La CSI rend hommage à toutes les militantes des droits des femmes – À toutes les femmes qui risquent d’être emprisonnées, d’être soumises à des tortures, voire de perdre la vie simplement parce qu’elles défendent les droits des femmes, à toutes les femmes qui s’engagent en faveur d’un salaire décent ou d’un lieu de travail exempt de violence, à toutes les femmes qui font des sacrifices douloureux pour le bien d’une société où les relations entre hommes et femmes sont équitables, à toutes les femmes, la CSI leur dit: merci!

À l’occasion de la Journée internationale de la femme, la CSI rend hommage à toutes les militantes des droits des femmes qui sont en première ligne dans la lutte pour l’égalité des genres, la démocratie, la justice sociale et la consolidation de la paix. Leur courage et leur détermination méritent notre respect et solidarité.

Aux quatre coins du monde, d’innombrables militantes font entendre leur voix, entreprennent des actions et s’organisent tout en organisant d’autres femmes afin de faire de ce monde un endroit meilleur pour toutes les femmes. Elles sont des syndicalistes luttant pour les droits du travail, des mères réclamant une équité entre les sexes pour leurs filles, les épouses et les soeurs menant un combat contre la violence fondée sur le sexe ou des militantes communautaires qui font entendre leur voix pour défendre les terres, l’eau et le logement. En contestant des relations inégales en matière de genre, un grand nombre de ces femmes deviennent la cible de la violence des hommes.

La région arabe est un bon exemple. Le militantisme des femmes avant et après le Printemps arabe a orienté le féminisme vers une nouvelle sphère. De la Tunisie au Yémen et en Égypte, les militantes (qu’elles soient des journalistes, des blogueuses, des politiciennes, des organisatrices communautaires, des dirigeantes syndicales ou simplement des manifestantes) ont la particularité de lier les revendications en matière de droits des femmes à celles relatives à la justice sociale et à la démocratie. Leur refus de se laisser intimider, leur confiance en soi inébranlable et leur détermination à poursuivre la lutte malgré les dangers sont remarquables. Malheureusement, des dizaines d’entre elles ont été torturées, arrêtées, jugées sommairement dans des tribunaux militaires, violées, emprisonnées ou, dans le cas d’Égypte, soumises aux dénommés « tests de virginité » – la toute dernière tactique d’abus sexuel de la part de l’armée contre les femmes participant à des manifestations.

De même, dans l’ancien bloc soviétique, les militantes féministes refusent de considérer les droits des femmes comme une question distincte des droits humains. Bien qu’un grand nombre de leurs revendications concernent l’élimination de l’exploitation sexuelle des femmes, elles ont ciblé leurs protestations contre des dirigeants politiques et des institutions religieuses autocratiques. Plusieurs militantes, célèbres pour leurs protestations les seins nus dans le monde entier, ont été arrêtées, ont reçu des menaces de mort et ont été maltraitées. La sévérité de la peine infligée au groupe Pussy Riot illustre bien la répression.

Le Mexique et l’Amérique centrale représentent une autre région particulièrement dangereuse pour les militantes. La militarisation croissante dans la région coïncide avec une hausse du nombre d’assassinats de militantes défendant les droits des femmes. La dénommée guerre contre la drogue, censée assurer la sécurité à la population, a entraîné, dans de nombreux cas, une augmentation des armes et une diminution de la justice. Il est estimé que plus de 30 militantes des droits des femmes ont été assassinées pour leur militantisme au cours des deux dernières années dans la région et un plus grand nombre encore sont victimes d’arrestations illégales, de traitements cruels et inhumains, de campagnes de diffamation ou de criminalisation. Les femmes syndicalistes qui essaient d’organiser les travailleuses dans les zones franches d’exportation figurent parmi les premières cibles.

En Turquie, neuf femmes syndicalistes de la centrale syndicale nationale KESK ont passé pratiquement un an en détention. Elles ont été libérées récemment en attendant leur procès. Elles ont été accusées de mobiliser leurs membres pour défendre les droits des femmes, dans un pays où le niveau de violence fondée sur le genre est la principale cause de mortalité des femmes âgées entre 15 et 44 ans. Durant la dernière décennie, les crimes sexuels ont augmenté de 400% en Turquie. Les résultats des mesures prises récemment par le gouvernement restent à évaluer.

Enfin, la CSI rend un hommage tout particulier à Malala Yousafza, une fille pakistanaise âgée de 15 ans incroyablement courageuse. Malala a reçu une balle dans la tête en octobre 2012 par un taliban pour avoir défendu sans relâche le droit des filles à l’éducation. Une population de femmes instruites est certainement une menace plus importante pour les talibans que l’armée la mieux entraînée! Malala a survécu à l’attentat, tout comme sa lutte pour l’éducation universelle au Pakistan.

La CSI exhorte la communauté internationale et les autorités nationales à reconnaître la vulnérabilité spécifique des militantes des droits des femmes et à assurer la protection nécessaire et l’espace dont elles ont besoin pour construire une société saine.

La CSI enjoint la 57e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies d’envoyer un message ferme sur la responsabilité du gouvernement d’éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles.