Communiqué public GEAB N°67 (15 septembre 2012). Comme anticipé par LEAP/E2020 depuis la fin 2011, cette fin d’été 2012 marque le début du renouveau pour l’Euroland avec l’émergence d’une dynamique positive nourrie par deux phénomènes durables : d’une part, la mise en place opérationnelle progressive des instruments âprement discutés et décidés au cours des 18 derniers mois ; et d’autre part, l’étincelle visionnaire apportée par les changements politiques de ces derniers six mois qui ont replacé l’avenir de l’Euroland à moyen/long terme au cœur du processus décisionnel.
L’évolution de l’Euro ces dernières semaines offre une parfaite illustration du phénomène. Cela étant dit, l’Europe va être en récession pour les 6 à 12 mois à venir. Comme quoi la seule bonne nouvelle que nous annoncions dans le GEAB N°66 du mois de Juin 2012 est loin d’être miraculeuse. D’une certaine manière, c’est même le contraire, puisqu’il n’est désormais plus possible de cacher derrière le prétexte de la « crise de l’Euro ou de la Grèce » l’état tragique de l’économie mondiale. Plus l’Euroland va avancer sur un chemin constructif, plus va se révéler le caractère « Potemkinien » de la « santé » des économies US, chinoise, japonaise, brésilienne, …. L’arbre ne cachera plus la forêt, à savoir que toutes les grandes économies mondiales entrent simultanément en récession ou en croissance ralentie, entraînant la planète socio-économique et financière dans un trou noir.
Parallèlement l’été 2012 aura marqué une accélération majeure de la dislocation géopolitique mondiale avec un conflit syrien qui devient chaque jour plus dangereux pour le Moyen-Orient et le monde, une tension israélo-iranienne prête à exploser à tout moment et un test généralisé de la puissance US déclinante – de la Mer de Chine à l’Amérique latine en passant par l’ensemble du monde musulman. Le monde stratégico-militaire est chauffé à blanc comme l’illustre d’ailleurs la reprise massive des ventes d’armes au niveau mondial, avec les Etats-Unis fournissant 85% du total.
Pour ces raisons, LEAP/E2020 maintient son Alerte Rouge de Juin 2012 et estime que, d’ici la fin Octobre 2012, l’économie globale va être aspirée dans un trou noir sur fond de géopolitique mondiale chauffée à blanc. Autant dire que les semaines à venir vont, selon notre équipe, emporter la planète dans un ouragan de crises et de conflits sans précédent.
Ainsi, dans ce GEAB N°67, LEAP/E2020 présente la liste des 7 facteurs clés de ce double choc sans équivalent historique moderne…
Par ailleurs, ce numéro 67 du GEAB comporte une anticipation de l’impact cumulé de la crise et de l’Internet sur le commerce de détail en Europe, prévoyant une perte de 2,5 millions d’emplois d’ici 2015.
Ce numéro initie également une série de trois anticipations sur les risques d’explosion sociale en Europe, aux Etats-Unis (GEAB N°68) et en Chine (GEAB N°69). Nous avons décidé de débuter par l’Europe qui, selon nos chercheurs, devrait connaître « le temps des émeutes au premier semestre 2013 », avec bien entendu de grandes différences selon les pays européens.
D’autre part, vous trouverez dans ce GEAB N°67 les deux GEAB Index, à savoir le GEAB $ Index et le tout nouveau GEAB € Index. Ils paraîtront désormais trois fois par an.
Et bien entendu, vous retrouvez le GlobalEuromètre qui donne le pouls des anticipations des Européens sur des sujets-clés.
Nos recommandations concernent ce mois-ci les devises ($, €, £, Yen, Yuan), l’or, l’énergie et les matières premières alimentaires, les bourses et les assurances-vie.
Enfin, vous trouverez pour information, le programme du 3° séminaire Euro-BRICS organisé à Cannes par LEAP, en partenariat avec le MGIMO, les 27/29 Septembre 2012 ; et l’offre spéciale abonnés GEAB pour la formation en ligne à l’anticipation politique organisée par notre partenaire FEFAP.
A la croisée des sept facteurs-clés du double choc des semaines à venir se trouve la très douloureuse fin de l’anesthésie US
Car il s’agit bien de cela. Comme nous l’avons maintes fois souligné dans le GEAB, les Etats-Unis ont depuis le début de cette crise refusé d’affronter la réalité en ayant un recours croissant à des artifices financiers, monétaires, … (et militaires) pour tenter de pallier les conséquences de la crise. Tout ceci s’avère pourtant inefficace en cette fin d’été 2012, malgré les milliers de milliards USD jetés dans ce qui s’avère être un trou sans fond.
