Encore une fois les statistiques sur l’économie canadienne semble donner raison aux optimistes qui, malgré la crise, espèrent que rien n’a vraiment changé dans ce merveilleux monde des marchés ! En effet, es ventes des fabricants ont augmenté de 5,5 % en juillet, qui suit une hausse de 2,2 % affichée en juin.
Mais il faut préciser que les statistiques du mois de juillet montrent que, d’une part, ce sont les industries des véhicules automobiles qui ont été principalement à l’origine de l’augmentation des ventes affichée en juillet et que, d’autre part, les ventes des fabricants en juillet sont tout de même demeurées inférieures de 22,4 % à celles affichées le même mois un an auparavant. Autrement dit, la croissance de l’industrie manufacturière canadienne en juillet est assurée par les contribuables des Etats-Unis grâce au programme de « Prime à la casse ». Le modèle le plus populaire de ce programme est la Toyota Corolla, principalement (et bientôt uniquement) fabriquée en Ontario.
L’industrie des produits du pétrole et du charbon est celle qui a accusé la diminution des ventes la plus importante en juillet. Malheureusement, ce n’est pas parce que la production a baissé mais tout simplement en raison d’une diminution des prix de 5,2 %.
C’est évidemment l’Ontario qui a le plus profité de la croissance de l’industrie manufacturière en juillet, dans la foulée de la hausse des ventes des véhicules automobiles. Au Québec, les ventes ont augmenté de 4,0 % en juillet, après une hausse de 6,0 % en juin. La progression dans la province a été généralisée, 17 des 21 industries ayant enregistré une hausse de leurs ventes. L’industrie aérospatiale a affiché la hausse la plus importante de la production en dollars, avec une croissance de 6,4 %.
Mais Statistiques Canada nous montre aussi cette semaine que nous sommes loin d’être sortie de la récession : les industries canadiennes ont réduit leur taux d’utilisation de leur capacité de 2,8 points de pourcentage au deuxième trimestre, lequel est passé à 67,4 %. Même s’il s’agit d’une baisse plus faible que celle de 5,2 points de pourcentage enregistrée au premier trimestre, reste que, néanmoins, l’utilisation de la capacité industrielle a atteint son niveau le plus bas depuis le début de la série de données, en 1987.
Tous les secteurs, sauf celui de la fabrication d’aliments, ont vu l’utilisation de leur capacité diminuer : 20 sur les 21 grandes industries du groupe de la fabrication ont diminué l’utilisation de leur capacité de production au deuxième trimestre, ce qui reflète la faible demande de biens fabriqués. Par exemple, le taux d’utilisation a baissé de 0,9 point dans le secteur du matériel de transport pour s’établir à 46,0 %, après avoir diminué de 12,1 points au premier trimestre de 2009 et de 9,2 points au quatrième trimestre de 2008.
Dans le groupe hors fabrication, l’utilisation de la capacité a diminué dans tous les secteurs, la baisse la plus forte ayant été enregistrée par l’exploitation minière et l’extraction de pétrole et de gaz. Le secteur minier a fonctionné à 50,2 % de sa capacité au deuxième trimestre, comparativement à 56,5 % au premier trimestre, tandis que celui de l’extraction de pétrole et de gaz a réduit l’utilisation de sa capacité de 1,9 point, ayant fonctionné à 76,1 % de sa capacité, ce qui a complètement annulé la hausse de 1,2 point enregistrée au premier trimestre.
Si, dans une telle situation, le prix du baril de pétrole reste tout de même élevé, à 70 $ le baril, on peut s’attendre à le voir exploser, l’an prochain, sous l’effet des pratiques spéculatives qui n’ont rien perdu de leur vigueur. Car, il est de plus en plus difficile d’en douter maintenant : si, comme le montre les données de l’utilisation des capacités de production, nous semblons avoir atteint en juillet le fond du baril, l’indicateur avancé du mois d’août de Statistiques Canada semble clairement indiquer que la reprise se fera bel et bien dans les 6 à 9 prochains mois.
L’indicateur avancé composite a augmenté de 1,1 % en août, après avoir progressé de 0,6 % en juillet. Habituellement, la croissance de l’indicateur avancé ne dépasse 1 % qu’au début de la période de redressement qui fait suite à un ralentissement. En août, 8 des 10 composantes ont enregistré des hausses, par rapport à 5 le mois précédent. Le secteur du logement a augmenté de 3,1 % après de fortes progressions en juin et en juillet. Il s’agit de la plus forte croissance sur trois mois enregistrée depuis le printemps 1991. Les nouvelles commandes de biens durables fabriqués au Canada se sont accrues de 8,1 % au début de l’été, la plus forte hausse jamais enregistrée. Enfin, l’indicateur avancé des États-Unis a progressé de 0,7 %, soit sa troisième hausse consécutive après avoir baissé constamment pendant près de deux ans.
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