales des dernières décennies ? Quelle est l’importance du territoire dans les mobilisations et l’identification de perspectives ?
Mais d’abord : qu’est-ce que le territoire ? Une première définition est celle d’un espace physique délimité : le territoire de la forêt boréale, le territoire de chasse de l’ours, le territoire du Saguenay-Lac St-Jean, l’île de Montréal. Le territoire serait ainsi une donnée naturelle. Pourtant, cet espace est la plupart du temps défini par des êtres vivants qui l’occupent, y vivent, y agissent. Pour ce qui nous intéresse, ces êtres vivants sont des humains. On peut donc dire que le territoire est un espace d’action délimité par des êtres humains. Cette délimitation n’est pas neutre : il n’y a pas de territoires sans acteurs et sans projets. La question qui se pose dès lors est bien sûr de savoir de quelles actions on parle, de quels projets et quels sont les acteurs qui en sont les parties prenantes ; quelles sont les visions à l’œuvre et les conflits qui en découlent. Le territoire, comme tout ensemble humain, est un espace de conflits.
Mais reprenons depuis le début. Le territoire est un espace délimité par et pour l’action humaine. Qu’il s’agisse des régions administratives, des municipalités régionales de comté, des municipalités, des arrondissements, des territoires des conseils centraux de la CSN ou des conseils régionaux de la FTQ, ces définitions sont le fait d’organisations ou de pouvoirs publics. Ces délimitations évoluent et se transforment : elles sont des constructions adaptées à l’action de ceux et celles qui y agissent.
La plupart des données disponibles sont colligées par des organismes publics et correspondent donc aux définitions territoriales de ces organismes : régions administratives, MRC, municipalités, etc. Nous les reprenons ici pour plus de commodité, tout en étant conscient que d’autres délimitations peuvent exister.
2- La concentration de l’activité et les inégalités
Premier constat : l’activité humaine, et particulièrement l’activité économique, est inégalement répartie, ou, disons le carrément, fortement concentrée dans certaines zones. Ainsi, la moitié de la population du Québec habite dans un rayon de 50 km du centre-ville de Montréal. Cette zone recoupe pour l’essentiel la communauté métropolitaine de Montréal (CMM) avec 82 municipalités réparties dans cinq régions administratives. Cette zone représente, grosso modo, également la moitié des emplois et de la production du Québec. Les trois quarts de la population habitent en zone urbaine, laquelle assure par ailleurs plus de 82% du produit intérieur brut (PIB). Les communautés rurales, réparties sur une superficie beaucoup plus grande, regroupent le quart de la population et 18% du PIB, tout en générant des activités ailleurs. […]
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