L’auteur invité est Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki. Dans ce texte l’auteur réplique à un article d’Hélène Baril intitulé «Gentilly-2: la fermeture nuira au bilan environnemental».
En soi, le choix du titre du texte est tendancieux puisque la fermeture de Gentilly sera un des gains environnementaux les plus importants de la dernière décennie, sinon des deux dernières.
Le texte laisse entendre que de la fermeture de notre seule centrale nucléaire résultera une hausse de 2% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec. Il laisse aussi entendre que je trouve une telle hausse acceptable, ce qui est faux.
Prenons d’abord la première affirmation. La journaliste Hélène Baril affirme que pour compenser la fermeture de Gentilly, Hydro-Québec devra avoir recours à la centrale de TransCanada Energy. Ce point est difficilement contestable. Il est tout à fait possible qu’on ait recours à cette centrale au gaz pour pallier les besoins ponctuels du réseau d’Hydro-Québec dans les périodes de pointe.
Par contre, elle émet l’hypothèse, sans le mentionner explicitement, que cette centrale devra être opérée 365 jours par année, ce qui générerait 1,65 mégatonne de GES annuellement, selon ses chiffres. Rien dans le texte ne vient appuyer cette hypothèse. En fait, tous les gens bien informés du dossier conviennent qu’Hydro-Québec production jouit de confortables surplus d’électricité jusqu’en 2020 au moins. Si Hydro-Québec distribution devait exceptionnellement s’approvisionner auprès de TCE, ce serait pour couvrir la demande de certaines pointes. Mais à ce stade, il ne s’agit que d’hypothèses.
La journaliste dramatise volontairement la situation en affirmant que «la perte de Gentilly-2 retranchera 675 mégawatts au réseau d’Hydro-Québec le 28 décembre, soit tout juste avant le pire de l’hiver.» On imagine déjà les familles privées d’électricité pendant le Bye Bye 2012… Il aurait été plus juste de mentionner que Gentilly-2 a été fermée pendant quatre mois l’année dernière sans causer de black-out au Québec. Il aurait aussi été juste de mentionner que Gentilly-2 devra fermer le 31 décembre prochain parce qu’elle est arrivée au terme de sa durée de vie et qu’Hydro-Québec n’a plus le permis de l’exploiter.
Peu importe que l’on procède à sa réfection ou qu’on la démantèle, Gentilly-2 sera fermée pour un minimum de quatre années. L’impact sur la production d’électricité et les émissions de GES sera le même en 2013, 2014, 2015 et 2016.
Lors de ma discussion avec Mme Baril, à la suite d’une question dirigée en ce sens, j’ai clairement indiqué qu’il serait possible qu’Hydro-Québec fasse appel, de manière ponctuelle, à la centrale de TCE, et qu’une telle hausse, marginale, des émissions de GES serait acceptable. Mes propos sont bien rapportés, mais mis en contexte dans un article qui postule une hausse de 2% des émissions de GES, ils sont détournés de leur intention originale.
Comprenons-nous bien: la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 est une importante avancée au plan environnemental. Le Québec rejoint l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et le Japon pour sortir du nucléaire. La fermeture de Gentilly-2 n’aura qu’une incidence marginale sur les émissions de GES du Québec. En publiant ce texte, on a malheureusement contribué au climat d’alarmisme qui prévaut depuis l’annonce du démantèlement de Gentilly-2.
Pour lire le texte original, on va sur CyberPresse.
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