Au Québec le nouveau gouvernement a été assez clair. Par la voix de la nouvelle ministre du MRN, Martine Ouellet, on sait qu’un moratoire complet sur l’exploration pratiquée par l’industrie sera maintenant effectif. La ministre a rappelé qu’elle remet en cause les travaux du comité de l’Évaluation environnementale stratégique et qu’elle préfère plutôt confier au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) un mandat en ce sens, précisant néanmoins qu’une évaluation environnementale s’impose sur les gaz de schiste, pour documenter cette question.
Le mouvement social opposé aux gaz de schiste est aussi très actif. Ils ont obtenu qu’une trentaine de municipalités du Québec (faisant partie du Regroupement interrégional sur le gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent) aient mis en place un règlement encadrant sévèrement la fracturation du schiste pour la protection de l’eau. Le règlement consiste à interdire l’introduction dans le sol de toute substance qui pourrait nuire à la qualité de l’eau, et ce, dans un rayon de 2 km des puits de résidence, de 6 km d’un puits municipal et de 10 km d’une prise d’eau de surface d’une ville. Un deuxième volet du règlement impose l’obtention d’un permis pour les promoteurs qui voudraient introduire des produits dans le sol en dehors de ces zones. Des frais de 1000 $ sont exigés pour la demande, et une garantie de 500 000 $ doit être fournie dans le but de compenser les dégâts potentiels pour l’environnement. La liste des produits utilisés doit aussi être déposée de façon confidentielle et serait étudiée si une situation d’urgence survenait.
Une victoire importante a été obtenu par le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) et l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) qui ont rendu publique la liste des produits chimiques utilisés par la compagnie Talisman lors de ses opérations de fracturation effectuées au Québec de 2008 à 2010. Même si ces informations sont incomplètes, elles fournissent des renseignements sur la composition des fluides de fracturation, les fiches signalétiques des additifs utilisés dans ces fluides ainsi que les certificats d’analyse des eaux de fracturation remontées à la surface (est-ce la raison pour laquelle ils ont décidé de plier bagages?). Selon l’AQLPA, plus de 50% de ces produits chimiques demeurent enfouis dans le sol et risquent fortement de contaminer les nappes phréatiques. On peut consulter ces documents sur les liens suivants : Composition du fluide de fracturation – Confection et gestion du fluide de fracturation
Dans le reste du Canada l’exploitation des gaz de schiste ne mobilise pas autant les populations concernées. Il est vrai que les champs d’exploitation ne sont pas situés dans des zones urbanisées comme c’est le cas des zones d’exploration au Québec. Néanmoins, la Fondation Suzuki a identifié, au cours des dernières années, un minimum de 38 tremblements de terre au Nord-Est de la Colombie-Britannique vraisemblablement causés par la méthode de fracturation (selon un rapport de la Commission du pétrole et du gaz de la Colombie-Britannique). Au Nouveau-Brunswick, deux rapports ont récemment été dévoilés sur l’industrie des gaz de schiste dans la province. Dans l’un (du biologiste de l’Université de Moncton, Louis LaPierre), on propose de donner le feu vert à l’exploitation de la ressource sur trois sites expérimentaux. Dans l’autre, la responsable provinciale de la santé publique, la Dre Eilish Cleary, déclare que les infrastructures et les lois néo-brunswickoises ne permettent pas d’assurer que la santé publique soit protégée en cas d’essor de la filière énergétique du gaz de schiste dans la province. C’est à suivre.
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