La meilleure preuve en est la décision de la Fed du 13 septembre 2012 de maintenir son programme Twist de rachats de Bons du Trésor en y ajoutant un programme illimité (temps et montant) de rachats de titres hypothécaires immobiliers (40 Milliards USD/mois) pour tenter de faire revivre le marché immobilier US et à travers ce dernier l’emploi et la consommation. La Fed a conscience que cette décision va déclencher des oppositions et des conséquences néfastes au niveau international. Elle hésite en effet depuis des mois devant un nouveau QE3. Mais, pour tenter d’éviter une implosion socio-économique et un effondrement boursier à Wall Street avant les élections de Novembre 2012 tout en essayant de sauver sa propre crédibilité très attaquée par le camp républicain, elle a choisi un « Psychological Easing » plutôt qu’un « Quantitative Easing ».
Elle devient toujours plus l’acteur clé du marché immobilier US, persistant ainsi à confondre problème de liquidité et problème de solvabilité. Les ménages US n’ont plus d’argent pour acheter ou faire construire des maisons. Les taux hypothécaires ne changeront rien à l’affaire. Seule Wall Street va, un certain temps, pouvoir continuer à surfer sur des niveaux records jusqu’à ce qu’un « beau matin » tout s’effondre face à la prise de conscience que l’économie réelle s’enfonce dans la dépression.
Car tous les indicateurs sont déjà au rouge : l’emploi ne repart pas, les emplois créés sont rémunérés très en-dessous des emplois perdus, la pauvreté explose dans tout le pays, … et les multinationales US ont multiplié les annonces de profits en baisse pour le deuxième semestre 2012 et 2013, retrouvant les niveaux atteints en 2008/2009, typiques de période de récession.
L’impuissance actuelle et future du système politique US à affronter ses problèmes de déficit cumulée à la « séquestration » du budget fédéral dont les effets se font déjà ressentir dans toute l’économie US (comme nous l’avions anticipé dès le printemps 2012), vont faire des semaines à venir une succession sans fin de mauvaises nouvelles économiques … sur fond de défis géopolitiques de moins en moins bien maîtrisés. Car sur ce front-là également, l’anesthésie, c’est fini !
Il aura suffi d’une année à peine pour que tous les effets pervers de l’attaque occidentale sur la Lybie en 2011 se révèlent : de l’assassinat de l’ambassadeur des Etats-Unis en Lybie en passant par les émeutes anti-US dans tout le monde musulman, on ne peut franchement déduire au succès d’une politique d’ « accompagnement » des révolutions arabes. La volonté farouche russe et chinoise de soutenir le régime syrien contre les tentatives de renversement occidentales et des monarchies du Golfe a non seulement cassé toute dynamique positive au Conseil de Sécurité de l’ONU mais s’est transformée en test de la puissance US au Moyen-Orient. Enfin, c’est toute l’Asie de l’Est et du Sud-Est (Japon, Taiwan, Philippines, Corée du Sud,…) qui, à travers les conflits autour de multiples îlots, est en train de tester la capacité américaine à rester, face à la Chine, une puissance asiatique.
Et ils sont en train d’évaluer en temps réel ce qu’il reste de la puissance US dans la région. D’ici début 2013, leurs conclusions recombineront les alliances et allégeances héritées de la Seconde Guerre Mondiale. Et même l’ « arrière-cour » des Etats-Unis (selon la doctrine Monroe), à savoir l’Amérique latine, a entrepris d’affronter collectivement des positions géopolitiques US multidécennales : l’exclusion de Cuba des forums trans-américains et surtout la remise en cause de la guerre contre la drogue, pilier de l’interventionnisme US en Amérique latine depuis plus de quarante ans.
Citons encore l’Europe pour l’anecdote, puisque l’intégration accélérée de l’Euroland constitue de facto une éviction de l’influence US du cœur de la construction européenne. A partir de 2013, le FMI (à savoir Washington) ne sera certainement plus jamais invité à s’occuper de problèmes intra-Euroland comme c’est le cas aujourd’hui avec la Grèce. Même en matière de défense, l’annonce surprise d’une fusion possible BAE Systems – EADS, avec EADS en position très majoritaire, illustre la fin d’une époque où la défense se devait d’être transatlantique et le Royaume-Uni son maître d’œuvre. Alors que BAE Systems joue désormais sa survie.
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