Il est peu probable que le Canada atteigne ses cibles de réduction de GES pour 2020 ! Ce n’est pas nous qui le disons, mais le commissaire à l’environnement et au développement durable, Scott Vaughan. « Selon les prévisions d’Environnement Canada, en 2020, les émissions n’auront pas baissé de 17 % par rapport à 2005. Elles auront augmenté de 7 % », indique M. Vaughan.
Or, nous le savons, ce gouvernement ami des pétrolières avait pourtant diminué ces cibles par rapport au minimum requis par les spécialistes pour éviter un scénario catastrophe du réchauffement, aux effets irréversibles. En choisissant cette cible de 17 % par rapport aux niveaux de 2005, c’est-à-dire la même que celle fixée aux États-Unis, le gouvernement Harper cherche à éviter l’opprobre de la communauté internationale. Il ne pouvait miser plus bas, sans perdre la face, tout en sachant fort bien qu’il ne peut atteindre cette cible.
La mauvaise foi des conservateurs est évidente. L’audit du commissaire Vaughan a révélé que l’approche canadienne n’était pas soutenue par un plan de mise en œuvre global, par une analyse détaillée de la façon dont les différents règlements seront coordonnés pour atteindre la cible de 2020. Il a également révélé que le gouvernement n’avait pas analysé le coût de cette approche pour l’économie canadienne. Autrement dit, l’argumentation du gouvernement selon laquelle la lutte aux changements climatiques affaiblirait l’économie canadienne n’est que mensonge et poudre aux yeux.
« Les règlements fédéraux en vigueur devraient contribuer à réduire les émissions de 11 à 13 millions de tonnes d’ici 2020. Or pour atteindre la cible, le Canada doit réduire ses émissions de 178 millions de tonnes supplémentaires. Comme il faut plusieurs années pour élaborer des règlements et pour que ceux-ci aient un impact, l’audit a conclu qu’il est peu probable qu’il reste assez de temps pour atteindre la cible fixée au moyen de cette approche. »
Une étude réalisée l’an dernier par Marc Lee, pour le compte du CCPA, signale que les exportations canadiennes de pétrole représentent une menace pour le climat. D’une part, à cause de l’exploitation des sables bitumineux, ces exportations contenaient en 2009 15% de plus de CO2 que toutes les émissions de CO2 produites par la combustion d’énergie fossile au Canada. Les réserves prouvées d’énergie fossile au Canada seraient l’équivalent de 91 gigatonnes de CO2, soit 4 fois les émissions mondiales. Mais les réserves possibles sont l’équivalent de 40 ans des émissions mondiales actuelles. Le Canada représente une bombe à retardement pour le climat.
L’Union européenne devrait y penser à deux fois avant de signer une entente de libre-échange puisqu’il y a un danger à ce que l’empreinte de leurs importations se détériore de façon appréciable en développant leurs échanges avec le Canada. Une étude réalisée pour la France montre en effet que l’empreinte carbone d’un Français était de 12 tonnes équivalent CO2 en 2007, soit une augmentation de 5 % depuis 1990, alors que ses émissions (8 tonnes) diminuaient de 15 % !!! L’explication : tandis que la composante intérieure (découlant de la production nationale) de cette empreinte diminuait de 19 %, la composante importée augmentait de 50 %. En 2007, près de la moitié des émissions liées à la consommation des Français provenait ainsi des importations. À cause des sables bitumineux, le développement du commerce avec le Canada augmentera l’empreinte des européens. Est-ce vraiment ce qu’ils désirent ?
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