L’auteur invité est Nicolas Mesly, collaborateur au Journal Ensemble.
« Les coopératives sont uniques par leur modèle organisationnel et leur ancrage local mais elles sont confrontées à des choix de développement stratégiques », soutient Yves Pelle associé chez PricewaterhouseCoopers (PwC). Elles doivent s’internationaliser, s’allier ou fusionner et étendre leurs champs d’action en amont comme en aval, poursuit le conférencier invité à dévoiler les résultats d’une étude commandée par les organisateurs du Sommet : Cartographie et grands enjeux du monde coopératif agricole à l’échelle mondiale.
Cette étude révèle que les 100 plus importantes coopératives agricoles du monde se situent majoritairement en Europe suivie des Amériques et de l’Océanie. Mais elle relève surtout que les 40 plus grandes coopératives de ce groupe ont une capacité limitée d’autofinancement pour assurer des plans de développement ambitieux. Le chiffre d’affaires de ce top 40 est trois fois moins élevé que celui des entreprises privées, notamment Glencore et Cargill qui ont consolidé leurs opérations à coup d’acquisitions et de fusions entre 2007 et 2011.
« Il faut absolument que les gouvernements incitent les agriculteurs à s’organiser et trouvent des incitations fiscales pour assurer une meilleure capitalisation de leurs coopératives. J’aurais souhaité que ce sommet soit l’occasion de lancer un cri d’alarme sur le défi alimentaire et la transition écologique de l’agriculture. Il n’y a pas mieux que le modèle coopératif pour surmonter ces défis », lance Philippe Mangin, président de Coop de France.
Le financement des coopératives agricoles pose problème parce que le nombre de producteurs agricoles diminue et ne permet plus de réunir les immenses capitaux requis pour leur croissance. « Les coopératives qui ont les reins assez solides peuvent avoir recours à l’endettement. Un certain nombre choisit une ouverture au capital étranger. D’autres abandonnent leur statut coopératif », explique Yves Pelle.
Au Canada, un des cinq greniers à blé du monde, les trois grandes coopératives céréalières nées dans les années 1920 ont disparu du paysage des Prairies canadiennes en moins de 10 ans. « Elles ont choisi de capitaliser leur croissance en finançant leurs activités par l’entremise de la bourse, cela a été fatal », dit Claude Lafleur, chef de la direction à la Coop fédérée. La Sasktachewan Wheat Pool, le Manitoba Pool Elevators et l’Alberta Wheat Pool ont fusionné tour à tour pour muter en 2007 en Viterra, une compagnie à capital-actions listée à la bourse de Toronto. Celle-ci (12 G$ chiffre d’affaires en 2011) détient 45 % des parts de marché de manutention des grains dans l’Ouest canadien. Et elle vient d’être acquise en majorité par la multinationale suisse Glencore au coût de 6,1 G$.
La Coop fédérée est le Dernier des Mohicans dans le paysage coopératif agricole canadien. « Au Québec, nous avons choisi de garder le contrôle sur notre agriculture en finançant notre croissance avec le Mouvement Desjardins et le Fonds de solidarité FTQ au lieu d’aller en bourse », poursuit M. Lafleur. En juin dernier, les deux entités ont donc investi 100 M$ en parts sociales dans la plus grande entreprise et fleuron agroalimentaire du Québec (4,8 G$ chiffre d’affaires).
« Nous allons insister auprès des gouvernements pour obtenir des outils fiscaux afin de permettre une meilleure capitalisation des coopératives agricoles et mieux faire connaître les vertus de notre modèle au monde entier », a indiqué de son côté Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, hôte de ce sommet.
Pour lire le texte original, on va sur le site du Journal Ensemble.
[...] Vient finalement en cinquième lieu, la question de la capitalisation des coopératives: a) fonds nationaux et fonds mondial de développement coopératif; b) commerce mondial entre coopératives; c) nouveaux instruments financiers sont avancés comme autant de nouvelles pistes. C’est déjà le débat dans les coopératives agricoles canadiennes et québécoises: aller en bourse ou capitaliser les coopératives par des moyens qui leur sont propres ? À ce propos, l’article de Nicolas Mesly dans le journal Ensemble arrive à point nommé pour illustrer le choix de la Fédérée par rapport à celui qu’ont fait les coopératives agricoles canadiennes. Ces dernières sont allées en bourse, ce qui leur a été fatale. Tandis que la Fédérée a choisi de se faire financer par Desjardins et le Fonds de solidarité de …. [...]