Extraits du 5e rapport du Programme des Nations unies sur l’environnement. Résumé à l’intention des décideurs
[…] 6. Réponses innovantes – une possibilité de coopération
GEO-5 recense un certain nombre de cibles et d’objectifs internationalement convenus qui répondent à la nécessité d’améliorer le bien-être humain dans le monde entier, tout en protégeant et en utilisant les processus environnementaux nécessaires à la vie. Pour atteindre ces cibles et objectifs aux fins d’un développement durable, de nouvelles réponses innovantes sont nécessaires à tous les niveaux, car la reproduction et la transposition à plus grande échelle des politiques actuelles ne suffiront pas à elles seules. Il ressort d’études existantes sur les scénarios de durabilité qu’il faut adopter à la fois des solutions de politique générale à court terme et des mesures structurelles à long terme pour atteindre les cibles fixées.
Les réponses aux niveaux local, national et international influent les unes sur les autres et engendrent un changement progressif et structurel en profondeur. En l’absence de solution universelle à la dégradation de l’environnement, toute une série de réponses adaptées sont nécessaires pour tenir compte de la diversité des besoins régionaux. Toutefois, dans les domaines d’intérêt commun au niveau mondial, une coordination, une participation et une coopération sont primordiales pour atteindre conjointement les cibles et objectifs convenus à l’échelon international tout en remédiant également aux déficits de capacités dans un certain nombre de pays.
Pour être efficaces, les mesures prises au niveau inframondial peuvent tirer parti des quatre observations stratégiques ci-après découlant des connaissances scientifiques récentes sur les processus de transition dans les systèmes socio-écologiques :
– Une vision convaincante de la durabilité – s’appuyant sur des cibles et objectifs et éclairée par la science. Il faut, à tous les niveaux, faire participer la société à la définition de visions d’un avenir durable et de ce qui est nécessaire pour s’engager dans la voie d’une transition réussie;
– Inverser ce qui n’est pas durable – parallèlement à l’adoption de mesures innovantes conformes à une vision et à une voie de durabilité, il faut déterminer et réorienter ou inverser les politiques qui ne sont pas durables;
– Exercer un effet de levier – pour réussir la transition, il faudra mettre en oeuvre un large éventail de mesures qui :
– Renforcent un état d’esprit favorable à la durabilité par l’éducation et la sensibilisation;
– Modifient les règles et les incitations en vue de favoriser les pratiques durables; et
– Assurent un retour d’information et apportent des ajustements aux processus physiques et aux structures des organisations en vue de maintenir les pressions environnementales à des niveaux acceptables;
– Gestion et gouvernance adaptatives – les gouvernements et autres entités doivent être mieux à même de gérer des processus de transition complexes en assurant continuellement un suivi, un apprentissage et une réorientation afin de réduire les coûts d’une non-réalisation des objectifs internationalement convenus.
Pour obtenir des résultats, il faut conjuguer des mesures en matière de technologie, d’investissement, de gouvernance et de gestion à des modes viables de consommation et de production. Une économie verte à bas carbone et utilisant efficacement les ressources dans le contexte du développement durable et de l’élimination de la pauvreté, assortie d’un soutien adéquat en faveur du développement de l’innovation écologique, offre de grandes possibilités environnementales et économiques pour la préservation de l’environnement, la création d’emplois nouveaux, l’abaissement des coûts de production et le renforcement de la compétitivité. Les mesures nouvelles ne seront couronnées de succès qu’à la condition d’être accompagnées d’une inversion ou d’une réorientation des politiques qui ont abouti à des résultats non durables. Des transformations d’une telle complexité exigent un processus de transition progressif mais régulier. Au cours de ce processus, il faudra suivre comme il convient l’impact des réponses de manière à pouvoir prendre, au besoin, des mesures correctives pour rester en bonne voie dans la réalisation des cibles et objectifs internationalement convenus.
Il est important de renforcer dans le même temps les conditions structurelles – en fournissant un appui pour le développement des capacités et en créant un environnement favorable conforme à la vision d’un monde durable.
Une démarche fondée sur les résultats pour faire progresser le bien-être humain et la durabilité supposent :
De définir des objectifs et de suivre les résultats en matière d’environnement dans le contexte de la fixation d’objectifs de développement durable
Il est essentiel de s’appuyer sur les enseignements tirés des ODM pour l’élaboration éventuelle d’objectifs de développement durable. Les instruments de mesure devraient permettre de suivre les progrès en matière de durabilité, de renforcer la responsabilisation et de faciliter l’apprentissage. Ces objectifs pourraient également servir de feuille de route pour les investissements publics et privés en vue de parvenir à une économie verte et sans exclusive pour stimuler le développement économique et la création d’emplois grâce à une utilisation durable des écosystèmes et des ressources naturelles ainsi qu’à des investissements dans les infrastructures et à la technologie. Des objectifs nouveaux liés aux facteurs critiques, et notamment à la consommation et à la production de denrées alimentaires, d’énergie et d’eau, pourraient être explorés. Un suivi systématique et des examens périodiques des progrès dans la réalisation des objectifs universellement convenus favoriseraient une amélioration continue et un apprentissage social ainsi qu’une responsabilisation des institutions et des individus.
