L’auteur invité est Cédric Leterme, du site Metis, correspondances européennes du travail
En janvier 2011, Gordon Brown appelait Barack Obama et le G20 à prendre conscience de la « bombe sociale à retardement » que représente le chômage de près de 81 millions de jeunes dans le monde. L’Organisation internationale du travail (OIT) évoque à ce sujet « une crise d’une ampleur sans précédent».
En 2011, sur dix chômeurs dans le monde, quatre étaient des jeunes. Les 15-24 ans auraient trois fois plus de chance de se retrouver sans emploi que les adultes (jusqu’à cinq fois plus en Asie du Sud et Asie du Sud-Est). Dans ce contexte, l’OIT organise une série de consultations nationales et régionales destinées à préparer le « Forum de l’emploi des jeunes » et la « Conférence internationale du travail » prévues en mai et juin prochain. L’une des consultations s’est tenue à Bruxelles, le 16 mars dernier, sur le thème « Travail décent pour les jeunes – la dimension européenne ». Co-organisé avec le Comité économique et social de l’UE (CESE), l’événement a réuni le Forum Européen de la Jeunesse, les partenaires sociaux européens, le CESE, la Commission européenne, la Présidence danoise, des représentants des États membres et des groupes politiques du Parlement européen.
Si le constat d’urgence semblait unanimement partagé par les différents participants, les propositions ont varié d’un intervenant à l’autre. La Commission européenne a ainsi rappelé ses actions, passées et futures, en matière d’emploi des jeunes. Parmi celles-ci, la volonté de mieux utiliser les fonds structurels pour cibler des enjeux spécifiques à l’emploi des jeunes a semblé faire consensus. Plus de 30 milliards d’euros n’ont pas encore été affectés pour la programmation 2007-2013 !
Néanmoins, certains ont regretté le manque de mise en œuvre concrète, ainsi que les problèmes de coordination et de cohérence qui affectent certaines initiatives européennes. Au-delà du respect du principe de subsidiarité, il semble donc y avoir la place pour une meilleure articulation entre les politiques nationales et européennes sur le sujet.
Pas de solution miracle
La plupart des participants étaient toutefois d’accord pour reconnaitre qu’il n’existe pas de solution miracle en ce qui concerne l’emploi des jeunes. Les programmes d’apprentissage ou de soutien à l’entreprenariat peuvent par exemple être des pistes intéressantes, mais ces mesures doivent tenir compte des contextes particuliers (nationaux, régionaux, etc.) dans lesquels elles s’inscrivent. Les propositions ne peuvent pas uniquement porter sur « l’activation » des jeunes chômeurs. Il faut également tenir compte de l’état du marché du travail et des possibilités réelles dont ceux-ci y disposent.
D’une manière plus générale, la précarisation des jeunes à travers l’Europe appelle également des mesures de fond, notamment en termes de droits. Il a ainsi été suggéré de reconnaitre des normes minimales concernant les conditions de stages ou encore de revoir l’accès à la protection sociale pour des catégories d’âge qui en sont souvent dénuées. De même, le manque de participation des jeunes et la faible consultation de leurs organisations et réseaux dans les mécanismes du dialogue social a été pointée du doigt par certains participants. L’inscription du thème de l’emploi des jeunes dans le programme de travail conjoint 2012-2014 des partenaires sociaux européens pourrait à ce titre être l’occasion d’une plus grande implication.
Un défi pour l’avenir
La situation de la jeunesse constitue un enjeu de taille pour l’avenir de l’Union européenne. Selon l’OIT, 7,5 millions des 15-24 ans du continent ne vont pas à l’école, n’ont pas de travail et ne sont pas en formation. Même les mieux formés ont de plus en plus de mal à trouver un emploi. Au-delà du gâchis économique, l’institution rappelle que c’est la confiance d’une génération entière dans ses institutions qui risque d’en pâtir. L’avertissement est à méditer, dans une Europe qui suscite de moins en moins l’enthousiasme.
Pour lire le texte original, avec les tableaux et graphiques, on va sur le site de Metis, correspondances européennes du travail
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