Malgré le fait que le commissaire au développement durable avait vertement dénoncé la démarche brouillonne du gouvernement Charest dans la lutte contre les changements climatiques (voir le rapport en cliquant ici), le nouveau Plan d’action pour 2012-2020 accentue encore plus le caractère ‘relationniste’ de la politique gouvernementale. Non seulement le PACC 2020 ne corrige rien, il camoufle les impacts prévisibles désastreux des projets de développement minier et énergétique de ce gouvernement.
Comment comprendre qu’avec une cible globale ambitieuse, et tout à fait honorable, de réduction 20% des GES par rapport à 1990, ce qui représente l’obligation de réduire de 17,3 millions de tonnes les émissions de CO2, le plan dévoilé la semaine dernière n’y inscrit que seulement 6 millions de tonnes (voir pages 45 et suivantes du PACC 2020) ? Signalons que les évaluations pour la période 2009-2012 sont carrément faussées, dans la mesure où on anticipe la poursuite d’une diminution des émissions (celles de 2009) qui était principalement due à la conjoncture économique difficile. Il n’y a rien qui indique qu’une diminution devrait effectivement avoir lieu pendant cette période. Par ailleurs, les estimations pour la période 2012-2020 ne tiennent pas compte d’un éventuel développement économique dans des secteurs à haute intensité carbone (minier ou énergétique par exemple).
Si les objectifs chiffrés du PACC 2020 sont si peu ambitieux, est-ce parce qu’on admet, au départ, qu’avec ses politiques actuelles et à venir le Québec est incapable d’atteindre la cible ou est-ce que c’est plutôt une volonté délibérée de limiter l’analyse au seul secteur des transports, évitant ainsi d’évaluer le potentiel des émissions des autres politiques publiques, telles que le Plan Nord ou la volonté de développer tout le potentiel des énergies fossiles que recèle le Québec ? Comment dans ce contexte ne pas penser que ce plan n’est rien d’autre, comme le dit Josée Boileau, qu’une vaste opération de camouflage.
Ce plan est d’autant plus décourageant que même dans le secteur du transport, vers lequel on veut donner l’impression de redoubler d’efforts, le discours gouvernemental relève de la fumisterie. Le ministère des transports reste encore et toujours enfermé dans l’ère de l’automobile-solo. Que ce soit dans l’échangeur Turcot ou dans la rue Notre-Dame, le MTQ refuse obstinément d’adopter le nouveau paradigme de la mobilité durable qui doit expressément s’affirmer dans le développement de l’offre de transport collectif ET dans la mise en place de mesures coercitives pour freiner le développement de l’automobile. Le MTQ prévoit allouer plus de 80% de ses dépenses en infrastructure dans les routes, contre 18% dans les transports collectifs. En soi, c’est la négation totale des objectifs annoncés dans le PACC. En ce qui concerne l’électrification des transports, il n’y a rien de majeur. On admet implicitement que le gouvernement s’est trompé dans le passé en refusant de mettre en place un programme de malus-bonus pour l’achat de véhicules neufs. On accepte maintenant le principe, mais pour sa mise en place seulement en 2015 alors qu’il aurait déjà dû être effectif depuis plusieurs années ! Le gouvernement se pette les bretelles en déclarant que deux tiers du plan d’action vont aller au transport, soit un peu plus de 1,5 milliards $ d’ici 2020.Or, comme je le signale dans un billet qui va paraître demain, pour la seule Communauté métropolitaine de Montréal, on évalue à 22,9 milliards $ les investissements nécessaires au chapitre du renouvellement des infrastructures existantes et du développement de nouvelles infrastructures de transports collectifs !
Encore une fois ce gouvernement nous montre qu’il est le maître du faux-semblant, pour ne pas dire le maître de la bullshit !
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