Au printemps j’avais donné la parole à un collectif d’auteurs qui s’opposaient à la démarche de consultations populaires organisée par l’Institut du nouveau monde sur la question des mines au Québec parce que cette dernière était commanditée par Minalliance. Personnellement, j’avais refusé de cosigner ce texte puisque je pensais que c’était bien mal connaître la formule de consultation de l’INM pour penser qu’elle pourrait être manipulée par le lobby des minières. La publication récente du rapport de l’INM confirme mon évaluation. Je ne sais pas si ce mouvement d’opposition a contribué à améliorer la démarche de consultation de l’INM, mais heureusement il ne l’a pas empêché.
On peut consulter le rapport final de cette démarche en cliquant ici. Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les populations directement concernées par les impacts économiques, sociaux et environnementaux du développement minier qui ont été faire connaître leurs préoccupations et leurs solutions dans le cadre de ce forum. Les occasions de vrais débats publics étant relativement rares, ces citoyens y ont participé en grand nombre. En très grande partie, je partage leurs propos (ma vidéo du jeudi va donner un aperçu de la richesse de ces derniers) : de la nécessité d’un fonds souverain jusqu’aux exigences de 2e et 3e transformation, en passant par les besoins d’analyses indépendantes, ces citoyens ont bien identifié les enjeux pour lesquels il est absolument nécessaire que le Québec se dote d’une nouvelle vision et d’une nouvelle politique dans ce domaine.
Plus récemment, Nature Québec se réjouissait de voir la possibilité que le gouvernement Marois passe à ce renouvellement du développement minier, ou comme le dit M. Simard de Nature Québec, « à une véritable planification du développement nordique », suite à la déclaration de la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, selon laquelle le Plan Nord, version libérale, était enterré. Pour Nature Québec, « il faut que l’exploitation de nos ressources non renouvelables se fasse au profit des Québécois et pas seulement de quelques compagnies minières. Pourquoi ne pas mettre sur pied une commission composée de sages qui feraient le tour du Québec méridional et nordique pour créer un consensus sur les questions de conservation, de développement et de gouvernance du Nord ? »
Or justement, Martine Ouellet identifie deux critères qui, à ses yeux, sont particulièrement importants quant à l’exploitation de nos ressources naturelles. « Il faut qu’il y ait des retombées économiques collectives. Nous devons absolument augmenter la part de l’État dans cette exploitation. Puis, il faut de la transparence. Nous devons en finir avec la culture du secret qui a caractérisé le règne libéral. » Plutôt que de s’enfoncer tête baissée dans un plan minier insoutenable, tant dans le moyen que le long terme, il faut planifier un développement minier responsable qui tient compte de l’intégration des enjeux sociaux et environnementaux grâce à des innovations sociales et technologiques en amont et en aval. D’ailleurs, étant donné le caractère stratégique de ce secteur (stratégique d’un point de vue économique et écologique), le développement minier doit être intégré à une stratégie de reconversion écologique de l’économie. Ce développement intégré est la seule façon de vraiment maximiser les retombées (économiques, sociales et environnementales) et de favoriser un nouveau saut de productivité du Québec.
Or, la meilleure manière d’arriver à ces résultats serait par le contrôle de l’industrie, soit par des sociétés d’État, soit par des participations à des entreprises privées. Depuis quelques années nous assistons impuissant à la prise de contrôle totale de nos richesses naturelles par l’industrie canadienne. Après ce que nous révèle le livre d’Alain Deneault Paradis sous terre (voir le bref compte rendu réalisé par Darwin), il serait temps de donner un coup de barre pour nous libérer de cette industrie totalement irresponsable.
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