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Le samedi 23 avril 2022

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Élection présidentielle étatsunienne : à quoi peut-on s’attendre maintenant ?

Il y aurait beaucoup à dire sur cette indécente campagne électorale, que nous avons eu à subir ici même par des journalistes qui, cachés derrière leur ‘neutralité’, n’en finissaient plus de mettre dos-à-dos les deux candidats. Mais rien de surprenant, ils font la même chose devant un gouvernement conservateur qui a volé ses élections, qui abroge le parlement quand ça lui tente, qui passe des dizaines de lois à la manière du PCC (Parti communiste chinois), etc… Donc le travail des journalistes ne me surprend plus outre mesure.

Mais revenons aux élections étatsuniennes : grâce à Sandy, l’enjeu des changements climatiques a permis de s’inviter à cette campagne au cours de laquelle, pour la première fois en 25 ans, aucun des candidats n’en avait fait mention ! Des milliards $ dépensés mais le silence total sur cet enjeu ! Vraiment, soit les lobbies du pétrole ont acheté tous les médias et politiciens (ce dont je doute), soit les fanatiques négationnistes (Tea Party et Fox News) ont réussi à créer un tel terrorisme psychologique que la seule image de Gaïa est en quelque sorte devenue interdite ! Et ne me dites pas que c’est parce que les électeurs ne veulent pas en entendre parler : sondage après sondage ils attendent au contraire des actions de la part du gouvernement.

Comme plusieurs, la victoire d’Obama ne m’enthousiasme pas plus qu’il ne faut, mais je suis par contre très content de la défaite de Romney et de plusieurs des candidats du Tea Party. Je crois que nous avons ainsi pu éviter le pire. L’élection des Républicains à la présidence des États-Unis, grâce à une petite fraction de voix supplémentaires, aurait représenté un de ces moments au cours de laquelle l’histoire prend un tournant qui aurait pu être évité, mais qui néanmoins aurait marqué son évolution pour plusieurs décennies. Dans une conjoncture politique internationale où toutes les solutions sont encore possibles, l’élection de Romney à la présidence aurait signifié un gain majeur au scénario catastrophique de la solution ultralibérale à la crise, la solution de l’austérité à la mode des conservateurs britanniques, avec à la clé une fin abrupte et définitive de la réforme de l’industrie de la finance et un renforcement sans appel d’un mouvement de croissance des inégalités (alors qu’on voit depuis quelque temps l’OCDE et le FMI commencer timidement à remettre en question cette vision suicidaire).

Mais le pire que nous avons évité, dans cette élection, c’est le recul de la lutte aux changements climatiques qu’aurait représentée une victoire républicaine. Les deux candidats avaient des visions totalement opposées sur ces enjeux. N’oublions pas que même si Obama avait les poings liés par une Chambre des représentants hostile, négationniste sur la réalité des changements climatiques, il a pu, en s’appuyant en particulier sur l’EPA, mettre en place des initiatives cruciales dans la lutte climatique : des normes plus sévères pour les producteurs d’énergie qui ont conduits à la fermeture de plusieurs centrales au charbon; nouveaux standards de consommation des véhicules; des facilités d’utilisation des terres publiques pour la production d’énergies renouvelables; une contribution majeure du pouvoir de dépenser des forces militaires étasuniennes en faveur des technologies vertes, etc. Romney aurait quant à lui, sinon carrément aboli, du moins rogné les pouvoirs de l’EPA, institution détestée par les lobbies pétroliers, et mit fin aux divers programmes de soutien aux énergies propres. À coup sûr, le couple Romney/Harper aurait représenté une catastrophe climatique en accélérée pour la planète.

Avec Obama comme président, nous sommes devant diverses probabilités de scénarios plus progressistes : une augmentation des impôts des plus riches, peut-être même la fin de l’exemption pour les revenus de capital (gains ou dividendes); la poursuite de l’effort de développement des énergies vertes; la diminution significative des dépenses militaires, etc. Obama, on l’a vu dans son premier mandat, a été un président faible qui s’est fait en partie aspirer par les lobbies. Mais mettons-nous à sa place une seconde : ce président s’est fait attaquer de façon sauvage par une droite fanatisée appelant à l’assassinat politique, voire à la guerre civile. On peut penser que le fanatisme du Tea Party et de la presse de droite (Fox News et autres), en plus de sa dépendance envers certains lobbies qui avaient financé sa campagne de 2008, l’ont paralysé. Est-ce que la défaite d’une partie des extrémistes va le sortir de sa paralysie ? On peut en douter.

Reste que les différences entre les deux candidats sur les enjeux climatiques étaient telles que des maires, des entrepreneurs ou des citoyens ont appuyé Obama non pas parce qu’il représentait, comme en 2008, l’espoir, mais parce que Romney représentait un risque économique, social et environnemental que les États-Unis ne peuvent pas se payer ! On verra dès janvier quelle direction va prendre ce 2e mandat d’Obama avec la solution qui sera choisie face au précipice fiscal. Mais ce que l’on peut d’ores et déjà prévoir, c’est qu’il utilisera ses pouvoirs réglementaires pour permettre aux États-Unis de rester dans la course à l’économie du 21e siècle : celle d’une économie décarbonisée (voir par exemple le programme PEIS). Ne serait-ce que pour cela, c’était important qu’il soit réélu.

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