Il n’y a pas qu’en Europe où la politique de rigueur risque de nous mener à la récession, voire à la dépression si la droite conservatrice s’entête à poursuivre aveuglément cette voie. La droite conservatrice canadienne nous mène à ces mêmes pratiques irresponsables.
Selon le Centre canadien des politiques alternatives (CCPA), les compressions du gouvernement fédéral auront comme conséquence des pertes massives d’emplois. L’étude effectuée par l’économiste principal David Macdonald prévoit que l’impact des deux prochaines vagues de compressions, récemment annoncées, impliquera qu’entre 60 100 et 68 300 emplois seront perdus à travers le Canada. Le plus récent rapport économique et fiscal publié par le directeur parlementaire du budget, Kevin Page (décidément, il n’arrête pas de nous surprendre celui-là), souligne que le frein appliqué aux dépenses publiques au fédéral et dans les provinces permettra probablement aux gouvernements du pays d’atteindre l’équilibre budgétaire, mais cela entraînera aussi un ralentissement de la croissance économique et la perte de 100 000 emplois !
Selon M. Page, les mesures adoptées par Ottawa retrancheront 52 milliards à l’économie d’ici 2015, et celles des provinces un 9 milliards supplémentaire. Dans le court terme, l’économie canadienne s’en ressentira avec une croissance plus faible, de 1,6 % en 2013, soit huit dixièmes de point de moins que ce qui est prévu par la Banque du Canada et le secteur privé. Sur le marché du travail, cela se traduirait par 18 000 emplois de moins cette année et 108 000 emplois de moins en 2015. Le taux de chômage, qui est actuellement de 7,2 %, passerait à 7,9 %en 2013.
On peut d’ailleurs déjà constater les impacts de ces politiques en Ontario. Malgré des chiffres globaux encourageants, les statistiques de l’Enquête de la population active pour le mois d’avril indiquent que l’Ontario sera l’une des principales victimes des mesures fédérale et provinciale. Le secteur privé a perdu un peu plus de 9 000 emplois et l’augmentation du nombre de personnes à la recherche de travail a entraîné une hausse de 0,4 point de pourcentage du taux de chômage. Mais les pertes des emplois du secteur public du fédéral toucheront fortement l’Ontario, ainsi que le Québec. Au Québec, le pib fait du surplace, grugé par la décroissance de la production de biens (- 0,4 %), tandis que la production de services continue d’avancer très légèrement (+ 0,1 %).
Cette dynamique régressive se répercute négativement sur les salaires. Ce n’est pas sans raison que c’est en Ontario où la croissance des salaires et l’inflation sont parmi les plus faibles. C’est un bien mauvais présage pour la suite des choses, qui laisse deviner la possibilité du scénario européen : ralentissement de la progression des salaires, baisse de l’inflation, affaiblissement des transactions, baisse du cash-flow des entreprises, difficulté à rembourser les dettes, qui deviennent de plus en plus insupportables. C’est le scénario de la rigueur dans un contexte d’affaiblissement économique, ou celui de la dépression…
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