« Le Québec change; le marché du travail se transforme, les réalités familiales évoluent », nous disent les responsables du RRQ dans un document de consultation publique. Nous ajouterions que la crise financière [et la gestion irresponsable de la Caisse de dépôt] est aussi venue donner un coup de butoir à un régime global de retraite qui commençait déjà à avoir besoin d’une sérieuse mise au point.
La population était récemment invitée à se prononcer sur les pistes de solutions proposées par la Régie afin que les travailleurs québécois d’aujourd’hui et de demain puissent compter sur un régime solide, basé sur les grands principes d’équité entre les générations. Selon les analyses actuarielles du RRQ, notre régime collectif subit une pression importante. On peut pointer 2 facteurs à l’origine de cette situation :
- une hausse plus importante que prévu de l’espérance de vie
- des salaires qui augmentent plus lentement que prévu.
Les propositions qui sont faites par la Régie dans le document de la consultation publique ne rencontrent pas les attentes des représentants des travailleurs. Par exemple, la CSN « croit qu’il est nécessaire que cette réforme soit réellement faite dans un esprit d’équité, si on veut éviter que les générations futures remettent en cause la structure de financement du RRQ, » affirme Louis Roy, qui rappelle que des disparités existent déjà, notamment en raison du faible taux de cotisation avant 1998.
« Avec la nouvelle formule proposée, les plus jeunes devront travailler plus longtemps, soit 40 ans au lieu de 35, pour avoir droit à leur pleine rente, ce qui arrivera bien plus tardivement que 60 ans », note le dirigeant syndical. En augmentant les cotisations et en réduisant les bénéfices, tel que proposé dans le document de consultation, le travailleur âgé de 28 ans cotisera environ 276 % la valeur de sa rente, contre 12 % pour un travailleur ayant pris sa retraite en 1976 et 85 % pour celui qui l’aura prise en 2006. »
Pour corriger cette disparité, la CSN propose que « l’utilisation du Fonds des générations comme outil de financement équitable [pourrait être] une voie intéressante à explorer. » Par ailleurs, la centrale syndicale estime qu’il est maintenant le temps de réfléchir à un régime de retraite obligatoire en entreprise. La CSN demande au gouvernement d’innover et d’adopter une loi qui reconnaît le droit aux salariés d’être couverts par un régime de retraite et qui oblige chacun des employeurs à verser une cotisation minimale. Rappelons que près de 60 % des travailleurs au Québec ne sont pas couverts par un régime collectif de retraite.
La droite propose plutôt un modèle moins équitable. Dans sa chronique du journal Les Affaires, Jean-Paul Gagné propose des solutions qui annonceraient une évolution encore plus dramatique de la croissance des inégalités, alors que les plus grands économistes ont tous identifiés ces inégalités comme l’une des causes fondamentales nous ayant mené à la récente crise financière. Ses propositions visent à réduire les prestations du régime et à encourager les solutions privées, suggérées par les compagnies d’assurance, qui permettraient supposément d’éviter de pénaliser les entreprises par une hausse des cotisations. Évidemment, pour les Jean-Paul Gagné de ce monde, il faut avant tout préserver la compétitivité du Québec. Dans la réalité, il faut plutôt assurer des primes généreuses aux courtiers et autres financiers faisant des affaires au Québec tout en finançant les magazine d’affaires avec d’aussi généreuses publicités.
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