Le Fonds Solidarité Sud tient cet automne une série de rencontres régionales autour de deux projets de solidarité avec des partenaires du Sud, un en Amérique centrale et un autre en Afrique de l’Ouest. Dans le premier cas, il s’agit d’un projet de consolidation d’une coopérative de jeunes et de femmes dans une communauté forestière du Honduras avec SOCODEVI comme partenaire et dans le second d’un projet de soutien à une organisation paysanne au Sénégal avec UPA-DI.

Le Fonds Solidarité Sud tiendra donc quatre (4) rencontres régionales : une à Québec, une à Sherbrooke, une dans l’Outaouais et une au Saguenay. « Le scénario principal de ces rencontres qui se veulent conviviales est de parler de deux ou trois choses soit : 1) le soutien à des projets de développement communautaire en Amérique centrale et en Afrique de l’Ouest ; 2) la contribution du Fonds Solidarité Sud comme outil financier; 3) les pistes de sortie de crise du financement public des organisations de coopération internationale (OCI) frappées de plein fouet par les coupures de l’ACDI » de dire une des organisatrices de cette tournée, Lucie Fréchette de l’Université du Québec en Outaouais et membre de l’exécutif du Fonds.

« Notre Fonds, comme dispositif financier de moyen terme, est plus que jamais pertinent dans le contexte actuel de forte crise du financement public de la coopération internationale de proximité » d’affirmer avec conviction l’organisateur de la rencontre de l’Estrie et membre de la direction du Fonds, Ernesto Molina, chercheur et enseignant à l’Université de Sherbrooke. Et Colette Fournier, directrice du Service de coopération et de développement international du CEGEP de Jonquière, organisatrice de celle du Saguenay, d’ajouter que « ce type d’outil financier est indispensable pour assurer plus d’indépendance d’action aux OCI et un travail avec des partenaires du Sud qui soit solidement inscrit dans la durée ».

Quelle est l’origine de ce Fonds ? Il est né à l’initiative de personnes déjà engagées dans la coopération internationale mais qui percevaient la fragilité économique (concurrence plus grande avec des OCI confessionnelles comme Vision mondiale) et politique (faible marge de manoeuvre) de la coopération de proximité des OCI du Québec. En provenance de différentes régions du Québec et de différents réseaux professionnels (professeurs de cégeps et d’universités, professionnels de la santé, travailleurs sociaux, infirmières, organisateurs communautaires, syndicalistes, etc.), le Fonds Solidarité Sud a été créé fin 2007. Dit autrement, le Fonds Solidarité Sud est un réseau de personnes en provenance du monde culturel, du monde syndical, du monde coopératif, du monde agricole, du monde de l’enseignement et du monde de la coopération internationale qui mettent de l’avant une nouvelle forme de financement de la solidarité internationale : un fonds de dotation.

En fait, dit le site de l’organisation, « les fonds de dotation ont des finalités sociales qui varient: philanthropie, aide humanitaire, coopération technique ou solidarité internationale ». Or pour nous, « c’est le changement social, c’est-à-dire la justice économique, sociale et écologique, tant à l’échelle locale qu’à celui de la planète qui nous anime et en priorité la solidarité internationale entre communautés et mouvements sociaux du Nord et du Sud » dira l’animateur de l’événement à Québec, Michel Desrosiers, organisateur communautaire dans un CSSS de la région de Québec et ex-coopérant lui-même.

Un temps associé à une organisation de coopération internationale, le Fonds Solidarité Sud est devenu autonome et s’est incorporé en 2010. Il est également un organisme «de bienfaisance» au sens de la loi fédérale depuis 2012. Il peut donc émettre des reçus d’impôt à ces donateurs. Son objectif premier : le renforcement économique et social de communautés au Sud dans une perspective de solidarité internationale qui se démarque de la coopération technique (l’envoi de coopérants) et du secours d’urgence (l’aide humanitaire).

Grâce aux contributions financières qu’il reçoit, les intérêts générés par ce fonds permettent d’appuyer des projets de partenaires dans les pays du Sud. Le Fonds Solidarité Sud (FSS) est un fonds dédié qui a un programme de dons planifiées (dons par police d’assurance-vie; legs testamentaire; dons d’actions ou d’obligations, dons mensuels, etc.). Il dispose présentement d’un capital différé d’une valeur d’un million $ et des liquidités suffisantes pour démarrer son travail de soutien dès l’an prochain. On peut aller sur leur site en cliquant ici.

Pour donner une idée du travail concret du Fonds dans le Sud, Lucie Fréchette donne l’exemple du travail avec le Honduras : « Le Fonds soutient la coopérative forestière Concepción de Guazucaran Ltda où 15 jeunes et 13 femmes membres de la coopérative récoltent de la résine provenant de 11 900 arbres (pins). La coopérative, actuellement en manque d’équipement pour le travail en forêt, a logé une demande en ce sens à son partenaire québécois SOCODEVI. Nous avons décidé d’apporter notre contribution à ce projet parce qu’il s’inscrit bien dans notre perspective du développement des communautés et parce que notre connaissance de SOCODEVI nous garantit que l’argent va directement à cette coopérative ». Le site de l’organisation mentionne que la vente de leur produit en vrac à la Fédération hondurienne des coopératives agroforestières est déjà planifiée. La coopérative, située dans le village de Guazucaran, est un des 12 villages de la municipalité de Ojojona située à une trentaine de kilomètres de la capitale Tegucigalpa.

Ce qui est aussi intéressant pour nous de dire Ernesto Molina, c’est que « le Fonds Solidarité Sud est partenaire d’une organisation, SOCODEVI, qui anime au Honduras un programme de développement coopératif dans plusieurs communautés du pays pour une durée de 5 ans ». SOCODEVI travaille en effet avec des coopératives forestières en Amérique centrale (Guatemala et Honduras) et au Pérou depuis de nombreuses années. Ernesto Molina fait également noter que « SOCODEVI tout comme notre autre partenaire UPA-DI ont vu leur financement public du gouvernement fédéral coupé des 2/3 dans le premier cas et complètement dans le second à la fin de 2011 ».

Pour ceux et celles qui voudraient participer aux rencontres régionales, après celle du 13 novembre qui a eu lieu à Gatineau dans le cadre d’une rencontre de la Table Outaouais de solidarité internationale (ROSI), ce sera le 26 novembre à Québec, le 29 novembre à Sherbrooke et le 3 décembre à Jonquière. On communique avec la coordonnatrice des rencontres : lucie.frechette@uqo.ca

SOCODEVI : http://www.socodevi.org/fr/
UPA-DI : http://www.upadi-agri.org/
ROSI : http://www4.uqo.ca/ries2001/rosi/