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Le samedi 23 avril 2022

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Cameron : « oui, Londres est un paradis fiscal »

L’auteur invité est Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint à Alternatives Economiques.

En proposant de « dérouler le tapis rouge » aux riches français qui voudraient échapper à l’effort de solidarité fiscale que va leur demander le gouvernement, le Premier ministre britannique confirme sa stratégie de faire encore plus de la City un paradis fiscal.
Avant de montrer comment le gouvernement conservateur britannique a clairement choisi une stratégie de parasite fiscal international, il faut rappeler deux choses :

- Il ne sert à rien de souligner que le taux d’imposition des revenus n’est pas aussi faible que ce que promet le premier ministre britannique puisque chaque individu, quelle que soit sa situation familiale, est imposé à 20, 40 ou même 50 %. Ce n’est pas là le problème car le principe même d’un paradis fiscal, c’est de l’être pour les autres, pour les non résidents, et pas pour sa population. C’est pourquoi le Royaume-Uni offre aux étrangers le statut fiscal privilégié de « non dom », « non domiciliés » pour les étrangers ayant réalisé leur fortune à l’étranger mais souhaitant vivre de l’autre côté du Channel ;

- En mars dernier, le Chancelier de l’échiquier britannique George Osborne, l’équivalent de notre ministre des Finances, avait déclaré « je considère l’évasion fiscale et même l’optimisation fiscale agressive comme moralement répugnantes ». On voit qu’il y a loin des discours à la pratique et on comprend mieux toute l’hypocrisie de ce gouvernement qui entend bien développer son offre d’opacité fiscale.

C’est effectivement la politique suivie par les conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir. On peut déjà souligner que David Cameron en plus du “tapis rouge” a eu recours au Mexique le 19 juin au langage typique des paradis fiscaux qui célèbrent la concurrence fiscale : « Every country sets its own tax rates, but I think in a world of global capital, in a world where we’re competing with each other, in a world where we want to send a message that we want you to build businesses, grow businesses and invest, I think it’s wrong to have completely uncompetitive top rates of tax ».

Mais son engagement comme leader d’un paradis fiscal va plus loin que cela. Une des mesures de son gouvernement vise à attirer les plus fortunés au Royaume-Uni en leur offrant rien de moins que des lois migratoires spécifiques. Jusqu’à l’an dernier, un étranger ne pouvait obtenir un titre de résident permanent (et les avantages fiscaux qui vont avec pour ses revenus hors Royaume-Uni) qu’au bout de 5 ans. Depuis avril 2011, cette contrainte n’est plus réservé qu’à ceux incapables d’amener plus d’un million de livres sterlings (1,24 million d’euros). Ceux qui arrivent avec 3 millions bénéficieront du statut en 3 ans, et à 10 millions et plus il ne faudra plus que 2 ans ! Les entreprises ne sont pas oubliées avec la volonté du gouvernement de ramener le taux d’imposition sur les bénéfices de 28 % actuellement à 24 % en 2014.

Ces mesures ne font que confirmer explicitement la nouvelle approche britannique envers les paradis fiscaux que l’on sentait pointer dès la fin de 2010. Complètement à l’encontre de la politique du Forum mondial sur la transparence fiscale, le Royaume-Uni a signé un accord avec la Suisse censé entrer en vigueur l’an prochain permettant à cette dernière de continuer à préserver son secret bancaire en échange d’un prélèvement à la source. On a déjà montré combien ce genre d’accord renforçait l’opacité fiscale.

On pourrait remonter aux années 1950 pour démontrer combien la perfide Albion mérite son qualificatif et même une étude du Fonds monétaire international a montré combien la City s’inscrivait en partie dans la mondialisation financière comme un paradis fiscal. Après la Suisse et les autres centres financiers offshore, il faudra bien un jour que l’Europe s’attaque au cas anglais.

Pour lire le texte original, avec les nombreuses références, on va sur le blogue de l’auteur

Discussion

Commentaire pour “Cameron : « oui, Londres est un paradis fiscal »”

  1. [...] îles Caimans, l’Irlande, le Luxembourg et les Bermudes) sont des paradis fiscaux. Mais après la lecture du billet de Christian Chavagneux, il faudrait aussi ajouter la Grande-Bretagne dans cette [...]

    Écrit par Oikos Blogue | Les chiffres de la semaine : les banques canadiennes et les paradis fiscaux | septembre 12, 2012, 6 h 05 min

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