Le projet de loi C-50, qui propose des mesures temporaires pour permettre aux travailleurs dits de longue date d’avoir de 5 à 20 semaines supplémentaires de prestations, est davantage une manœuvre politique des conservateurs que le signe d’une volonté d’améliorer en profondeur le régime pour répondre aux besoins des personnes en chômage. Non seulement ces modifications toucheront très peu de personnes, mais encore elles ne répondent absolument pas aux demandes des syndicats et des groupes de chômeurs, notamment sur l’admissibilité.
En mettant en place une aide supplémentaire aux travailleurs de longue date, qui ont versé des cotisations à l’assurance-emploi pendant une période importante sans avoir eu recours au régime régulièrement, le gouvernement conservateur crée une catégorisation des sans-emploi avec des bons et des mauvais prestataires. 35% des prestataires du Québec sont d’emblée exclus parce qu’ils ne répondent pas aux critères du projet de loi, comme les travailleurs forestiers, les saisonniers, les temps partiels et tous ceux qui connaissent des mises à pied cycliques.
Ce sont les femmes et les jeunes qui seront particulièrement pénalisés. De plus, la moitié des chômeurs qui sont exclus de l’assurance-emploi ne pourront évidemment pas bénéficier de cette mesure. Il est dommage que le NPD ait acheté les évaluations exagérées du gouvernement. Selon les conservateurs, 190 000 personnes devraient bénéficier de cette mesure. Or, cela est totalement impossible puisqu’il faudrait que 85% des prestataires qui se rendent au bout de leur période de prestation, se qualifient ce qui est impensable étant donné les critères très restrictifs du projet de loi.
Selon le Globe and Mail, les mesures proposées s’appliqueront essentiellement aux personnes victimes de mises à pied dans le secteur de l’automobile concentré en Ontario et celui du pétrole et des sables bitumineux dans l’Ouest canadien. Donc, encore une fois le Québec et le secteur forestier seront les grands négligés.
Pour les groupes de chômeurs, pour les syndicats québécois, c’est d’une réforme globale dont a besoin le régime d’assurance emploi avec un seuil d’admissibilité uniforme à 360 heures, une hausse du taux de remplacement du salaire assurable de 55 à 60%, l’abolition du délai de carence de deux semaines et la mise en place d’un véritable programme de soutien au revenu des travailleurs âgés.
Un projet de Loi fait pour l’industrie automobile. Je suis pleine de compassion pour les travailleurs de l’automobile, mais chez-moi au Bas-Saint-Laurent ce sont nos travailleurs forestiers qui écopent. Il n’y a rien dans ce projet pour protéger les travailleurs saisonniers (pêche, forêt, tourbe et tourisme). Depuis la réforme Axworthy (1996), Jane Stewart, Pierre Pettigrew, Diane Finlay, etc… que nous essayons de faire comprendre à ces personnages politiques que de la tourbe, même avec toute la bonne volonté des travailleurs et entrepreneurs, qu’en janvier c’est gelé…..C’est désolant !
Johanne D’Amours