Devant les périls climatiques, les sociétés ont le choix de subir et de réparer les dégâts ou de prendre les devants en s’assurant de mobiliser les moyens qui leur permettront de faire leur part pour limiter ces impacts, sinon pour redresser la situation. Il s’agit là tout aussi bien d’une question éthique que d’un enjeu économique et de qualité de vie. Les choix en faveur d’une économie verte imposent, par contre, d’investir massivement dans le développement des capacités financières, humaines et productives des nouvelles technologies qui permettront de s’engager dans cette reconversion.
Dans une note d’intervention publiée la semaine dernière par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), Gilles L. Bourque et moi avons voulu souligner le choix stratégique prioritaire que devrait représenter le soutien au développement des technologies propres au Québec. Après avoir fait un bref survol de la conjoncture globale du marché, nous présentons dans cette note la situation des technologies propres au Québec, en soulignant en particulier les atouts des créneaux qui sont actifs au Québec ainsi que les impacts que ces entreprises entraînent d’ores et déjà dans l’activité économique québécoise. En guise de conclusion, nous présentons les propositions d’Écotech Québec pour soutenir l’industrie et nous formulons nos propres recommandations pour faire des technologies propres une priorité du gouvernement québécois.
Afin d’évaluer la contribution des entreprises qui développent des technologies propres dans l’économie du Québec, nous avons mené (pour le compte d’Écotech Québec) un sondage en ligne auprès des entreprises de ce secteur. Une cinquantaine d’entreprises ont participé à l’exercice. L’ensemble de ces entreprises avait un chiffre d’affaires d’un peu plus d’un milliard de dollars. Les résultats du sondage ont été utilisés pour faire une étude de retombées économiques. Celle-ci a été réalisée par l’Institut de la Statistique du Québec (ISQ), avec le modèle intersectoriel du Québec. Sur la base de cette étude, nous avons ensuite extrapolé les résultats sur la base d’un chiffre d’affaires global du secteur de 6,4 milliards de dollars. Nous faisons l’hypothèse que la division sectorielle de l’ensemble de l’industrie est semblable à celle de notre échantillon.
Sur la base de ce chiffre d’affaires estimé à 6,4 milliards de dollars, les entreprises situées au Québec qui développent des technologies propres contribuent à la création de 30 385 emplois directs et indirects dans l’économie québécoise. Les dépenses en R&D et en commercialisation représentent respectivement 4,8% et 4,6% du chiffre d’affaires des entreprises. Bien que ces deux catégories de dépenses ne représentent que 9,4% du chiffre d’affaires, une part importante des retombées économiques de ces entreprises leur sont attribuables. Les emplois qui sont liés à ces dépenses représentent 23,6% du total des emplois créés par ces entreprises. Les revenus fiscaux du Québec découlant directement de ces dépenses constituent 18,5% du total, alors que c’est 19,8% dans le cas du gouvernement fédéral. Finalement, les revenus de parafiscalité attribuables à ces deux types de dépenses représentent 16.7 % du total. Les impacts économiques qui sont directement attribuables aux activités de R&D et de commercialisation sont donc très élevés, et disproportionnés par rapport à leur importance en respect du chiffre d’affaires. Ce sont des activités intensives en main-d’œuvre, ce qui explique leur importance pour l’économie.
Le Québec présentant un marché limité pour ces technologies, le développement du secteur repose de façon importante sur la demande internationale. À l’IRÉC, nous pensons que cet appui gouvernemental, prenant la forme d’un crédit d’impôt à la commercialisation, permettrait aux entreprises en technologies propres de devenir des acteurs mondiaux, leur assurant ainsi une possibilité de croissance. Il faudrait par ailleurs que le gouvernement du Québec maximise la pénétration des technologies propres québécoises au sein de notre propre économie en facilitant leur accès aux marchés publics du Québec et du reste du Canada, en particulier par le biais de l’accès privilégié au programme de vitrine technologique.
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