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Le samedi 23 avril 2022

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Ressources minières – Au-delà de la question des redevances

L’auteur invité est Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal et auteur du livre à paraître Le défi des ressources naturelles (Éditions MultiMondes).

La gestion des ressources minières est complexe et elle ne peut se limiter à la question des redevances.

Au cours de la campagne électorale, presque tous les partis ont pris position sur le type et le niveau de redevances qu’il faudrait aller chercher pour nos minerais. Pourtant, la gestion de nos ressources minières est complexe et ne peut se limiter à cette simple question. Parmi les particularités de ce secteur, cinq apparaissent incontournables.

La malédiction des ressources. Cette expression imagée décrit la perte systématique de la valeur des ressources minières par rapport aux autres biens industriels. Malgré l’augmentation des prix des dernières années, les données historiques sont sans appel : un pays dont l’économie repose entièrement sur l’exploitation des ressources minières ne peut que s’appauvrir à long terme, à moins de constamment augmenter sa production, une course dont on ne sort jamais gagnant.

Des retombées économiques toujours réduites. Corollaire du premier point, l’industrie minière a su systématiquement augmenter sa productivité au cours des dernières décennies afin de maintenir sa rentabilité en dépit d’une diminution irréversible de son poids dans l’économie mondiale. Malgré la croissance de taille des mines, la modernisation de l’extraction a mené à une réduction marquée du nombre de travailleurs requis, longtemps une des retombées économiques les plus importantes pour les collectivités locales.

Une industrie très cyclique. Plus que toute autre industrie, les mines vont et viennent au rythme des cycles mondiaux, affectant les populations locales et les revenus des gouvernements. Les prix élevés des dernières années s’expliquent avant tout par l’absence, dans les cartons de l’industrie minière, de projets de nouvelles mines, une situation qui change rapidement et qui ramènera les prix à un niveau plus en accord avec les tendances à long terme.

Des impacts environnementaux considérables. En dépit des gains environnementaux liés à une productivité accrue, l’impact de l’industrie sur l’environnement croît avec la taille des mines, ce qui affecte les populations locales et les Premières Nations qui dépendent de ces territoires.

Un développement durable douteux. Malgré les promesses de l’industrie minière, celle-ci n’a toujours pas réussi à livrer un modèle d’exploitation qui respecte les principes du développement durable alors que les ressources s’épuisent. Les médias nous montrent plutôt, presque chaque jour, que l’industrie continue trop souvent de se conduire de manière cavalière avec les collectivités locales.

Dépasser les redevances

Dans un contexte où, à long terme, la valeur économique de l’industrie minière est appelée à diminuer inexorablement, il est dangereux, à moins de disposer de ressources d’une ampleur démesurée, comme c’est le cas avec les sables bitumineux, d’en faire un point central du développement économique. Qu’importe la terminologie utilisée – maladie hollandaise ou pas -, une économie entièrement centrée sur les ressources finira toujours par s’appauvrir.

Toute stratégie minière doit donc aller au-delà des simples redevances afin de s’assurer que les retombées serviront avant tout à la diversification économique des collectivités minières et à l’enrichissement collectif et durable de la société.

Au Québec, cela signifie, entre autres, revoir la Loi des mines et éliminer le principe du free mining afin de donner à l’État la capacité de gérer le développement de son territoire et des collectivités qui l’occupent ; proposer une stratégie minière viable à la fois durant les cycles haussiers et baissiers ; respecter les collectivités locales et les Premières Nations ; améliorer le système de permis afin d’assurer le financement adéquat des équipes chargées d’inspecter et de faire respecter les normes gouvernementales ; favoriser l’émergence de nouvelles industries spécialisées dans la haute technologie minière et la seconde transformation ; diversifier les revenus miniers en allant chercher également une part nettement supérieure de la valorisation des gisements lors de l’exploration ; créer un fonds souverain afin que la richesse créée soit partagée entre les générations.

Les élections ne sont pas, on le répète régulièrement, le bon endroit pour discuter des vrais enjeux comme celui-ci. On peut à tout le moins espérer que ce soit un moment approprié pour promettre de revoir l’ensemble du modèle minier québécois.

Pour lire le texte original, on va sur le site du Devoir.

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