Contre sa volonté, contre ses propres principes que l’on retrouvait davantage dans l’énoncé économique de novembre dernier, le gouvernement conservateur canadien a proposé le 27 janvier un budget libéral à la sauce conservatrice. Face au risque de perdre le pouvoir au profit de la coalition PLC-NPD, le premier ministre Harper a complètement changé sa stratégie. Si, pour notre plus grand malheur, ce gouvernement avait été majoritaire, il aurait plongé l’économie canadienne dans la dépression en imposant sa doctrine politique aveuglément conservatrice d’équilibre budgétaire, en sabrant dans les dépenses publiques, comme l’avait fait le gouvernement républicain aux États-Unis au début des années 1930 et qui avait en bonne partie été responsable de l’aggravation de la crise.
Contre son gré, le gouvernement augmente donc les dépenses publiques et prévoit des déficits budgétaires pour les cinq prochaines années. Selon Marc Lee, du blogue Progressive Economics Forum, les programmes fédéraux de dépenses vont passer de 12,9 % du PIB en 2008-2009, à 14,7 % en 2009-2010, pour rebaisser à 13,1 % lors de l’année budgétaire 2013-2014. Selon Marc Lee, le budget conservateur ressemblerait beaucoup plus au budget alternatif proposé par l’organisation progressiste canadienne du Canadian Centre for Policy Alternatives qu’à la proposition du Fraser Institute, très proche des Conservateurs.
Cependant, ignorant les avis de tous les économistes, qui estiment à juste titre que les baisses d’impôts des ménages sont inefficaces pour relancer une économie frappée par une crise financière majeure, le gouvernement affaibli le programme de relance en y allouant 2 milliards de $ de fonds publics par année dans un but de pur clientélisme politique. Il faut ajouter que si ce gouvernement n’avait pas baissé de 2 points de % la TPS, il aurait eu en ce moment un montant supplémentaire de 4 milliards de $ par année pour des programmes d’infrastructure ou pour aider les centaines de milliers de travailleurs qui perdront leurs emplois. Au contraire, comme l’explique Toby Sanger dans son blogue, plutôt qu’améliorer l’admissibilité des chômeurs à l’Assurance-emploi (quand on sait que seulement 40 % d’entre eux y sont éligibles), le budget ne fait que rallonger de cinq semaines la durée des bénéfices.
Le Québec et l’environnement sont aussi les grands perdants de ce budget. Dans un but de clientélisme, l’Ontario reçoit 2,5 milliards de $ pour relancer son économie, en particulier l’automobile, alors que le Québec reçoit des miettes. Enfin, alors que les États-Unis et l’Europe cherchent à utiliser les investissements de relance pour écologiser davantage l’économie, le budget conservateur prévoit des investissements marginaux à des fins environnementales, comme le soutient Louis-Gilles Francoeur du Devoir.
En définitive, on peu penser que le pire a été éviter; mais ce n’est pas si sûr, peut-être qu’il reste encore à venir!
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