D’investir dans le renforcement des capacités et des mécanismes aux niveaux local, national et international pour assurer la durabilité, grâce notamment à une économie verte dans le contexte du développement durable et de l’élimination de la pauvreté
À cette fin, des mécanismes pourront être nécessaires pour diffuser les principaux enseignements en matière de politique, sur la base des priorités retenues antérieurement et des contributions des gouvernements et d’autres parties prenantes du monde entier; de même qu’un renforcement de la responsabilisation grâce à la collecte et à l’évaluation de données, y compris un suivi financier et des examens réguliers. Un cadre de politique stable, des partenariats et la création d’un environnement porteur sont indispensables pour affranchir la créativité du secteur prive, conjointement avec l’innovation et le renforcement de la coopération technologique grâce à des plateformes de recherche-développement en collaboration et de partage des connaissances. Pour obtenir des résultats, il faudra aussi renforcer les capacités nationales en matière de conception, de formulation et de mise en œuvre de stratégies de lutte contre la dégradation de l’environnement.
De renforcer l’efficacité des institutions mondiales pour répondre aux besoins humains tout en évitant une dégradation de l’environnement
Dans le monde entier, les entités du système environnemental international doivent transformer leur approche opérationnelle en améliorant les efforts faits pour prendre en compte les préoccupations environnementales dans l’élaboration des politiques, des plans et des programmes économiques, obtenir des résultats aux niveaux infrarégional, régional, national et local et améliorer la coordination et la communication.
Une stratégie de protection de l’environnement à l’échelle du système des Nations Unies dans le contexte du développement durable pourrait être envisagée afin de mieux harmoniser son large éventail d’instruments, d’activités et de capacités et d’appuyer les efforts déployés par les États Membres pour mettre en œuvre les actions environnementales, y compris les accords multilatéraux sur l’environnement. Les autres facteurs de facilitation résident dans l’amélioration de la satisfaction des besoins en matière de renforcement des capacités dans les domaines de la science et de la politique dans le monde entier, le renforcement des systèmes de suivi et de la collecte de données ainsi que la diffusion ciblée des résultats scientifiques auprès de divers publics. À l’avenir, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) devrait apporter une contribution importante à l’interface entre la science et la politique. En outre, la création de synergies entre les conventions relatives aux produits chimiques et aux déchets – Bâle, Rotterdam et Stockholm – offre une possibilité d’améliorer la sensibilisation, le transfert de connaissances, le renforcement des capacités et la mise en oeuvre au niveau national qu’il conviendrait d’explorer plus avant.
Séries temporelles cohérentes, collections de données accessibles et évaluations
Pour pouvoir déterminer la valeur du capital naturel et des services écosystémiques et élaborer des politiques environnementales dictées par les faits, il faut disposer en temps voulu de données officielles et environnementales collectées régulièrement qui soient fiables, cohérentes, accessibles et utiles. De surcroît, il est impossible de juger de l’efficacité de politiques et de programmes en l’absence de données collectées et évaluées régulièrement et de façon répétée. Les informations environnementales qui en sont tirées devraient être intégrées aux données sociales et économiques en vue de leur inclusion éventuelle dans la comptabilité nationale. Ces informations sont en outre nécessaires pour montrer aux décideurs et aux autres parties prenantes comment les budgets sont alloués et pour mieux les comprendre et les utiliser.
Des ressources financières et un renforcement des capacités sont indispensables pour pouvoir recueillir des données fiables et cohérentes, notamment dans les pays en développement. Le développement des capacités techniques ainsi que des capacités institutionnelles pour ancrer la collecte, le suivi et l’utilisation des données de façon régulière dans les processus d’élaboration des politiques et de planification au niveau national revêt également un caractère hautement prioritaire.
De renforcer l’éducation écologique et la sensibilisation aux questions de durabilité
Faciliter la mise en oeuvre des buts et objectifs internationalement convenus, obtenir des résultats tangibles aux niveaux national, régional et international et aligner les politiques et programmes environnementaux sur les objectifs de développement durable en renforçant l’éducation et la sensibilisation aux questions de durabilité.
De renforcer l’accès à l’information, la participation du public aux processus décisionnels et l’accès à la justice en matière d’environnement
Le renforcement de l’engagement et le développement des capacités aux niveaux national et international passent par une participation étendue de la société civile, du secteur privé et d’autres acteurs compétents aux processus décisionnels. La communauté internationale et les gouvernements à tous les échelons pourraient améliorer l’accès à l’information, renforcer l’engagement des parties prenantes et développer les capacités afin de permettre aux parties prenantes de participer à la prise des décisions, ainsi que l’accès à la justice en matière d’environnement afin de relever les défis liés à l’environnement et au développement.
Malgré les défis considérables, il est possible de progresser dans la voie de la réalisation des cibles et objectifs environnementaux convenus au niveau international et la transition est déjà en cours. Il existe aujourd’hui de vastes possibilités de transposer à plus grande échelle des politiques qui peuvent aider à inverser les tendances environnementales négatives et à remédier aux inégalités et aux cadres institutionnels inadéquats dans lesquels fonctionne la société humaine aujourd’hui. La communauté internationale doit en outre investir impérativement dans des solutions structurelles allant de changements fondamentaux dans les valeurs, la conception et la structure des institutions à des cadres de politique innovants qui aideront à s’attaquer aux causes profondes et non pas simplement aux symptômes de la dégradation de l’environnement. Des solutions sont à portée de la main, mais une action urgente, ambitieuse et coopérative est indispensable pour atteindre les cibles et objectifs internationalement convenus et pour éviter des changements irréversibles dans les fonctions de la planète nécessaires à la vie et la poursuite de la hausse des coûts pour l’économie, l’environnement et le bien-être humain.
Pour lire le texte original au complet, on peut aller sur le site de L’UNEP. Pour consulter le rapport complet de 550 pages (anglais), on clique ici. Pour une analyse des faits saillants du bilan alarmant de GEO-5, lire l’article de Louis-Gilles Francoeur du 7 juin.
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