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Le samedi 23 avril 2022

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Éducation: la position du Parti Québécois est claire

L’auteure invitée est Pauline Marois, chef du Parti Québécois

Alors que les journalistes présentent la position du PQ sur la crise étudiante comme ‘ambigüe’, il vaut la peine de donner la parole à la principale intéressée.

Sur la question du financement des universités, notre position a été adoptée au congrès d’avril 2011.

Notre position est claire :
• Si nous remportons la prochaine élection, nous nous engageons à annuler la hausse de 82 % des droits de scolarité décrétée par le gouvernement;
• Nous tiendrons un sommet sur l’enseignement supérieur;
• Ce sommet portera sur le financement et la gestion des universités, l’accessibilité aux études, l’endettement des étudiants, la qualité de l’enseignement et de la recherche ainsi que les droits de scolarité incluant les frais afférents;
• Lors du sommet, un tiers des sièges sera réservé aux représentants des étudiants, un autre aux représentants du monde de l’éducation et l’autre tiers aux représentants de la société civile;
• Toutes les propositions pourront être étudiées lors de ce sommet où aucun sujet ne sera tabou;
• La proposition d’un gouvernement du Parti Québécois sera qu’aucune hausse ne devra être supérieure au taux d’inflation, tant et aussi longtemps que le Québec n’aura pas atteint la moyenne canadienne du taux de diplomation;

Les contradictions libérales

Nous avons donc été d’une grande constance en maintenant cette position nuancée et responsable. Nous avons d’ailleurs vu au cours des derniers mois que la position sans nuance du gouvernement libéral n’avait pas tenu la route. Les libéraux affirmaient par exemple que l’accessibilité aux études des étudiants des familles de la classe moyenne n’était pas du tout menacée par la hausse de 82 %. Depuis, le gouvernement a admis son erreur en proposant de modifier le système de bourses pour faciliter l’accessibilité des jeunes de la classe moyenne.

Le gouvernement a répété inlassablement qu’il fallait injecter plus d’argent dans nos universités, mais sans jamais accepter de se poser des questions urgentes sur la gouvernance. Pourtant, à chaque fois que je passe devant l’îlot Voyageur et que j’aperçois le drap qui couvre l’édifice comme un sac de la honte, je me dis que tout ne tourne pas rond. Le gouvernement l’a admis en formant un comité sur la gestion des universités.

Une génération qui supporte déjà un lourd fardeau financier

Le gouvernement a répété comme un mantra que « chacun devait faire sa juste part. » Mais qu’est-ce qu’il y a de juste à imposer une hausse de 82 % aux étudiants? Nos jeunes, que certains se plaisent à décrire comme des bébés gâtés, paient déjà beaucoup plus en droits de scolarité que leurs prédécesseurs des années 70, 80, 90 et 2000. Ils devront en plus supporter le fardeau d’une dette publique qui a explosé depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux. Ils devront soutenir les dépenses publiques liées au vieillissement de la population – les pensions de retraite et les soins de santé – à même leurs impôts. Jamais dans l’histoire du Québec une génération de jeunes n’aura eu à assumer plus lourde part. Et il faudrait en rajouter à coup de 82 %? Je crois au contraire que nous avons tout intérêt à favoriser l’enrichissement des nouvelles générations, elles qui paieront largement « leur juste part » d’impôts et de taxes tout au long de leur vie active.

Les solutions du Parti Québécois pour sortir de l’impasse

Depuis le début du conflit, nous avons proposé plusieurs solutions pour dénouer l’impasse :
• Le 21 mars, la veille de la grande manifestation pacifique qui a réuni quelque 200 000 personnes à Montréal, j’invitais le premier ministre à ouvrir le dialogue avec les étudiants;
• Le 27 mars, la députée de Taillon et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’enseignement supérieur, Marie Malavoy, déposait une motion à l’Assemblée nationale pour exiger du gouvernement qu’il négocie avec les représentants des mouvements étudiants afin de dénouer la crise. Malheureusement, le gouvernement a voté contre la motion;
• Le 25 avril, j’ai réclamé une suspension de la hausse des droits de scolarité prévue pour septembre afin de faciliter le dialogue, comme l’ont fait de nombreux sages, dont les anciens ministres libéraux Claude Castonguay et Jean Cournoyer;
• Puis le 2 mai, j’ai demandé au gouvernement de nommer un médiateur, à l’instar de plusieurs personnalités publiques qui en avaient fait la suggestion.

Jean Charest a rejeté toutes les propositions que nous lui avons soumises préférant laisser le conflit dégénérer. Les seules réponses que nous avons eues du gouvernement, ce sont des insultes et un mépris lourdement affiché par le premier ministre envers les dizaines de milliers de citoyens québécois qui arboraient le carré rouge. Le chef libéral s’est même abaissé à associer le carré rouge à la violence.

Après 13 semaines de conflit, l’impasse demeure entière et le gouvernement semble naviguer à vue en plein brouillard. À la suite du refus de l’entente signée samedi, j’ai demandé de nouveau au premier ministre qu’il reprenne le dialogue avec les étudiants afin qu’ils puissent terminer leur session. Il a de nouveau refusé.

Jean Charest a préféré jeter les blâmes à gauche et à droite plutôt que de prendre ses responsabilités de premier ministre. En s’en prenant à moi, le chef libéral est même allé jusqu’à donner des leçons à propos des qualités requises pour occuper la fonction de premier ministre. Ni moi ni personne n’a de leçon à recevoir d’un homme qui a laissé s’installer la corruption, l’endettement, l’injustice et maintenant un conflit social dont tout le Québec sort perdant. Comme c’est son habitude depuis neuf ans, Jean Charest tente de détourner l’attention de son bilan en accusant ses adversaires et en déformant les faits.

Dur avec nos enfants, mou envers la corruption

Si le gouvernement avait écouté et appliqué les solutions que nous lui avons proposées, nous ne nous retrouverions pas aujourd’hui dans un tel cul-de-sac. Nous devons nous poser la question suivante : pourquoi le gouvernement a laissé les choses dégénérer ainsi? Pour moi, la réponse est claire. Si Jean Charest s’est montré si dur avec nos enfants, c’est pour faire oublier à quel point il a été mou envers la corruption.

Pour lire le texte original, on va sur le site du Parti Québécois

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