Voici quelques extraits du jugement prononcé par le Juge Auclair :
« La conduite des affaires de Charest, Weinberg et Izard est basée sur la tricherie, le mensonge et la malhonnêteté. Ils n’hésitent pas à trafiquer les contrats afin d’en gonfler les coûts de production pour obtenir des subventions. »
« L’objectif de l’octroi de dommages punitifs est de prévenir des cas semblables et de punir ces bandits à cravate ou à jupon, afin de les décourager de répéter leur stratagème et sanctionner leur conduite scandaleuse et infâme. »
Le jugement Auclair tient aussi les propos suivants concernant les pratiques des accusés : « des conduites immorales, souvent illégales, [de personnes] n’éprouvant aucun scrupule à frauder les autorités; qui agissent de façon déloyale avec des comportements qui témoignent du mépris envers ceux qui représentent des embûches dans leurs entreprises; la cupidité des dirigeants ».
Personnellement, je trouve que les propos du Juge Auclair exprime assez bien ce que je pense, non seulement des « bandits à cravate ou à jupon » qui sont pris la main dans le sac, mais à tous ces financiers et à ces profiteurs qui, dans cette période de libéralisme faisant l’éloge démesurée de la richesse, agissent comme si le « bar était ouvert » et s’en mettent plein les poches, en toute impunité, parce qu’ils se croient tout permis, parce qu’ils se pensent plus futés que les autres, parce que le pouvoir politique est non seulement complaisant, mais donne une légitimité à cette cupidité par son effort inlassable depuis quelques années à vouloir diminuer le taux d’imposition des plus riches, malgré le fait que cela conduit à un accroissement des inégalités. Depuis une vingtaine d’années, tout un ensemble de manière de penser, d’agir et de faire ont fait émerger cette culture de la cupidité dans la société, mais ce sont les pratiques du monde de la finance, calculatrices, opaques, déconnectées de l’économie réelle, qui se sont répandues dans tous les aspects de la vie économique, qui en ont été les principales initiatrices.
« Quand la tricherie est la règle, quand on se gargarise d’honneur (…) et que le mensonge et les versions contradictoires sont la règle, on ne peut reprocher à Claude Robinson l’importance et l’amplitude de son enquête dans sa recherche de la vérité. »
Mais le Québec est-il à l’image de Robinson Curiosité ou de celle du Claude Robinson dans sa quête de la vérité ? Ce sont plus que des escouades d’enquêtes spéciales de la police dont nous avons besoin. L’État, s’il se veut gardien du bien public, doit donner un signal clair que les choses doivent changer, avec le retour à une éthique du bien commun, à une éthique de la responsabilité sociale :
- il nous faut, tout d’abord, une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur les responsabilités des pertes à la CDPQ;
- ensuite une réforme importante des obligations de reddition de compte (pour une triple reddition de compte : économique, sociale et environnementale) de la part des entreprises et en particuliers des institutions financières;
- enfin l’État doit amorcer un retour à un projet de société plus juste, avec un système d’imposition plus progressif pour ramener à l’ordre du jour les principes de justice et de solidarité : par exemple éliminer la déduction pour les gains en capital.
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