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Le samedi 23 avril 2022

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Un Plan Sud pour le Québec méridional : un gage d’avenir !

L’auteur invité est Guy Garand, directeur général du Conseil régional de l’environnement de Laval.

Plus de 75 % de la population du Québec vit dans le Québec méridional (au sud du 47ème parallèle). Au cours des cinquante dernières années, l’aménagement du territoire et l’étalement urbain ont exercé de façon graduelle et irréversible une pression dans le sud du Québec méridional. Il en résulte un Québec méridional présentant un habitat bâti de faible densité, des distances à parcourir de plus en plus grandes entre les résidences et les lieux communs (travail, commerces, services), une demande sans cesse croissante en matière d’énergie, l’apparition de méga site d’enfouissement, un aménagement urbain privilégiant l’auto solo et des coûts économiques qui augmentent toujours. Cette pression s’est faite et continue de se faire au détriment de l’environnement, la santé, les écosystèmes, la biodiversité, l’agriculture et l’économie.

Cette réflexion sur l’aménagement du territoire du Québec méridional doit maintenant tenir compte des nouveaux enjeux environnementaux qui sont : la perte des écosystèmes et de la biodiversité, la perte de territoire agricole, la détérioration de la qualité de l’eau et de l’air, une augmentation sans cesse croissante de nos matières résiduelles qui oblige le développement et l’agrandissement des lieux d’enfouissement technique, les changements climatiques (épisodes de smog plus fréquents, sécheresse et étiages plus sévères, précipitations plus abondantes, périodes de canicule de plus en plus longues, conditions hivernales moins froides) et l’apparition d’îlots de chaleur combiné aux effets néfastes que tout cela a sur la santé (diabète, obésité, maladie cardio-respiratoire, accidents de la route, allergie, etc.).

Depuis longtemps encouragé par les développeurs, les promoteurs et les décideurs, ce modèle d’aménagement du territoire a un impact direct sur l’accroissement du bruit, des émissions de gaz à effet de serre (GES), sur notre consommation d’énergie et sur notre santé.

De plus, on constate une augmentation du nombre de déplacements dans le Québec méridional. Les transports constituent la principale source de GES au Québec soit plus de 45 % et les embouteillages engendrent une perte économique (perte de temps de travail et de consommation d’essence) de plus de 1,5 milliard $ seulement dans la région métropolitaine de Montréal et cela ne tient pas compte des coûts pour l’entretien des infrastructures routières, pour les soins de santé et les impacts sur les écosystèmes et la biodiversité.

Ce n’est pas pour rien que le gouvernement du Québec lancait dernièrement son Plan d’action sur les changements climatiques 2013-2020. Et encore une fois, ce sont les Québécois et les Québécoises qui paient et paieront la note du laisser-faire du gouvernement du Québec et des municipalités.

Il est donc primordial de revoir nos pratiques et de privilégier des modèles d’aménagement du territoire qui respectent la capacité de support des écosystèmes et qui sont susceptibles de nous aider à réduire les GES et à diminuer notre consommation d’énergie générée par le transport automobile et le camionnage.

Les conséquences néfastes dus à l’aménagement de notre territoire se font déjà sentir et sont mesurables tant au niveau environnemental, social et économique. Leurs effets connus et appréhendés doivent dès maintenant orienter nos choix ainsi que nos comportements individuels et pratiques collectives en matière d’environnement, de société et d’économie.

Afin d’obtenir des résultats significatifs, nous devons tenir compte de plusieurs facteurs dans le développement de nouveaux modèles d’aménagement du territoire soit :
• Les modes de transport: privilégier le transport collectif (train, autobus, tramways, métro), développer le transport actif (plus de voies réservées pour le vélo et la marche) encourager le covoiturage et tout cela afin de diminuer notre dépendance au pétrole;
• La densification du bâti : favoriser le multi-logement, des maisons en rangées, des tours d’habitation à proximité des gares, stations de métro et terminus d’autobus;
• L’énergie : mettre en place un programme d’économie d’énergie (isolation des bâtiments, matériaux isolants fabriqués au Québec et création d’emplois dans toutes les régions), développer, favoriser et encourager des énergies vertes et renouvelables;
• Les matières résiduelles : Prioriser une saine gestion des matières résiduelles en respectant l’ordre suivant: la réduction, la réutilisation, le recyclage et le compostage (3R-C) de façon intensive et cela dans une prespective de régionalisation, de démocratisation et de responsabilité élargie des producteurs de biens.
• La santé : augmenter les occasions et les activités (principalement la marche et le vélo) susceptibles d’améliorer la forme physique, en réduisant les distances de déplacement vers les biens et services (services de proximités);
• L’agriculture : favoriser et encourager une agriculture de proximité et plus respectueuse de l’environnement, assurer la pérennité des territoires agricoles, mieux encadrer l’utilisation des pesticides;
• Les écosystèmes et la biodiversité : prioriser la conservation, la protection et la mise en valeur des écosystèmes, tenir compte de la valeur économique rendu par les écosystèmes et créer des corridors favorisant le déplacement et la pérennité des espèces;
• L’équilibre écologique : aménager le territoire en respectant la capacité de suppport des écosystèmes, lutter contre les espèces envahissantes et revoir nos pratiques en matière d’aménagement paysagé;
• La sécurité des personnes : améliorer sans cesse et rendre plus efficaces les mesures d’urgence face aux perturbations et phénomènes environnementaux changeants et aux zones à risque comme par exemple les zones inondables, les îlots de chaleur;
• La participation citoyenne: encourager et favoriser une plus grande participation citoyenne dans l’aménagement du territoire ;
• L’accès à l’information : avoir accès à toutes les informations de nature à protéger le droit à un environnement sain et équilibré qui est enchâssé dans notre Charte des droits et libertés de la personne depuis 2006.

Les principes et la stratégie de développement durable que l’on retrouve dans la Loi sur le développement durable, article 6, alinéas a à p ne doivent pas s’appliquer uniquement au sein de l’Administration publique du gouvernement du Québec. Les municipalités, les institutions, les commerces et les industries doivent aussi s’approprier ces principes et cette stratégie de développement durable (respecter de la capacité de support des écosystèmes) dans l’intérêt des générations présentes et futures.

Il est de notre responsabilité, en tant que citoyen, collectivité et surtout comme décideur, d’agir avec diligence. Se fermer les yeux et fuir nos responsabilités ne sont certainement pas les meilleures solutions. S’adapter en respectant la capacité de support des écosystèmes est certainement une avenue plus garante de l’avenir.

Pour lire le texte original, on va sur le site de GaïaPresse.

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