L’auteur invité est Cédric Leterme, du site Metis, correspondances européennes du travail
Comme en Europe, les jeunes Américains sont parmi les plus touchés par la crise économique et financière. Officiellement, 23% d’entre eux sont au chômage. Et pour les autres, les conditions de travail et de rémunération ne cessent de se dégrader. Toutefois la crise n’explique pas tout. C’est du moins ce que suggère une étude de l’Economic Policy Institute, qui parle de « décennie perdue » à propos de l’évolution des salaires des jeunes aux États-Unis.
Pour l’auteur de l’étude, les perspectives d’emploi chez les jeunes sont un bon indicateur de la santé générale du marché du travail. Quand les perspectives sont bonnes, elles sont encore meilleures pour les jeunes. Quand elles se détériorent, ceux-ci sont plus durement touchés. Entre 1973 et 1995, alors que les salaires diminuaient de manière générale aux États-Unis, ce sont les jeunes qui ont subi la baisse la plus importante. À l’inverse, pendant la période de boom allant de 1995 à 2000, ce sont eux qui ont connu la hausse la plus forte.
Or depuis 2000, les États-Unis sont à nouveaux entrés dans une période de stagnation salariale, que la crise n’a fait qu’aggraver. Résultat, entre 2000 et 2011, toutes les catégories de jeunes ont vu leur salaire diminuer, peu importe leur niveau d’étude.
Des tendances de long terme
Pour les moins instruits, cette évolution s’inscrit toutefois dans un processus de baisse tendancielle initié dès 1979. Malgré le boom des années 1995-2000, le salaire moyen pour un homme de cette catégorie est aujourd’hui inférieur de 25,3% à ce qu’il était en 1979! Pour les femmes, la baisse n’est « que » de 14,2%, mais elles continuent d’enregistrer un retard de 15% par rapport à leurs collègues masculins.
Pour les jeunes diplômés de l’ensignement supérieur, le bilan est plus nuancé. La période 1979-1996 a vu leurs revenus plutôt stagner. La hausse vertigineuse enregistrée à la fin des années 90 a donc plus que compensé cette stagnation. Toutefois, le déclin observé depuis 2000 semble indiquer que ce boom était l’exception plutôt que la règle. D’ailleurs de 1979 à 2011, les revenus des jeunes hommes les mieux éduqués n’ont progressé que de 5,2%. Et si les femmes s’en sortent mieux, avec une augmentation de 15,4% sur la même période, elles accusent ici encore un retard important sur la rémunération masculine.
Des dettes qui s’accumulent
Shannon Zimmer, 26 ans, est assistante de cours dans un lycée de Chicago. Elle confirme que les temps sont durs pour les jeunes de son âge. « C’est devenu très difficile de trouver un emploi à la sortie des études. Et les prêts étudiants s’accumulent si vite! ». Obligée de retourner vivre avec sa mère faute de revenus suffisants, elle est convaincue que sa génération vivra moins que bien que la précédente. « Aujourd’hui, la plupart des jeunes sont surendettés. On met plus de temps que nos parents à quitter le foyer familial, à acheter une maison, à nous marier ».
En 2008, les jeunes ont joué un rôle clé dans la victoire d’Obama à l’élection présidentielle. Ils étaient alors 2 millions de plus qu’en 2004 à se rendre aux urnes et 66% des 18-29 ans s’étaient prononcés en faveur du candidat démocrate. En 2012, l’enthousiasme semble quelque peu retombé. Ils ne sont plus que 55% à se déclarer favorables au Président sortant. Mais surtout, beaucoup ne croient plus en un jeu politique qui les a considérablement déçus ces 4 dernières années. « On voit clairement que cette génération se dirige vers les élections de 2012 avec beaucoup plus d’apathie qu’en 2008 », explique ainsi un politologue d’Harvard au magazine Bloomberg. Une bien mauvaise nouvelle pour Obama…
Pour lire le texte original, avec les tableaux et graphiques, on va sur le site de Metis, correspondances européennes du travail
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