L’auteur invité est Jean-Robert Sansfaçon, éditorialiste au Devoir.
Depuis que le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a publié sa Mise à jour économique automnale, certains demandent à Québec de repousser à son tour l’échéance du retour à l’équilibre budgétaire. Un choix risqué auquel le gouvernement Marois devrait s’abstenir de succomber.
Dans la Mise à jour des projections économiques et budgétaires rendue publique mardi, le ministre Jim Flaherty avoue à mots couverts qu’Ottawa ratera la cible budgétaire de fin d’année par une marge importante de 7 milliards en regard de sa prévision d’il y a seulement huit mois.
À cause de ce contretemps, dû à la croissance plus faible que prévu, Ottawa ne prévoit pas revenir à l’équilibre avant 2015-2016, soit deux années plus tard que Stephen Harper s’y était engagé en campagne électorale.
Ce retard porte peu à conséquences puisque le déficit continue de diminuer et qu’il importe surtout d’éviter de précipiter le pays en récession en pesant trop lourdement sur le frein des dépenses.
N’oublions pas que le gouvernement Harper est aussi responsable de son malheur en s’étant privé de plusieurs milliards de revenus de la TPS et d’impôts sur les profits des entreprises. Comme le chef du NPD, Thomas Mulcair, le faisait remarquer, les entreprises ont payé l’an dernier le même montant d’impôts que six ans plus tôt, soit 31,7 milliards, alors que les particuliers ont vu leur fardeau grimper de 103,7 à 119,3 milliards, une hausse de 15 %.
Au Québec, certains voudraient que le gouvernement Marois retarde aussi le moment de revenir à l’équilibre budgétaire pour ne pas nuire à la croissance ni affecter la qualité des services publics. Même si nous avons déjà suggéré la même chose au gouvernement précédent, nous croyons qu’un tel report aurait aujourd’hui des conséquences plus graves à moyen terme sur l’offre de services publics que les efforts requis dans l’immédiat pour respecter l’engagement pris à l’unanimité par les trois principaux partis à l’Assemblée nationale.
Par rapport à son PIB, le Québec supporte déjà la plus importante dette au pays. Compte tenu des investissements requis pour poursuivre la réfection des infrastructures auxquels s’ajoutent, cette année, 1,3 milliard de perte exceptionnelle due à la fermeture de Gentilly-2 et 1,5 milliard de déficit de fonctionnement, maintenir le cap sur le déficit nul devient un objectif important pour établir la crédibilité de ce gouvernement minoritaire. D’autant plus important que les revenus de l’année en cours et ceux de l’an prochain incluent une compensation fédérale de 2 milliards pour l’harmonisation des taxes de vente qui ne reviendra pas.
Afin de préserver leur capacité de faire face à la montée vertigineuse du coût des services directs aux citoyens au cours des prochaines années, Québec et les provinces qui n’ont plus aucune marge de manoeuvre du côté des recettes fiscales doivent concentrer leurs efforts sur la gestion des programmes et les investissements productifs, en exigeant du fédéral qu’il fasse de la stabilisation de l’économie sa grande priorité.
Par la création d’un ambitieux programme d’infrastructures d’un océan à l’autre, le maintien des transferts aux provinces et aux particuliers et le recours actif aux politiques fiscales et monétaires dont il détient l’essentiel des outils, Ottawa doit cesser d’être un intervenant passif et assumer pleinement les responsabilités qui lui reviennent dans cette fédération.
Pour lire le texte original, on va sur le site du quotidien Le Devoir.
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