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Le samedi 23 avril 2022

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Pour une politique énergétique québécoise : (1) le contexte

Le combat contre les changements climatiques, jusqu’à maintenant, n’est guère encourageant. Du côté droit, nous avons un gouvernement conservateur négationniste, avec un objectif inébranlable de développement tout azimut des énergies fossiles, en particulier à partir des sables bitumineux, qui renie sa signature du Protocole de Kyoto, viole les règles internationales visant à mettre fin aux subventions pour les énergies fossiles et met sa diplomatie au service des lobbys pétroliers ; du côté gauche, un gouvernement québécois minoritaire qui a d’abord pris des mesures audacieuses (un non catégorique au nucléaire et aux gaz de schiste) mais a été par la suite sérieusement amoché par un coup au bas de la ceinture de la part des lobbys patronaux (pétroliers ?), lui faisant perdre le souffle jusqu’à la fin du premier round. Nous partons donc de loin et rien n’est acquis !

La politique votée sous Charest, La stratégie énergétique du Québec 2006-2015, visait d’abord et avant tout à stimuler l’activité économique au Québec grâce au développement de toutes les ressources énergétiques québécoises, y compris les honnis ‘gaz de schiste’. Alors qu’il était dans l’opposition, le PQ avait quant à lui formulé une politique énergétique beaucoup plus conforme aux enjeux actuels : diminuer l’intensité énergétique des consommateurs québécois grâce à l’efficacité énergétique et s’assurer d’une transition énergétique par le biais d’un virage vers une mobilité durable. Le PQ se dit néanmoins ouvert à l’exploitation des ressources pétrolière au Québec, mais de façon respectueuse de l’environnement (il propose même des cibles de réduction de GES plus élevées, à 25%) et au profit de la collectivité. Si les deux premières mesures mentionnées plus haut vont en ce sens, c’est probablement au printemps qu’on devrait avoir les premières indications vers où le gouvernement va choisir d’aller.

Le contexte mondial, il faut l’admettre, contribue cependant à brouiller les cartes. Il faut en effet situer une politique énergétique québécoise dans le cadre des objectifs de la lutte aux changements climatiques et des tendances énergétiques mondiales. Il y a peu de temps, on pensait que non seulement les coûts de production des énergies renouvelables allaient continuer à baisser de façon considérable dans les années à venir, mais que les prix du pétrole continueraient à progresser rapidement. Plusieurs continuent à penser que le pic du pétrole va imposer une hausse continue des prix, mais d’autres, au contraire, signalent à juste titre que les nouvelles technologies qui ont permis l’exploitation des gaz de schistes vont avoir un effet imprévu (à la baisse) sur l’évolution des prix. Aux États-Unis, par exemple, la révolution des gaz de schiste aurait grandement contribué à la reprise du secteur manufacturier grâce à une énergie à bas prix. D’autre part, la crise économique rampante, qui n’en finit plus, restreint la hausse des prix du pétrole et représente un frein aux politiques interventionnistes de transition énergétique. En plus, plomber par des dettes jugées trop élevées par les marchés financiers, les membres de l’UE annoncent les uns après les autres la diminution des aides aux énergies renouvelables, ralentissant ainsi les investissements et la baisse des coûts.

Dans ce contexte, les pressions sont fortes pour que le Québec s’accommode des stratégies continentales des pétrolières qui promettent (???) aux consommateurs de profiter des bas prix du pétrole de l’Ouest, repoussant à plus tard l’urgence d’investir massivement dans les énergies alternatives. Mais cela est d’autant plus alarmant que le Québec est le territoire qui souffre le plus de la « maladie hollandaise » provoquée par l’exploitation des sables bitumineux canadiens, puisque son secteur manufacturier est directement frappée par la hausse du huard, dopé par le développement des hydrocarbures, alors que les retombées économiques de ce développement sont tout à fait marginales pour le Québec.

Dans cette optique, une politique énergétique québécoise devrait faire le choix prioritaire d’accélérer les investissements pour diminuer la consommation des énergies fossiles au Québec. Dans les deux prochains billets de cette série, je vais proposer quelques pistes de réflexions pour une politique énergétique québécoise.

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