La valeur du patrimoine national est un important indicateur de la richesse globale d’une société, car elle témoigne de sa capacité à générer de futurs revenus. Souvent, le patrimoine national d’un pays est considéré comme étant égal à la valeur des biens manufacturés que possède ce dernier, comme par exemple l’infrastructure productifs, les équipements et la machinerie, et les terrains commerciaux, résidentiels et agricoles. Cependant, une vision plus générale du patrimoine national consiste à tenir compte de l’apport important des actifs en ressources naturelles à l’économie et la société.
C’est ce que vient de publier Statistiques Canada dans un article de la revue électronique EnviroStats. Malgré ses très nombreuses et sérieuses limites méthodologiques, les chiffres dévoilés dans cette courte étude nous montrent clairement la formidable rente que les provinces de l’Ouest du Canada et les entreprises pétrolières engrangent en exploitant le capital naturel de cette région, alors qu’elles ne contribuent que très peu aux coûts sociaux et environnementaux que cette exploitation implique.
En 2008, la valeur de certaines ressources naturelles (bois, énergie et minéraux) a augmenté de 45,3 %, pour atteindre 1 723 milliards de dollars (voir le tableau) après un recul de 1,0 % en 2007. Cette somme représentait plus de 22 % du patrimoine total du Canada incluant les ressources naturelles. Parmi ces trois grandes composantes, la valeur des ressources énergétiques a augmenté de 72,5 % et celle des ressources minérales, de 22,2 %, tandis que le bois a accusé une baisse de 3,9 %. L’augmentation de la valeur du pétrole brut, du gaz naturel, du bitume brut, du charbon et de la potasse a compensé la baisse de la valeur du bois et d’un certain nombre de métaux.
En 2008, les actifs énergétiques constituaient plus de 67 % de l’ensemble des actifs en ressources naturelles, pour atteindre 1 162 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de 10 points de pourcentage par rapport à l’année précédente. La valeur du bitume brut (les sables bitumineux) a presque doublé en 2008, ce qui reflète l’accroissement de la production, l’accroissement des réserves et les prix élevés observés pendant la plupart de l’année. À lui seul, le bitume brut représentait plus de la moitié de la valeur de l’ensemble des actifs énergétiques et plus du tiers de la valeur de l’ensemble des actifs en ressources naturelles. Le pétrole brut et le gaz naturel ont également vu leur valeur augmenter considérablement en 2008, de 55,4 % et de 40,2 % respectivement, par rapport aux chiffres de 2007.
Bien sûr que les chiffres de 2009 vont être marqués par un arrêt brusque de cette valorisation du capital énergétique. Mais ce n’est que temporaire. Toutes les analyses indiquent que le prix du baril de pétrole à 100 $ devrait revenir dès 2010.
Ces mesures du patrimoine national ne donnent qu’un seul côté de la médaille, le côté positif calculé en argent sonnant et trébuchant de l’évaluation marchande. Les Albertains en profitent généreusement en ne payant pas de taxes sur la consommation et en ayant le fardeau fiscal le plus bas au pays. Mais le côté sombre de la médaille, c’est que les autres canadiens et les générations futures auront à en payer le prix.
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