Quatre ans après la crise des subprimes, les fondements insoutenables de la finance mondiale spéculative continuent de mettre à mal les facteurs pour la reprise et le développement. L’un de ces facteurs est celui des régimes de retraite. Pour diverses raisons, ces régimes sont en crise. Même si ce n’est pas la seule raison, on peut dire que l’instabilité financière chronique des deux dernières décennies et la crise financière (qui a conduit à des taux d’intérêt et des rendements historiquement très bas dans les dernières années) expliquent en très bonne partie la situation dans laquelle se trouvent nos régimes de retraite.
Dans le billet de Maude Messier sur les régimes de retraite des cols bleus, reproduit sur OikosBlogue, on constate que les travailleurs sont prêts à travailler sur une base partenariale pour trouver des solutions, en particulier pour les régimes à prestations déterminées. Mais le problème va bien au-delà de ces solutions microéconomiques. Pour un régime où on trouve un syndicat capable de négocier des solutions acceptables pour toutes les parties, on en trouve trois autres où l’employeur met en place ou transforme le régime en place en système à cotisations déterminées. Comme nous le montre Darwin dans un billet récent, alors que le nombre de travailleurs couverts par un régime à prestations déterminées (RPD) était relativement stable depuis les 20 dernières années, le nombre de ceux couverts par un régime à cotisations déterminées (RCD) a été multiplié par plus de 3. Or, non seulement la couverture des RCD est médiocre (parce que les risques sont totalement assumés par les travailleurs couverts), mais il est généralement admis que la gestion de ces régimes est très déficiente lorsqu’on la compare aux RPD (là-dessus, voir la note d’intervention de l’IREC).
Les résultats sont assez catastrophiques. En Grande-Bretagne et aux États-Unis, où les systèmes à cotisations déterminées ont été favorisés par les politiques de libéralisation tous azimuts, la situation devient même dramatique pour les travailleurs. Prenons les États-Unis : depuis 1985, on calcule que ce pays aurait perdu 84 350 régimes de pension à prestations déterminées, dans la plupart des cas parce qu’ils auraient été remplacés par un RCD. Alors qu’en 1979 on trouvait 38% des travailleurs du privé à recevoir des paiements de retraite de leur employeur, ils n’étaient plus que 15% en 2010. On comprend donc pourquoi, dans un sondage récent réalisé par la banque étatsunienne Wells Fargo, on trouve 30% des personnes sondées qui planifient retarder leur retraite jusqu’à l’âge de 80 ans !!!! 70% affirment qu’ils travailleront pendant leur retraite parce qu’ils n’auront pas d’autre choix.
Des solutions courageuses et progressistes sont nécessaires, et c’est maintenant aux États de les mettre en place, en partenariat avec les principaux intéressés: les travailleurs et leurs représentants légitimes.
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