Pour la première fois depuis les années 1960, le taux de chômage de l’Ontario rejoint celui du Québec. Auparavant, même dans les périodes les plus fastes, le Québec signalait un écart d’au moins deux points de % avec la province voisine, écart qui s’élargissait à quatre points dans les situations les plus difficiles. Ces écarts signalaient une structure industrielle moins favorable au Québec, avec des secteurs manufacturiers qu’on disait plus fragiles. Aujourd’hui, dans un contexte de mutation économique vers une économie plus verte, c’est la structure industrielle de l’Ontario qui s’avère plus fragile.
Selon les données de Statistiques Canada du mois de novembre, l’emploi a connu une diminution de 71 000 pour l’ensemble du Canada, ce qui a fait augmenter le taux de chômage de 0,1 point de pourcentage pour se situer à 6,3 %. Les baisses de l’emploi ont été concentrées en Ontario (-66 000) et en Nouvelle-Écosse (-4 400). L’emploi serait demeuré relativement stable dans les autres provinces. Le secteur de la fabrication a été fortement touché en novembre, avec une baisse nette de l’emploi de 38 000. En Ontario, le recul de l’emploi dans ce secteur s’est chiffré à 42 000 en novembre alors que le Québec connaissait une situation très différente avec une croissance de 10 000 nouveaux emplois dans ce secteur.
Les deux provinces du centre du Canada se retrouvent pour la première fois avec un taux de chômage de 7,1 % : en Ontario il est en hausse de 0,6 point de % alors qu’au Québec il est en baisse de 0,1. Comme le signale François Desjardins dans Le Devoir :
«La majeure partie de la restructuration du secteur manufacturier québécois a eu lieu il y a deux ou trois ans, à cause du dollar canadien et du marché de l’habitation qui se calmait, a dit M. Marion. Le Québec écopait beaucoup plus à l’époque, alors que là c’est l’Ontario, en raison de sa dépendance au secteur automobile, entre autres.»
Ainsi, depuis le début de la crise financière qui a fait dégonfler la bulle spéculative, la tendance baissière du prix du pétrole a permis que le dollar canadien revienne à un prix d’équilibre plus soutenable pour l’économie du Québec. Par ailleurs, les efforts de restructuration industrielle depuis les années 1980 ont permis une diversification dont nous recueillons aujourd’hui les fruits. À partir du moment où la devise s’est stabilisé en début d’année, le secteur manufacturier québécois a pu ajuster ses stratégies de croissance ce qui a mené à une croissance de 3,2 % des emplois dans la fabrication, alors que le secteur des services régressait de 0,2 % pendant la même période.
La régression de l’emploi en Ontario dans le secteur de la fabrication est inquiétante. Depuis le début de la tendance à la baisse amorcée en 2002, la part de l’emploi de ce secteur en Ontario a chuté, passant de 18,2 % à 13,0 %. On peut donc évaluer à autour de 300 000 la perte d’emplois manufacturiers en Ontario depuis le sommet du cycle en 2002. C’est le trois-quarts de la perte d’emplois manufacturiers pour l’ensemble de l’économie canadienne qui proviendrait donc de l’Ontario. Alors que nous sommes au début de la récession actuelle, c’est déjà autant que celle de 1989-1992, qui était de nature manufacturière.
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