La « réputation » de Walmart n’est plus à faire dans le monde syndical, partout à travers le monde. Malheureusement cette réputation n’est pas partagée par tout le monde, je dirais même par la majorité de la population. Avec les budgets publicitaires et la présence médiatique qu’a cette entreprise, elle a une capacité incroyable d’influencer les pratiques de consommation; mais avec ses politiques d’achats, elle a une influence encore plus grande sur les pratiques d’affaire dans le commerce de détail et plus généralement dans la façon de produire les biens.

Wal-Mart est la plus grande entreprise mondiale : elle a réalisé un chiffre d’affaires de plus 350 milliards de dollars et un bénéfice de 11,3 milliards de dollars en 2007. C’est le plus grand employeur privé des États-Unis, avec plus de 1,3 million de salariés américains et près de 4 000 magasins répartis dans tout le pays.

Or, il semble que les dirigeants de Walmart vont bientôt attacher à l’image de leur entreprise non seulement celle du produit le moins cher, mais aussi l’image d’un produit « vert ». La plus grande chaîne de détail du monde chercherait en effet à mettre en place un « universal rating system that scores products based on how environmentally and socially sustainable they are over the course of their lives ».

Est-ce qu’il s’agit là d’une vaste campagne de récupération marchande d’une tendance lourde de consommateurs de plus en plus préoccupées par les impacts directs et indirects de leurs pratiques de consommation, d’une simple démarche de « greenwashing » comme on en voit de plus en plus, ou bien assiste-t-on au début d’une transformation importante de faire les affaires ? Selon l’article du New York Times, la direction de Walmart serait surtout préoccupée par le fait que les jeunes (les personnes nées entre 1980 et 2000) ne réduiraient pas leurs décisions d’achats à la seule variable « prix », mais s’intéresseraient aussi à la provenance des produits et à leurs impacts, y comprix sur les populations des pays en développement. Quand Walmart fait du démarchage de recrutement dans les universités étasuniennes, l’enjeu du développement durable serait toujours dans le haut de la liste des préoccupations de ces jeunes.

« We have to change how we make and sell products », déclare Michael T. Duke, p-dg de l’entreprise, qui planifie commencer la démarche en envoyant un questionnaire à leurs plus de 100 000 fournisseurs un questionnaire composé de 15 indicateurs de durabilité sur leurs pratiques de production, tels que « Avez-vous publié des cibles de réduction de GES, et si oui quels sont ces cibles ? ». Je ne crois pas surprendre personne en vous disant qu’aucune question touche spécifiquement le respect des droits collectifs, dont celui à la syndicalisation, car dans ce cas ce serait plutôt l’entreprise elle-même qui ne respecterait pas l’un des principes fondamental du développement durable.

Dans un rapport intitulé « Discounting Rights : Wal-Mart’s Violation of US Workers’ Right to Freedom of Association », Human Rights Watch a établi que le géant de la distribution se démarque par l’amplitude et l’agressivité flagrantes de sa machinerie antisyndicale. Le martèlement antisyndical sans relâche de Wal-Mart crée un climat de peur dans ses magasins américains. De nombreux employés sont convaincus qu’ils subiront des conséquences néfastes s’ils constituent un syndicat, en partie du fait qu’ils n’entendent pas de points de vue pro-syndicaux. Ils sont également nombreux à craindre que s’ils défient leur puissant employeur en se syndiquant, ils pourraient encourir des représailles, y compris être licenciés. Aucun des salariés n’est syndiqué aux États-Unis.