La semaine dernière, à l’émission du matin de la première chaîne de Radio-Canada, on avait invité William Johnson à venir faire son numéro d’anglophone victime du « fascisme » souverainiste. Deux jours après la tentative d’assassinat de la première ministre du Québec par un anglophone dérangé mentalement, Radio-Canada, payé à même nos impôts, avait le culot de donner la parole à un de ces francophobes de la Gazette, ce journal de la haine, que je tiens responsable de l’hystérie collective qui a permis qu’un tel événement se produise. Pendant les quelques minutes d’antenne qu’il a eu pendant cette émission, il n’a cessé d’accuser tous les souverainistes d’être des intégristes, donc par définition des personnes intolérantes au pluralisme, des ennemies de la démocratie. Le message que nous envoie Radio-Canada est assez clair : les gouvernements souverainistes provoquent la discorde, le désordre, voire la violence…

Que Richard Bain soit dérangé mentalement ça ne fait aucun doute pour le peu que j’ai pu voir au petit écran. Mais là n’est pas la question. Dans la plupart de ce type d’événements de justicier solitaire (en appellant au soulèvement des anglophones contre une ‘première ministre’ souverainiste), le passage à l’acte est encouragé par la production préalable d’un discours justificateur. En l’occurence un discours qui diabolise les souverainistes, qui fait dans certains cas un appel à la haine. À force de démoniser le PQ et les souverainistes (lire le texte de Mario Beaulieu), faut-il s’étonner qu’un tel geste finisse par se produire ? Que ce soit Charest et les Libéraux, où ces francophobes de la Gazette, ils ont alimenté cet esprit malade qui visait à assassiner Mme Marois et à mettre le feu à un bâtiment qui abritait des centaines de militants souverainistes. Pour cette raison, je suis d’accord avec Richard Le Hir, M. Bain devrait faire face à une accusation de terrorisme, ce qui permettrait lors du procès d’interroger tous ceux qui ont participé à créer ce climat d’hystérie collective et à alimenter cette haine des souverainistes.

Mais ce qui m’apparaît important pour le nouveau gouvernement c’est de renforcer notre réseau public. Le programme du Parti Québécois aux dernières élections comprenait, sous l’item du « rayonnement de la culture québécoise », l’engagement que le gouvernement :
c) Fera de Télé-Québec un véritable réseau national de télédiffusion en :
o 1. dotant Télé-Québec d’une mission d’information d’intérêt public visant à garantir la diversité des sources d’information, la présence de contenu culturel québécois et la représentativité des régions du Québec;
o 2. dotant Télé-Québec d’une salle de nouvelles avec des antennes régionales, notamment en développant des partenariats avec les différentes chaînes télécommunautaires locales;
o 3. dotant Télé-Québec de véritables moyens financiers afin d’assurer un développement culturel autonome.

Il est urgent pour le nouveau gouvernement de passer à l’acte. Mais il faudrait aller au-delà de l’ajout d’un budget supplémentaire de 10 millions $ à Télé-Québec, comme le promet le PQ. Le temps est venu de rapatrier nos impôts qui quittent le Québec pour financer Radio-Canada et CBC. D’institution publique qu’elle était, Radio-Canada est devenu une institution étatique (dont les décisions se prennent à Toronto) dont la mission est de banaliser l’identité et la réalité québécoise dans le multiculturalisme canadien. Nous avons besoin d’un Télé-Québec au service exclusif de l’intérêt public québécois, qui pourrait contribuer à assurer une pluralité de l’information, en présentant une couverture objective de l’actualité et des différents courants d’opinion parmi la population (voir à ce propos le billet de Martin Lachapelle). À n’en pas douter, dans le domaine de l’information économique, ce serait particulièrement apprécié !