Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Bâtirente en faveur d’une étude d’impact pour la filière de l’uranium
Le fonds de retraite Bâtirente (qui s’adresse aux membres des syndicats affilés à la CSN) se réjouit de l’intention du ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Daniel Breton, de demander au BAPE d’étudier l’ensemble de la filière de l’extraction de l’uranium. Le fonds est d’avis qu’une telle étude permettra aux investisseurs et aux autres acteurs de l’industrie de mieux comprendre les risques environnementaux et sociaux qui y sont associés et promoteurs de mieux chercher à obtenir le « consentement, libre, préalable et éclairé » des parties prenantes locales envers leurs projets d’exploitation d’uranium. Bâtirente est depuis longtemps actif au sein de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI).
Des Églises contre Wall Street
Des communautés religieuses de l’État du Massachussetts se sont mobilisées, en octobre, contre un « unjust financial system that disproportionately affects the poor ». En collaboration avec des militants du mouvement Occupy Boston, les prêtres et évêques de ces églises chrétiennes s’opposent aux saisies de logements par des banques étatsuniennes qui utilisent des mécanismes quasi-frauduleux (en référence au scandale des robo-signeurs). Ces églises ont initié une campagne appelant au retrait d’actifs des banques vers les credit unions locales, vers des institutions financières qui répondent à leurs valeurs. La Bank of America était parmi les institutions visées. Un mouvement semblable avait initié l’an passé en Californie à l’appel de LA Voice, qui avait rassemblé des communautés chrétiennes et musulmanes.
Le comportement suicidaire de la finance
Il y a la finance socialement responsable, dont j’essaie de faire connaître les bons coups dans ces billets de veille. Malheureusement, il y a aussi la finance irresponsable, qui est beaucoup plus omniprésente et qui a des impacts catastrophiques. Il faut aller lire le billet de Paul Jorion intitulé « Le comportement suicidaire de la finance ». À partir de trois exemples de pratiques de nuisance de l’industrie de la finance, couronnées de succès selon lui, il en arrive à la conclusion suivante : « la finance bénéficie d’un accès aisé à l’argent et utilise celui dont elle dispose pour empêcher qu’on ne la réglemente, même si les mesures envisagées visent, comme dans les cas évoqués, à empêcher la reproduction d’événements susceptibles d’entraîner… son effondrement total ». Une logique suicidaire ? À lire.
La FSR en croissance en Europe
La finance responsable serait en forte croissance en Europe selon les données les plus récentes d’Eurosif, le regroupement européen de la finance socialement responsable. Produit à tous les deux ans, le portrait de la FSR dévoilé il y a quelques semaines porte sur les actifs de 2011. Comparé au portrait de 2010 (données de 2009), on y constate que 4 des 7 catégories de la FSR ont connu des taux de croissance de plus de 90%. Pour la première fois, on retrouve la catégorie de l’ « impact investing » (qu’on peut associer à ce que nous appelons la finance solidaire et le capital de développement), estimée à 8,75 milliards d’euros. La catégorie des pratiques d’exclusions reste la plus importante, avec ses 3,8 billions d’euros (mille milliards), suivie de celle des pratiques de tamisage basée sur des normes (2,3 billions). Mais il faut comprendre que ces actifs sont particulièrement gonflés et que leur niveau de ‘responsabilité sociale’ est tout à fait questionnable.
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